Le ministre Kambinga dresse le bilan de son action
  • mar, 06/12/2016 - 16:14

Dans le texte qui suit, le ministre Germain Kambinga Katomba dresse le bilan de son action à la tête du ministère de l’Industrie qu’il dirige depuis décembre 2014 de même qu’il aborde divers sujets d’actualité.

Monsieur le Ministre, après la nomination du nouveau Premier ministre Samy Badibanga Ntita, pourriez-vous dresser le bilan de son prédécesseur, Augustin Matata Ponyo Mapon?
Germain Kambinga. Le principal point positif, c’est que le prochain Gouvernement aura les moyens d’atteindre ses objectifs et que Samy Badibanga aura les coudées franches pour organiser les élections. Il n’aura pas à s’inquiéter de trouver les caisses vides.
Nous avons mis en place des réformes sociales: la bancarisation, la construction d’écoles et de centres hospitaliers, la création de transports urbains. La part de l’éducation dans le budget est passée de 1% il y a quelques années à 16% aujourd’hui. Quelques 6.000 kms de route ont été construits. Notre armée a été réformée et adaptée aux menaces et les problèmes de soldes des militaires et des policiers ont été résolus. Si nous voulions faire une liste, nous n’en terminerions pas. Ce sont des résultats concrets, pas de la démagogie.

Quelles sont vont actions phare comme Ministre de l’Industrie?
Entré en fonction en décembre 2014, nous avons œuvré sans relâche au sein du Ministère de l’Industrie faisant face à plusieurs défis et nous avons en même temps initié plusieurs réformes en cour de réalisations. En ce qui concerne par exemple le Fonds de Promotion de l’Industrie, dès notre prise de fonction, nous avons initié une démarche qui consistait à la récupération des créances dues au FPI sanctionné par la signature d’un arrêté portant création d’une structure pour ladite mission. Nous avons ensuite enclenché le processus de transformation du FPI en banque de développement industriel et de garantie publique vu la nécessité de la revue des capacités du FPI en termes d’octroi à l’industrie nationale des services financiers innovants. La transformation du FPI en banque d’investissement industriel et de garantie publique s’inscrit dans une vision globale de politique de promotion des investissements permettant l’accès d’un plus grand nombre d’acteurs industriels et commerciaux (micro entreprises, PME et PMI, entrepreneurs individuels) à un système financier fonctionnel qui poursuit un double objectif de résultat.
La performance financière et l’impact socio-économique en terme de contribution à la croissance et à la réduction de la pauvreté. Afin de l’aboutissement de cette démarche, le BCECO, Bureau Central de Coordination tel que souhaité par son Excellence Monsieur le Premier Ministre, s’attèle au processus de recrutement d’un consultant de renommée internationale. Ce dernier étudiera la pertinence de cette transformation.
En ce qui Concerne le projet CIMAIKO, nous nous rappellerons que ce projet est une promesse électorale du Chef de l’Etat en faveur des habitants de l’ancienne Province Orientale. L’évolution de ce projet est satisfaisante parce que depuis notre prise de fonction et au-delà de toutes les difficultés, nous avons pu signer un mémorandum d’entente avec la société SATAREM basée à Hong Kong. Ce partenariat consiste en la mise en place de la Cimenterie clef en mains. En ce qui concerne la Cellule d’Etudes et de Planification Industrielle, notons que la démarche la plus importante est celle de la reprise de la coopération avec la Banque Africaine de Développement qui a doté cette CEPI ainsi que ses structures de supervision d’un charroi automobile comprenant 2 Prado TXL, 2 Pick-up Toyota, 3 Bus Toyota Coaster en plus d’un lot de 40 ordinateurs de bureau. Cet appui met en exergue la reprise de cette coopération et contribuera à l’amélioration des conditions de travail.
Quant à la Zone Economique Spéciale Pilote de Maluku, cette zone a été créée par le Décret n°12/021 du 16 juillet 2012. La mise en œuvre de cette ZES devait aussi passer par le processus d’apurement foncier qui a donné naissance au Plan d’Action de Réinstallation (PAR) élaboré par un Cabinet international, en l’occurrence Artelia. L’objectif du PAR était de définir les procédures permettant d’organiser au mieux la compensation, le déplacement et la réinstallation des personnes affectées par les activités du projet ZES Maluku. Le PAR a été actualisé en septembre 2015. Ainsi, l’indemnisation a concerné 181 concessions affectées par la mise en place de la ZES. A ce jour, le taux d’exécution du PAR est de 72%. Il reste à poursuivre l’indemnisation des maraîchers en bouclant le budget y afférent d’un montant de 283.500 USD et convaincre les concessionnaires expropriés récalcitrants à adhérer au processus d’indemnisation de la ZES. Il faut également noter que l’investissement fait sur cette Zone est à hauteur de 300 millions de USD et à ce jour, elle compte déjà une dizaine d’entreprises installées.
Les réalisations du Gouvernement vont également au-delà du ministère dont la charge m’a été confiée à savoir, la mise en place de la compagnie nationale d’aviation Congo Airways avec aujourd’hui 4 avions pour un début, la réhabilitation du réseau ferroviaire avec l’acquisition des nouvelles locomotives, la construction de près de 700 écoles, la réhabilitation de plus de 50 centres hospitaliers dans le pays sans oublier la mise en place du parc Agro-industriel de Bukanga Lonzo. Aussi, le Gouvernement de la République a procédé à la réforme de l’Administration publique avec un programme de rajeunissement des effectifs et de renforcement des capacités en créant l’Ecole Nationale d’Administration, l’emploi de plus de 2.000 magistrats qui va dans le sens de renforcer en capital humain qualifié la justice de notre pays. Notre pays a, en ce jour, certains acquis qu’il est important pour chaque Congolais de préserver. Et je lance un appel au peuple congolais et surtout à cette génération qui est la mienne, pour dire que cette responsabilité est la nôtre parce que nous aimons notre pays, parce que nous voulons voir notre pays devenir émergent d’ici à l’horizon 2030 tel que souhaité par Son Excellence Monsieur le Pésident de la République.

