Pour le Congo, Félix Tshisekedi parcourt les continents
  • lun, 17/11/2025 - 09:22

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
LE SOFT INTERNATIONAL N°1648 | VENDREDI 14 NOVEMBRE 2025.
Sans avoir été dans sa délégation mais à en croire les médias, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a, en une dizaine de jours, parcouru quatre continents. L'Afrique d'où il était parti depuis Kinshasa, l'Europe, Bruxelles et Paris, l'Afrique, Le Caire, l'Asie, Doha au Qatar, l'Amérique, Bélem au Brésil.

L’opposition reprendra le discours longtemps développé. « Tshisekedi raffole des voyages ».
Plus grave : « Des voyages qui ne rapportent rien ». Cela est-il crédible aujourd'hui auprès des personnes raisonnables ?
Certes, les calculs peuvent être faits/ils le seront faits par l'Histoire (Combien a-t-on dépensé ? Combien cela a rapporté au pays ?) Encore faut-il disposer de justes chiffres...
Mais les chiffres existent-ils en politique ? Et même s'ils existaient, quel sens auraient-ils ? Encore faut-il se demander à quel moment peuvent-ils être pris en compte dès lors qu'il s'agit d'un investissement dont le retour sur investissement dépend de mille facteurs.
Mais les signes perçus désormais n'en disent-ils pas plus ? Qui aurait pu imaginer, il y a peu, que le président israélien Isaac Herzog viendrait fouler le sol congolais et être accueilli à Kinshasa par le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ? Même si Isaac Herzog n'est pas Benyamin Netanyahou, le tout puissant premier ministre israélien accueilli à tout moment à la Maison blanche, dans le bureau ovale, quel média à l'international n'a pas parlé de cette visite ?
Et comme cela ne saurait s'arrêter en si bon chemin, voilà que l'on annonce l'arrivée à Kinshasa de l'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani.
Faut-il parler du IXème sommet de la CIRGL qui se tient à Kinshasa, le 15 novembre 2025, et porte le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo à la présidence tournante de l'organisation des Grands Lacs ?
Un ballet diplomatique à la une des médias du monde, que toutes les puissances planétaires suivent et qui fait parler le Congo. Nul doute, le Congo est de retour. S'il visite autant de pays et parcourt autant de continents, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ne le fait-il pas pour son pays?

SENS DES VISITES.
Certes, on pourrait s'interroger sur le sens qu'ont ces visites. Fallait-il ne pas se rendre à Paris, le 30 octobre 2025, où, aux côtés du Togo, médiateur mandaté par l’Union africaine dans le conflit des Grands Lacs, et en étroite coordination avec les États-Unis d’Amérique, le Qatar et l’Union africaine, le sujet était le Congo ?
Fallait-il ne pas faire le voyage du Caire, début novembre, et ne pas prendre part à un événement culturel planétaire - l’inauguration du Grand Musée d’Égypte, GÉM - qui a rassemblé plusieurs dirigeants du monde et a donné l'occasion à des rencontres bilatérales ?
Fallait-il ne pas faire le voyage de Bélem où, avec la COP30, se discutait l'avenir de la Terre - et donc de l'Humanité le Congo est, avec le Brésil, deux « pays solution » ?
C'est au Brésil, au terme d'un séjour de 48 heures à Belém, ville de l'estuaire des fleuves Tocantins et Pará, et la capitale de l'État du Pará, que le président congolais, face à la communauté congolaise de Brésil, a fait la grande annonce, en surprenant ses compatriotes.
« Je suis heureux de vous annoncer que les pourparlers dont il est question à Washington et à Doha arrivent à leur terme. Dans les prochains jours, la Maison Blanche va nous adresser officiellement une invitation à clôturer ce processus de l’accord de paix. Mais attention, nous ne sommes pas naïfs. Ce n’est pas nous qui avons provoqué cette guerre. Beaucoup de pays voisins profitaient de notre pays et de notre économie. Nous nous sommes battus pour mettre fin à cela. Nous sommes à la fin. Nous sommes sur le point de cueillir le fruit de la paix, le fruit d’une paix durable en RDC », a déclaré le Président de la République.
Une annonce qui n'aurait pas réjoui le maître du Rwanda, qui a estimé en kinyarwanda que son ministre des Affaires étrangères Olivier Jean Patrick Nduhungirehe avait été mis sous pression de parapher ce texte.
Il s'agit d'un texte portant sur le Cadre d’intégration économique régionale, REIF, une résolution prévue par l'Accord de Washington, préalable à la fin de la guerre dans l’est, région riche en ressources naturelles, théâtre de conflits armés depuis trois décennies.
Kinshasa et Kigali avaient conclu un accord de paix fin juin à Washington, et les dirigeants congolais et les rebelles du M23 avaient signé en juillet à Doha une déclaration de principe en faveur d'un « cessez-le-feu permanent », qui n'a, toutefois, pas suffi à faire taire les armes. L'armée congolaise FARDC et le M23 s'accusent mutuellement de violer le cessez-le-feu.
Au mois d'octobre, le Congo avait refusé de signer l'accord économique régional avec le Rwanda, prévu pour établir un cadre économique dans un délai de 90 jours.

