L’autre chaîne publique Télé 50 traverse un cyclone
  • mer, 20/03/2019 - 05:24

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Sauf de très budgets versés à chaque fin de mois, aucun média au Congo ne peut survivre. Aucun.
Studios pimpant neuf, caméras de dernière génération même si elles ne sont pas toujours d’origine contrôlée, personnel rédactionnel et administratif pléthorique dont féminin recruté souvent dans la high society kinoise et comme sorti d’un film d’Hollywood et, last but not least, parc automobile digne du Vice-Président équato-guinéen, Teodoro Nguema Obiang Mangue, le fils de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, le président équato-guinéen, etc. Rien n’a manqué à Télé 50, l’autre chaîne de télé du pouvoir. Voilà pour le contenant...

CHAINE TELE TROP BLING-BLING.
Côté contenu, c’est la télé bling-bling. Trop de spectacle, trop d’effets couleurs et lumières même dans la propagande, peu de contenu... Un média d’info en continu doit d’abord d’asseoir sur un programme, un éditorial, une ligne sinon austère du moins stricte, signe du sérieux. Quand l’effet dépasse l’info, c’est signe qu’on est au théâtre. Voilà ce que fut/est Télé 50...
De là son absence criante d’audience...
Qu’importe! Le théâtre pouvait poursuivre indéfiniment ses scènes tant que du ciel, la manne financière continuait de tomber.
Or, la manne financière ne tombe plus ou ne tombe plus comme avant - le temps de Raymond Tshibanda Ntunga Mulongo, alors DirCab du Président de la République qui deviendra plus tard chef de la diplomatie congolaise...
Or, ce qui fait fonctionner un média c’est, sinon les subsides (de l’Etat), c’est d’une part, l’abonnement, de l’autre, la publicité. Même s’il s’est trouvé, en «bonne saison», des acteurs politiques et économiques qui versent, lors d’un passage, jusqu’à US$25.000,00 pour un programme...

BUSINESS MODEL EN QUESTION.
Or, au Congo démocratique, le marché d’abonnement n’existe pas, depuis la fin Mobutu et, pire, il n’existe guère, depuis la fin Mobutu, de marché publicitaire commercial. Cela pour l’audiovisuel. Quant à la presse écrite, quel désastre! Le public lectoriel a cessé. Les médias congolais se contentent, de temps à temps, d’avis d’appel d’offre et de communiqués dont les annonceurs fixent eux-mêmes le prix, à prendre ou à laisser. Comment dans ce contexte, un média saurait survivre?
La fin annoncée de la chaîne Télé 50 résulte de son business model basé sur la surconsommation des fonds publics quand les investissements sont lourds et une ligne éditoriale trop personnalisée...
Ce n’est un secret pour personne que Télé 50 fut créée pour faire du special job - même s’il fallut creuser plus au fond - là où un média d’Etat, un média public même type Rtnc, dans un contexte de veille démocratique et de lanceurs d’alerte - ne pouvait aller.

QUAND LE REGIME CHANGE.
Du coup, quand le régime change - comme c’est le cas aujourd’hui au Congo avec l’arrivée à la tête du pouvoir d’un opposant hier vilipendé par ce média - l’avenir soudain devient sombre...
Qui ne connaît l’incident de la Place de l’Echangeur à Limete, le jour du lancement du Programme des 100 jours quand le Président de la République, aux côtés de son épouse, longeant les allées, allant prendre un bain de foule, perçoit soudain un visage célèbre, le directeur général de Télé 50, Jean-Marie Kasamba en personne crânant comme à son habitude, et refuse de lui tendre la main?
Lui, Jean-Marie Kasamba depuis peu résidant de Mbuji-Mayi, Kasaï Oriental, dont l’imprenable villa non loin de l’aéroport de la ville, est inévitable à tout passant. Le message est trop fort. Rtnc retransmet en direct la manifestation quand une foule de militants de l’UDPS couvre d’injures tout malotru ou soupçonné tel et..., tout «pilleur de deniers publics». Comment tenir dans ces circonstances.
La vidéo fera les choux gras des réseaux sociaux et des commentateurs.
Aujourd’hui à Télé 50, le personnel dit être trop mal payé (US$200 pour un journaliste ayant accompli près d’une dizaine d’années) et accumulait 11 mois d’impaiement.
Parmi ceux qu’il a recrutés, formés, à qui il a donné une voix, celle qui fut (est) l’emblème de Télé 50 au prénom parfait, la présentatrice de jt Jolie Diyoka.
Un bon samaritain, l’élu (Sankuru) Moïse Ekanga, proche de l’ex-président Kabila en charge des dossiers d’investissements chinois, a mis la main à la poche et liquidé une dizaine de mois. Sans régler le problème, aux yeux des contestataires...

PLUSIEURS EQUIPES D’ENQUETE.
Pour les agents de Télé 50 qui, après plusieurs tentatives dans le passé ont, dans une déclaration, annoncé «le désaveu total» de leur DG JMK après l’avoir séquestré lundi 18 mars plusieurs heures dans son bureau, la question ne réside pas dans le versement de quelques mois de salaire, la question consiste à garantir leur avenir au sein d’une entreprise qui les a vus arriver, les a vus grandir, les a vus se marier, les a vus donner naissance à plusieurs et, les voit vieillir».
Comme à son habitude, JMK balaie tout d’un revers de la main. «Il n’y a aucun problème. Ce sont des rebelles. Manipulés par l’opposant... - le même - depuis l’étranger...».
Un pro-JMK estime qu’il y a sur Kin un projet de télé mené par le patron d’une «radio qui marche». Alors, il faut tuer Télé 50. C’est pas compliqué...
Quant à la mégestion - «plusieurs équipes d’enquête de la Présidence ont toujours été dépêchées sur place en vue de savoir si tel avantage débloqué est effectivement arrivé dans la poche des agents» - mais le DG honni balaie tout. «Rien que des bêtises, la télé fonctionne. Il n’y a rien qui se passe à Télé 50. Tout va bien. Très bien même. Ils vont tous être mis à la porte», air débonnaire.
JMK avait déjà mis à la porte sinon suspendu le président syndical provisoire Matthieu Kamango. En colère, le DG a fait appel à la police.
ALUNGA MBUWA.


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