Le taux de chômage des jeunes reste très élevé alors que la part faite à l’éducation dans le budget de l’Etat est passée à 16%. Quelle est votre lecture?
Oui, plus de 70% des jeunes congolais sont au chômage. Mais le Gouvernement a pris des initiatives. Nous voulons notamment favoriser la création des microentreprises par les jeunes. L’idée, c’est de créer un tabouret à trois pieds avec le secteur public, et notamment les postes dans l’administration, le secteur privé, avec les télécoms ou les assurances et le micro-entrepreneuriat.

La situation sécuritaire dans la localité de Beni est également un gros bémol dans le bilan du Gouvernement.
Ce n’est pas un bémol. C’est plutôt le résultat d’une évolution: il y a encore dix ans, nous avions 38 groupes armés dans l’Est. L’armée congolaise les a tous maîtrisés. Dorénavant, ce sont des groupuscules terroristes qui nous livrent une guerre asymétrique. Des stratégies sont en train d’être mises en place pour lutter contre ce phénomène. Mais contre le terrorisme, il n’y a pas de solution miracle à court terme. Cela ne remet pas en cause l’efficacité de I’armée et des services de renseignement.

L’opposition a lancé cette polémique sur la nationalité. Quel est votre commentaire?
Nous considérons que cette polémique est indigne. Il y a un plan ourdi depuis l’extérieur pour déstabiliser notre pays. Alors que la solution issue du dialogue voulu par le Chef de l’État a été acceptée par la majorité des Congolais et des amis du Congo, certains ont transformé leur échec en baroud de déshonneur. Ils croyaient mettre à mal le processus.
Maintenant, sur le fond, il faut également rappeler que Samy Bandibanga est aussi Député. Or, seuls les Congolais peuvent l’être, après validation de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) et de l’Assemblée nationale. Donc, en tant que Député congolais, Samy Badibanga a de facto renoncé à la nationalité belge, si tant est qu’il l’avait acquise. Cette polémique relève de la politique de caniveau, mise en place par des officines extérieures.

