Cette Brigade désirée
  • ven, 24/05/2013 - 19:11

Deux Coréens au Congo avec Kabila. Vivement la Brigade spéciale d’intervention.

LE SOFT INTERNATIONAL N°1228 ED. VENDREDI 24 MAI 2013.

Les deux sont Sud-Coréens, l’un, né à Eumseong, diplomate et homme politique, l’est toujours. L’autre, médecin, né à Séoul, américain de nationalité. Les deux hommes - Ban Ki-Moon et Jim Yong Kim - séjournaient au Congo, à Kinshasa puis à Goma - depuis mercredi 22 mai 2013. Le premier, Secrétaire général des Nations Unies, le second, président du Groupe de la Banque Mondiale, paraissaient décidés d’aider le Congo et, par ricochet, la région, à sortr du cycle des guerres. Signal fort.

Mercredi à Kinshasa, après sa rencontre avec le président de la République Joseph Kabila Kabange au Palais de la Nation, siège de la Présidence de la République, M. Ban a déclaré que «l’heure est arrivée de s’attaquer aux causes profondes du conflit afin de fournir une base solide pour le développement économique et social». Secrétaire général des Nations unies était accompagné du président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim. Les deux hommes sont arrivés le même jour, M. Ban par l’aéroport de N’Djili, M. Jim, par le beach Ngobila, venant de Brazzaville.

«La communauté internationale sera toujours aux côtés de la République Démocratique du Congo et s’engage à travailler pour les pays touchés par la crise», a promis M. Ban.

«Les populations de l’Est ont trop souffert», a-t-il affirmé, ajoutant que l’heure est venue «de leur apporter sécurité, droits de l’homme, santé, éducation, emploi et débouchés».

Il a souligné que la femme et la jeune fille doivent être à l’abri des menaces des violences sexuelles.

Après sa rencontre avec le Chef de l’état, le secrétaire général s’est entretenu avec le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo Mapon et a eu - toujours accompagné du président du Groupe de la Banque mondiale - une séance de travail à l’Hôtel du Conseil où, au PowerPoint, le Secrétaire Général des Nations Unies et le président du Groupe de la Banque Mondiale ont eu des explications de la bouche du Premier ministre, graphiques à l’appui, sur le thème «la RDC à la croisée des chemins, regard vers l’avenir».

Au cœur de la tragédie Congolaise.
Les deux hommes ont ensuite eu des entretiens avec les présidents du Sénat puis de l’Assemblée nationale.

Le point fort de la visite du Secrétaire général au Congo restera certainement son passage à Goma, au cœur de la tragédie congolaise où il a annoncé que «dans un à deux mois» la brigade spéciale d’intervention devant neutraliser les groupes armés sera «opérationnelle». Une annonce qui a fait du baume au cœur des Congolais qui attendent depuis des décennies la fin de ces conflits cycliques.

Ban Ki-Moon a consacré la majeure partie de ce passage au chef lieu du Nord-Kivu en guerre à l’hôpital Heal Africa, où des médecins soignent des femmes victimes de violences sexuelles.

A chaque reprise des hostilités, comme ces derniers jours, de nouvelles patientes arrivent victimes de violences sexuelles. «Nous avons identifié huit cas hier (mercredi 22 mai). C’est assez exceptionnel, cela dépasse un peu le nombre que nous avons toujours reçu. Et cela, c’est juste sur un seul jour», explique un médecin, le Dr. William Bonané.

«Il faut que cela s’arrête», a martelé Ban Ki-Moon. Comme la veille à Kinshasa, le secrétaire général des Nations unies a assuré que l’organisation internationale va renforcer son action annonçant l’entrée en scène de la nouvelle brigade d’intervention «dans un à deux mois».

A ses côtés, le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, s’est dit très impressionné par la visite de cet hôpital. «Les femmes dans cet hôpital sont la raison pour laquelle on ne peut pas arrêter l’aide en attendant que la paix revienne», a-t-il déclaré.

Après une brève rencontre avec des journalistes, Ban Ki-Moon et sa délégation se sont rendus à Kigali, pour une nouvelle étape au Rwanda. Au moment d’aller sous presses, on ne savait encore rien des suites de cette étape rwandaise considérée comme une étape de vérité dès lors que divers rapports onusiens sont sans équivoque: c’est bien le Rwanda qui arme les rebelles du M23 et le secrétaire général ne peut qu’y invoquer la résolution 2098 donnée comme susceptible de redresser la situation sécuritaire dans la partie orientale de notre pays.

A Goma, Ban Ki-Moon a expliqué que la visite conjointe (avec le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim) vise la mise en œuvre de l’accord-cadre du 24 février signé à Addis-Abeba. On rappelle que le Conseil de sécurité a voté jeudi 28 mars la résolution 2098 créant la Brigade spéciale d’intervention de la MONUSCO.