ACCORD CONCLU.
C'est dans ce contexte du 8 novembre que les deux pays ont reconnu le manque de progrès et «se sont engagés à redoubler d'efforts pour mettre en œuvre l'accord de paix de Washington », selon un communiqué conjoint publié par le département d'État.
D'après cette déclaration commune, les deux parties «se sont mises d'accord sur des mesures spécifiques à court terme » concernant des éléments clés de l'accord, notamment la demande du Rwanda que son voisin neutralise les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé fondé par d'anciens responsables hutu rwandais du génocide des Tutsi de 1994.
L’acte posé à Washington est intervenu à l'issue de la quatrième réunion du Comité conjoint de supervision de l’accord et l'a été en présence de représentants des États-Unis, du Qatar, du Togo, et de la Commission de l’Union africaine.
Le texte, paraphé sous la supervision de la sous-secrétaire d’État américaine Allison Hooker et du conseiller spécial Massad Boulos de Donal Trump, « définit les domaines clés pour renforcer la coopération et le développement économiques entre les deux nations, démontrant les avantages tangibles de la paix et créant des opportunités d’investissement et de croissance profitant directement aux populations», écrit un communiqué du ministre rwandais des Affaires étrangères et un autre du ministre congolais de la Communication.
Un cadre économique qui s’inscrit dans la logique du rapprochement politique entamé à Washington en juin, après trois ans de méfiance et de crises liées à la résurgence de la rébellion du M23/AFC, qui a pris le contrôle de plusieurs territoires et de deux importantes villes de l’est congolais depuis deux ans.
Le texte vise à favoriser une prospérité partagée, mais sa mise en œuvre demeure conditionnée à l’application satisfaisante du Concept d’opérations (CONOPS) et de l’Ordre opérationnel (OPORD) prévus dans l’accord de paix, selon les mêmes communiqués consultés par l’agence Anadolu.
Ces mécanismes prévoient notamment la neutralisation du groupe armé rwandais FDLR et le retrait progressif des troupes étrangères, notamment rwandaises, du territoire congolais.
Le Comité a reconnu des « progrès insuffisants » sur le terrain, tout en convenant d’actions urgentes, notamment la coordination des opérations conjointes et la poursuite du dialogue sous médiation qatarie.
Le processus de Doha, axé sur la consolidation du cessez-le-feu et la libération des prisonniers, reste selon les médiateurs un « pilier essentiel du règlement global ».
Les deux pays se sont engagés à maintenir l’élan du processus de paix et à éviter toute rhétorique hostile, y compris dans les forums internationaux. Le Comité a salué le rôle du Qatar, des États-Unis, du Togo et de l’Union africaine, garants du processus.
Pense-t-on que ces résultats seraient arrivés par hasard sans ces multiples voyages ? L'Ukraine dont le pays est en guerre, ne voit-elle pas son président Volodymyr Zelensky aller d'un pays à l'autre pour la cause de l'Ukraine ?
D. DADEI.


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