- lun, 17/11/2025 - 09:47
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
LE SOFT INTERNATIONAL N°1648 | VENDREDI 14 NOVEMBRE 2025.
Kisangani, chef-lieu de la Tshopo, a abrité le week-end dernier une retraite de réflexion de la Banque Centrale du Congo, BCC, dont des directeurs conduits par le gouverneur de la Banque Centrale du Congo, André Wameso Nkualoloki alias Lolo, avaient mission de procéder à l’élaboration d'un plan stratégique de cette institution bancaire pour la période allant de 2026 à 2031.
Le gouverneur de la BCC et ses collaborateurs avaient effectué, vendredi 7 novembre, le voyage de Kisangani dans le cadre d'« une retraite de réflexion d'un plan stratégique de la Banque Centrale ; (ils devaient aussi) faire un état des lieux, analyser la situation de l’institution, et définir le plan stratégique qui doit permettre à la Banque Centrale de se développer et de remplir ses missions constitutionnelles et régaliennes», avait déclaré le gouverneur de la Banque Centrale du Congo, à son atterrissage à l'aéroport de Bangboka.
Les délégués de la Banque Centrale espéraient que les conclusions de cette retraite stratégique allaient permettre d'aller à la modernisation du fonctionnement de la BCC en vue de répondre aux besoins économiques du pays.
QUAND LES CHATS SE RÉVEILLENT.
« Restons attachés à notre Banque. En attendant les conclusions de la retraite stratégique, mettons-nous tous au travail avec détermination, pour relever les défis qui sont les nôtres : assurer la stabilité monétaire, la stabilité des prix et la stabilité financière, et faire de la Banque centrale un véritable moteur de croissance économique et de prospérité pour notre nation et pour notre population », avait déclaré le Gouverneur André Wameso Nkualoloki lundi 10 novembre à la clôture de cette retraite. Lors de cette allocution, le gouverneur a appelé ses agents à faire de la Banque Centrale du Congo « un moteur de croissance économique et de prospérité ».
Une réflexion qui tombait à point alors que le débat faisait rage dans le pays sur une décision du gouverneur d'injecter des millions de $US (dollar américain) sur le marché de change en vue de faire apprécier le franc congolais, CDF, face aux devises étrangères, le $US principalement.
Après la valorisation du CDF, le gouverneur s'était attribué, devant des médias, ce succès sauf que les prix sur le marché n'ont pas suivi. Bien au contraire !
D'où l'inquiétude des autorités du pays et la tenue d'une réunion gouvernementale autour du président de la République.
N’aurait-il pas dû éventuellement, si la situation l’avait tant exigé et s'il avait à faire passer un message, recourir à un communiqué de presse dont chaque mot et chaque phrase auraient été tournés et retournés, pesés et soupesés ?
Ouvrir la bouche n'est-ce pas réveiller le chat qui dort ? L’argent n’aime pas le bruit, dit-on. Si succès financier il y a, la vie recommande discrétion et silence (« vivons heureux, vivons cachés ») plutôt qu'ostentation ou chaos qui expose à des périls.
Et voilà les périls quand les chats se réveillent et de partout. D'avoir revendiqué aussi publiquement et aussi brutalement à lui et à lui seul sa «victoire» du CDF sur le $US en éloignant d'autres intervenants, le ministère du Budget à l’origine des opérations financières de l’État, celui de l'Économie qui fait le contrôle des prix sur le marché des produits de consommation sur base des mercuriales et des textes concernant les marges, celui des Finances qui assure la tutelle des régies financières, ne faut-il pas y voir un message délivré et qui lui vaut une riposte jamais observée à ce jour dans le pays ? Si l'on sait que le ministère des Finances est celui qui ordonne les paiements tantôt en devises tantôt en CDF en fonction de sa trésorerie et la BCC effectue les paiements ordonnancés et quand la trésorerie est au bas niveau, le ministère des Finances recourt au financement de la BCC ou au marché financier à travers les bons et obligations du Trésor et que si c'est la BCC qui le fait, le risque d’instabilité de la monnaie et des prix s’agrandit - la BCC devant utiliser par ailleurs tous ses instruments de politique monétaire pour réduire et maîtriser le risque - n'y a-t-il pas la les causes profondes de la panique observée sur le marché ?
