CACH
  • mer, 24/04/2019 - 03:51

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
CACH se cache dans le peuple.

Où est passé CACH? «CACH se cache dans le peuple», nous écrit le journaliste Kenge Mukengeshayi proche de l’UDPS qui dit ce qu’écrit le texte du Soft International que l’auteur attribue à KKM. Ci-après.
Lundi 15 avril, la question s’affichait sur cinq colonnes à la Une, déversant un flot d’adrénaline dans des organismes de Congolais gorgés d’hormones. «Que cache CACH»? Loin de la charade ou du jeu des mots, Le Soft International a réussi à nous plonger en plein dans le mélodrame. Dans ces questions qui pèsent et qui comptent. En l’espèce, KKM n’a évidemment pas d’égal pour anticiper, réveiller, réclamer des réponses quand le destin semble vouloir hésiter. Quand se joue le sort d’une Nation. Quand, après l’euphorie, compréhensible, à la suite des années d’une attente qui n’avait pas l’air de vouloir prendre fin, il a fallu sonner l’hallali, remobiliser les ressources pour des batailles encore plus urgentes, plus décisives...
Des questions existentielles pour une coalition - CACH - qui s’est donnée les ressources nécessaires pour remporter la mère des batailles en gagnant la présidentielle mais qui semblait, tout d’un coup, manquer les moyens de son ambition pour transformer l’essai et tuer le match.
La preuve par ce 15 mars qui a pris les allures d’une Bérézina lorsque le FCC, sans se projeter outre mesure, n’a pas hésité à faire couler par flots, dans les salons matelassés de la Gombe, ce Champagne de diamant au «logo si particulier en forme de S».
La preuve par ce 11 mars qui avait vu l’ex-majorité présidentielle conquérir sans coup férir la majorité des bureaux des Assemblées provinciales en jeu. Avant, le 10 avril, d’aligner fièrement 16 gouvernorats sur les 22 en jeu...

La bourde de la com’.
Que cache CACH? Ou plutôt: Qui cache CACH? Ou, mieux encore, où se cache CACH? La coalition est bouche bée, déplore KKM. Question légitime. D’autant que tout à son euphorie, le FCC ne s’est pas privé d’invectiver rudement le Président de la République, coupable, selon ce regroupement politique, d’avoir annoncé urbi et orbi sa détermination à déboulonner la dictature. Déchaînement des communicants; publication d’un communiqué au vitriol pour faire passer le message selon lequel Fatshi n’avait pas le monopole des valeurs républicaines. Peine perdue: la bourde était consommée. Il n’y avait donc que le FCC à s’offusquer que la guerre soit déclarée contre la dictature? Il n’y avait donc que le FCC pour faire passer maladroitement le message que ses intérêts et ceux de la dictature ne faisaient qu’un… Ou comment un excès de communication peut tuer la communication. Du plus mauvais effet lorsque, au même moment, à Alger et à Khartoum, la preuve était faite une fois de plus, par la rue, qu’aucune majorité parlementaire ne peut tenir lorsque les peuples se reprennent à rêver de leurs printemps souvent reportés.
Il reste que «la formule mathématique» n’a rien à voir avec les foules, théorise encore KKM dans cet excellent texte, très sentencieux, se gardant toutefois d’exonérer CACH de ses péchés de jeunesse. Le FCC comprend néanmoins qu’il aurait tort de pousser le bouchon trop loin, de provoquer, justement, cette foule qui a organisé sa répétition générale le 15 mars lorsque, dans plusieurs villes et provinces du pays, une vendetta a été organisée contre les prétendus corrompus et leurs corrupteurs. Jusqu’au moment où Fatshi avait lancé son «Je vous ai compris» en décidant de suspendre l’installation de la Chambre haute, le Sénat.
Personne n’est pour autant dupe: les frustrations sont réelles. Il suffirait d’une autre bourde, d’une provocation de trop pour que la marée déferle pour imposer la régénération de l’espace politique congolais où beaucoup - on le sait - ne sont plus «désirés».
Ceci explique le déchaînement soudain des sourires au sein du FCC. L’ex-majorité présidentielle a compris. Un: qu’elle n’a plus rien à proposer qui puisse intéresser les Congolais. Deux: Fatshi reste pour le FCC l’unique voie de se fondre dans la mass; le FCC a donc a intérêt à faire profil bas. Trois: Le déferlement des forces sociales à même de déborder Fatshi lui-même n’est pas qu’une simple figure de style.
Après la puissante Amérique et son establishment, l’église catholique a décidé d’aller à la messe, même sans confession. Le Cardinal Laurent Monsengwo lui-même en a pris acte le dimanche de Pâques à la Cathédrale Notre Dame du Congo en appréciant le geste du Président de la République venu prier avec les Catholiques et faire une action de grâce depuis son avènement à la tête du pays. Le Cardinal a, dans la foulée, prié Dieu afin que le mandat de Fatshi soit bénéfique pour le peuple de Dieu.
Pendant ce temps, Lamuka continue de se réduire comme peau de chagrin quand Moïse Katumbi, retrouvant tout d’un coup sa liberté, ne jure plus que par sa collaboration avec son «frère Félix», laissant l’éCIDE du «soldat du peuple» disserter sur des formules aussi inédites que la réorganisation des élections et le recomptage des voix, quand le MLC de Jean Pierre Bemba Gombo rêve de plus en plus, de son côté, d’occuper le siège vacant de chef de file de l’opposition. Une nouvelle dynamique est en marche. En attendant, Fatshi est ce Président qui ne se «cache» pas dans sa tour d’ivoire. Au contraire, il va au-devant des foules, serre les mains, écoute les gens, accourt là où il y a problème, réussit un lancer-franc au milieu d’une jeunesse exubérante et conquise. Il découle de ce processus un constat implacable: la majorité n’est plus FCC. Elle est plutôt FCC-CACH, mais surtout, elle est populaire. Les plus malins espèrent évidemment tirer leur épingle du jeu et faire passer l’orage. Mais plusieurs espaces de liberté ont déjà été conquis par un peuple qui reste vigilant et qui le proclame désormais à haute et intelligible voix. La marche en arrière n’est plus possible.
JEAN KENGE
MUKENGESHAYI.


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