Aimé Boji sur les chemins de Vital Kamerhe
Sauf grosse surprise, c’est certainement lui qui va succéder sous peu à Vital Kamerhe Lwa Kanyiginyi Nkingi.

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
LE SOFT INTERNATIONAL N°1647 | VENDREDI 24 octobre 2025.
C’est fait. Mieux c'est presque fait. Aimé Boji Sangara Bamanyirue est le prochain président de l'Assemblée nationale du Congo. Ce marteau très convoité aussi bien dans la grande salle des plénières du Palais du peuple, le siège du parlement congolais, comme à l'extérieur de celle-ci, ira bien à l'élu de la circonscription électorale de Walungu, province du Sud, dont est aussi originaire comme Vital Kamerhe Lwa Kanyiginyi Nkingi, celui-ci élu de Bukavu.

Aimé Boji Sangara Bamanyirue est aussi membre de l’Union pour la Nation Congolaise, UNC, le parti de Vital Kamerhe, mais également très proche du président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo qui l'a nommé, dès sa prise de fonction, ministre d'État en charge du Budget de 2021 à 2025, puis ministre de l'Industrie en août dernier. Frère - de père et de mère - de la première épouse de Kamerhe, Aimé Boji Sangara Bamanyirue dont les liens se sont affaiblis avec le président de l'UNC, a présenté lundi 20 septembre sa démission du gouvernement - démission acceptée - afin qu'elle l'aide à retrouver son siège dans les travées de la chambre parlementaire et de monter la marche de la présidence de l'une des chambres les plus importantes du pays.

POSTE CONVOITÉ.
Déjà le fait que sa démission ait été acceptée par Mme la première ministre, Judith Suminwa Tuluka, montre qu'il s'agit bien d'une candidature portée par le Chef de l'Union Sacrée de la Nation, la majorité présidentielle au pouvoir, qu'est le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Plusieurs candidats avaient exprimé leur volonté de succéder à Kamerhe au perchoir dont le président a.i de l'Assemblée nationale, le professeur Isaac Jean Claude Tshilumbayi Musawu élu sur les listes de l'UDPS dans le Kasaï Oriental mais aussi l'ancien secrétaire général de l’UNC, ancien ministre du Budget Jean-Baudouin Mayo Mambeke, issu de la province de Maï-Ndombe, espace Grand Bandundu.
Le calendrier de campagne était en instance d'être adopté et publié par la plénière de l'Assemblée nationale.
Aimé Boji Sangara Bamanyirue est né le 8 janvier 1968 à Kabare, au Sud-Kivu. Fils d'un ancien gouverneur Boji Dieudonné, il obtient son diplôme d’État en mathématiques et physique en 1987 à Bukavu. En 1988, il entame ses études supérieures en Relations internationales à l’université de Lubumbashi, UNILU mais les interrompt deux ans après, à la suite du massacre des étudiants intervenu sur ce Campus Universitaire en 1990. Soupçonné d’être l’un des instigateurs de manifestations des étudiants, il traverse la frontière zambienne où il s’exile avec quelques-uns de ses camarades, tous recherchés par les services de sécurité de Mobutu, avant de se retrouver à Oxford en Grande-Bretagne quelques mois plus tard en août.
Après une année d’apprentissage de la langue anglaise, il s’inscrit en 1991 à Oxford-Brookes University, en économie, administration des affaires et management où il décroche un diplôme de Bachelier en 1994. Il obtient un diplôme d’études supérieures en migrations Forcées à l’International Development Center, Queen Elizabeth House, Université d’Oxford.
En 1996, il décroche un diplôme de master en économie de développement au centre de développement économique, de l'université d'East Anglia toujours en Grande-Bretagne.
Il est coordonnateur des projets à Africa Centre, à Londres, puis Directeur des relations publiques au Royal Commonwealth Society jusqu’en décembre 2005. Un parcours qui lui ouvre un agenda très riche dans plusieurs pays membres du Commonwealth, où il participe à plusieurs sommets des Chefs d’États et réunions des ministres. Il profite de ses entrées dans les milieux britanniques et au Commonwealth pour appuyer les actions et efforts de l'ambassade du Congo à Londres pour la sensibilisation des milieux politiques britanniques sur les conflits et l'insécurité dans les Kivu. En 2002, une année après l’instauration du Gouvernement de transition, avec l’ambassadeur du Congo à Londres, il conduit une grande délégation des parlementaires britanniques à Kinshasa venus évaluer le processus de la transition politique en perspective des élections de 2004.
En 2005, il démissionne de ses fonctions au Royaume-Uni, regagne le pays, prend part au premier Congrès du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, PPRD, au titre de conseiller de Kamerhe, alors secrétaire général du PPRD.
En septembre 2019, il est secrétaire général a.i de l’UNC à la suite de l’arrestation de Kamerhe. Au lendemain de cette arrestation, le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo reçoit des membres de la direction de l'UNC puis, des femmes de ce parti. La veille du verdict du procès, Aimé Boji Sangara Bamanyirue, tient, devant des médias, ces paroles : « La coalition CACH se porte très bien. La mission classique reconnue à tout parti politique a toujours été la conquête du pouvoir, son exercice et sa conservation le plus longtemps possible et de façon la plus démocratique. Désormais, l’UNC se donne cette mission de conserver, le plus longtemps possible, le pouvoir acquis avec le concours de ses partenaires de CACH. Si l’étape de la conquête a été parsemée d’embûches, celle de la conservation et de l’exercice ne l’est pas moins. J’en appelle au sens de responsabilité de chacun de nous...».
D. DADEI.