Voilà que les chats réveillés recourent à tout. Alain St Pierre Mwamba de poster un texte : « André Wameso c'est le nouveau Constant Mutamba. Une gestion fondée à 100% sur le populisme. Trop de communication pour des résultats illusoires. Contrairement à Mutamba, Wameso provoque des dégâts à une vitesse incroyable. Faire perdre près de 40% du pouvoir d'achat aux Congolais en moins d'un mois même Mobutu n'avait pas osé.
On n'est pas loin du crime économique dont les conséquences sociales, politiques et sécuritaires ne vont pas tarder à se faire sentir ».
On y va jusqu'à la confusion sinon à la manipulation. Cas d'une note datée du 16 octobre 2025 signée par la vice-ministre des Finances Grâce Yamba Kazadi (réf. n°056/CAB/MIN.FIN/COSEFI/2025 portant adjudication obligations du Trésor en $US pour 50 millions de $US (9% l'an de taux d'intérêt, durée 1 an et 6 mois) quand cela ne surprend aucun habitué, et qu'il s'agit d'une pratique qui se fait chaque mois sur le marché et de très loin en $US qu’en CDF.
Les experts auraient oublié qu'au Congo 90 % des dépôts en banque sont en $US (12 à 14 milliards) et 1.2 à 1.4 milliard en CDF ?
Les chats échaudés qui craignent l'eau froide prennent désormais pour modèle celle que André Wameso Nkualoloki Lolo a remplacé le 23 juillet 2025 à la tête de la Banque Centrale du Congo, à savoir, Marie-France Malangu Kabedi Mbuyi. Jamais en effet personne n’avait entendu la voix de cette gouverneure, elle qui s’exprimait dans le cercle confiné de son bureau.
Aujourd’hui, il s’en trouve des gens qui donnent raison à Marie-France Malangu Kabedi Mbuyi.
Wameso a tellement réveillé les chats que l'on entend désormais tout et de partout au point l'opinion interloquée en vient à se poser des questions.
« En voulant prouver au président Félix Tshisekedi qu’il était l’économiste congolais le plus compétent, M. Wameso a planté le décor d’une crise économique majeure à venir. Pensez-vous que Mme Kabedi (Marie-France Malangu Kabedi Mbuyi, ndlr), l’ex-gouverneure de la Banque Centrale du Congo, était si incompétente au point de ne pas savoir comment utiliser les réserves de change ? Inutile de vous rappeler que c'est sous Mme Kabedi que les réserves de change ont atteint les 7 milliards de $US. Mais malgré cela, Mme Kabedi n’avait jamais pris le risque d’intervenir directement comme l’a fait M. Wameso. Ce n’est pas parce que cette dame était incompétente. En réalité, elle était au courant des conséquences sur la population congolaise. Elle savait pertinemment qu’un taux de change qui décroche violemment est une bombe pour l’économie congolaise. Oui, Mme Kabedi avait accès aux mêmes instruments monétaires que M. Wameso. Mais, à l’inverse, elle respectait les Congolais et avait conscience du danger que représente une baisse spectaculaire. Que dire de M. Wameso ? Lui, il se fiche totalement des conséquences. Sur Top Congo, il a insisté pour dire que c'est lui, et non une coordination des actions avec le gouvernement, qui est à la base du décrochage du taux de change. Nous voyons donc qu’il est à la recherche d’une reconnaissance et pour cela, il ne veut pas que quelqu'un d’autre s’approprie ses mérites et l’honneur d’avoir fait baisser le taux. Aujourd'hui, les opérateurs économiques, anticipant la hausse, refusent de faire chuter les prix sur les marchés, le prix du transport ne bouge pas, les commerces de détail au coin ne semblent pas être concernés par la faible dynamique de la baisse des prix. Pendant ce temps, les Congolais se font dépouiller par les cambistes. Et inutile de rappeler que dans le secteur privé, la plupart des entreprises paient les salaires en $US particulièrement. Nos frères et sœurs ont donc un sérieux problème à gérer.
Imaginez une sœur qui touche 500 $US, en réalité, avec le taux actuel, elle a 340 $US voire moins. Qui portera la responsabilité de cette catastrophe ? »
T. MATOTU.