«Cette force a un équipement robuste, des troupes très bien formées avec ces quelques 3.000 soldtas», a rappelé Ban Ki-Moon.

«Cette fois-ci, nous allons au-delà du mandat traditionnel des opérations de maintien de la paix. Le mandat est particulier parce qu’il veut imposer la paix lorsque c’est nécessaire, c’est-à-dire avoir une approche proactive vis-à-vis de la paix pour imposer cette paix», a-t-il déclaré.

«Je crois qu’avec ces troupes, nous serons en mesure de redresser la situation dans la région. Nous allons diligenter nos efforts visant à déployer cette brigade d’intervention», a-t-il assuré. «Je ne puis pas vous donner la date précise d’opérationnalisation de ces troupes. Peut-être dans les deux mois. En tout cas, ceci sera décidé par le commandant, le département des opérations de maintien de la paix ainsi que par M. Roger Meece, le représentant spécial. C’est eux qui vont coordonner tout ça», a-t-il poursuivi.

Il a souligné que «le premier commandant a déjà été nommé». «Je crois qu’il est déjà présent ici. Le président sud-africain a promis d’envoyer ses troupes rapidement. Même si cela ne prendra pas trop de temps».

La présence des troupes rwandaises
M. Ban a néanmoins rappelé que la responsabilité première de maintenir la paix et la stabilité dans l’Est de la RDC incombe d’abord au gouvernement congolais. Car la communauté internationale ne vient qu’en appui. à la reprise des combats lundi 20 mai entre le M23 et les FARDC à Mutaho, la société civile du Nord-Kivu a dénoncé la présence des troupes rwandaises aux côtés des rebelles.

Le vice-président de la société civile a souhaité que la Brigade d’intervention se déploie rapidement pour mettre fin à cette situation d’insécurité.
Mais le M23 s’est toujours opposé sinon à la création du moins à la venue de cette Brigade d’intervention. Pour les rebelles, en votant la résolution 2098, les Nations unies ont opté pour la guerre.

Les rebelles ne s’opposent pas qu’à cette force. Ils ne veulent pas non plus de l’accord-cadre d’Addis-Abeba signé par onze pays d’Afrique, dans le but de rétablir la paix dans la région des Grands Lacs. Cet accord interdit aux pays étrangers de soutenir les groupes armés actifs dans l’Est de la RDC.
Pour eux, seuls les pourparlers de Kampala sont «une voie de sortie de la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC».

Ces négociations débutées au mois de décembre 2012 ont été suspendues après la scission du M23.

Des députés nationaux membres de la Majorité présidentielle comme ceux de l’opposition estiment que la visite du Secrétaire général des Nations unies est un signal fort adressé aux ennemis de la paix dans le pays. Ils l’ont affirmé à l’issue d’une rencontre avec M. Ban mercredi 22 mai à Kinshasa au Palais du peuple, siège du Parlement. Les questions sécuritaires étaient le sujet principal de cette rencontre.

Pour le Député PPRD-MP (Majorité) Shadary Ramazani, la présence de Ban Ki-Moon «en ce moment» est un signe d’espoir qui prouve au peuple congolais que son pays, en tant que membre de l’Organisation des Nations unies, est soutenu. Ban Ki-Moon nous a dit clairement qu’il félicite les efforts fournis par le peuple congolais et ses dirigeants, notamment le président de la République, le Premier ministre, l’Assemblée nationale, etc., pour tout ce que nous sommes en train de faire pour ramener la paix» dans le pays, a-t-il affirmé.

Le Député Shadary a estimé que la présence du président de la Banque mondiale qui accompagnait le secrétaire général Ban prouvait «une fois de plus que le développement ne peut aller sans paix, ni sécurité».

Des Députés de l’opposition ont aussi salué cette visite qui a permis, selon eux, de parler non seulement sécurité mais aussi élections.

Selon le Député MLC (opposition) Jean-Lucien Busa, Ban Ki-Moon a souhaité que les élections, qui seront prochainement organisées dans le pays, avec la CENI reconfigurée, soient transparentes et crédibles, épinglant le rôle de l’Assemblée nationale pour que cet objectif soit atteint.

Il a rapporté que MM. Ban-Ki-Moon et Jim-Yong Kim ont insisté sur une approche globale de l’accord-cadre, pour prendre en compte la pauvreté, une des causes de la crise à répétition dans me pays.

«C’est ce qui justifie la présence du président de la Banque mondiale, pour insister sur le fait que, désormais, l’approche de solution globale doit comporter à la fois les aspects sécuritaires, les aspects de paix, mais aussi les aspects de développement», a expliqué le député du MLC.

Alunga Mbuwa
Avec agences.

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