Il ne reste pas moins que la question est réelle...
Lorsque les temps nous le permettront, nous devrons réfléchir à une révision de la Constitution sur ce sujet. Au fil des années, des millions de Congolais ont quitté le pays et ont acquis d’autres nationalités, par nécessité économique ou combat politique. L’histoire nous oblige à aller dans le sens de l’acceptation de la double nationalité. Tous les Congolais ont un enfant, un frère ou un cousin ayant acquis une autre nationalité. Le danger de la stigmatisation guette notre pays si nous ne nous penchons pas sur ce fait. L’histoire nous oblige à aller dans le sens de l’acceptation de la double-nationalité.

Acteur politique, avez-vous un commentaire sur le choix de Samy Babibanga comme Premier Ministre?
C’est un excellent choix, comme l’aurait été celui de Vital Kamerhe. Le Président a tenu sa parole et son obsession du rassemblement en nommant le président du groupe parlementaire UDPS, originaire du Kasaï. Il n’était pas facile, en dehors d’un cadre électoral, de donner une partie de son pouvoir à l’opposition. Pourtant, Joseph Kabila l’a fait: il a choisi un opposant pour être Premier ministre, un poste important au regard de notre Constitution. De nombreux acteurs de l’opposition insurrectionnelle et exilée disaient que le Président ne respecterait pas l’accord issu du dialogue mais il l’a fait et il a reçu l’adhésion de tous les autres membres de l’opposition, y compris Vital Kamerhe, qui a accepté de participer au gouvernement. Tous les ingrédients sont là pour que le processus qui doit aboutir à l’organisation des élections en avril 2018 décolle enfin.

Face à un budget en régression, la RDC a-t-elle aujourd’hui les moyens d’organiser les élections?
Bien sûr, sinon nous n’aurions pas signé cet accord. Nous avons déjà mobilisé plus de 250 millions de dollars et le Gouvernement met sur la table 20 millions chaque mois pour l’organisation. Mais il est également vrai qu’il sera de la responsabilité des politiques de ma génération de se pencher sur le problème des élections lorsque les temps ne seront plus suspects. Nous aurons à nous demander si le processus électoral congolais est viable à long terme, compte tenu de notre nécessité de développement. Faut-il dépenser 1,2 milliard de dollars tous les cinq ans pour faire fonctionner la mécanique électorale? Il faudra se poser la question. Peut-être faudrait-t-il penser à un système de suffrage indirect pour certaines élections.

Il y a ce débat porté par une branche de l’opposition sur la date du 19 décembre 2016. Quel est votre commentaire?
Non, la problématique du départ de Joseph Kabila a été posée et la réponse a été donnée. Le dialogue s’est tenu et l’accord politique reconnaît la pertinence de l’arrêt de la Cour Constitutionnelle qui autorise le Président à rester en fonction et valide le report du processus électoral. Il n’y a pas d’équivoque, sauf à marcher sur la tête: il ne se passera rien en RDC le 19 décembre.Le Premier ministre aura certainement mis en place son Gouvernement d’Union nationale et la CENI est au travail pour l’organisation des élections en avril 2018. Pourquoi brandir cette date comme un chiffon rouge? Le 19 décembre sera une journée normale.

Si vous devriez rempiler à votre poste, quelles seraient vos priorités?
Il s’agira d’axer notre politique, via le Fonds de Promotion de l’Industrie, pour répondre à la volonté du Chef de l’Etat qui est celle de voir les jeunes congolais devenir entrepreneurs.
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2016 MININDUSTRIE.


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