Kabila, le silence est d’or
  • lun, 06/10/2014 - 02:33

Les derniers avatars qui ont cours dans l’opposition interpellent.
Alors que le projet d’une tenue des Concertations nationales convoqué le samedi 7 septembre à Kinshasa par le Président de la République paraît pouvoir être compromis ne donnant pas lieu dans des milieux d’opposition à un enthousiasme débordant, Léon Kengo wa Dondo fait une annonce choc.
Ces Concertations n’accoucheront pas d’une souris. Bien au contraire, elles donneront lieu à un Gouvernement de cohésion nationale.

COMME UN APPAT!
Puis avertit: ceux des opposants qui viendraient aux Concertations nationales pourraient bien se retrouver membres du Gouvernement à former.
Si c’est une bombe c’en est une. La bombe Kengo comme celui-ci sait les larguer. Dévastatrices! Voilà des calculs soudain caducs, et des cartes redistribuées!
Au fait, qui a dit cela au président de la Chambre basse? Lui, le juriste de premier ordre, comment s’est-il pris une telle incartade?
Troublé, ce journal va Back to Story, titre: «Quand? Comment? Quand le président du Sénat crée la surprise» (Le Soft n°1239, 1ère éd., jeudi 15 août 2013).
On y lit: «L’un des membres du présidium mis en place par le Président de la République par ordonnance présidentielle - le président du Sénat Léon Kengo wa Dondo - a, par une phrase - et une seule - laissé le pays et le monde aller sens dessus, sens dessous. Au nom de qui a-t-il parlé? L’autre membre du présidium - le président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku Ndalandjoku - était-il consentant? Kengo a-t-il piégé le Chef de l’Etat et l’a désormais mis devant le fait accompli ou avait-il obtenu au préalable l’imprimatur? Que le président du Sénat, membre du présidium, juriste de haut vol de surcroit, ait cru devoir annoncer - avant l’heure - la formation d’un Gouvernement d’Union nationale, au lendemain des Concertations - appelant les opposants à prendre en nombre une inscription au forum -, à débattre d’un Programme commun de gouvernement qui allait ouvrir la voie à une majorité «requalifiée» - «une nouvelle majorité» comprenant des partis de l’actuelle opposition, l’affaire était trop grosse pour ne pas faire grand bruit. En faisant cette déclaration depuis le siège du Parlement, sur la place publique, devant micros et caméras, le président du Sénat qui n’est pas un enfant de chœur savait l’effet que cela allait donner. Dès que cette annonce est faite, le pays est-il encore dans le schéma convenu? Les jours qui viennent vont nous donner des réponses à un débat que lance le fondateur du Soft International, le prof. Tryphon Kin-kiey Mulumba, sur la scène internationale, dans une tribune qui paraît cette semaine dans le numéro double - soit 15 jours - de Jeune Afrique».
Dans ce JA, «Au nom du Congo», KKM écrit: «Si dialogue rime avec démocratie et si Kabila a mis tout sur la table, au nom du Congo, il faut savoir jusqu’où il faut aller plus loin sans parjure» (J.A n°2744-2745, du 11 au 24 août 2013). Côté majorité, motus et bouche cousue. Signe de l’ampleur du choc.

A L’EPREUVE DES FAITS.
Mais Kengo dont la réputation est qu’il dit ce qu’il pense, s’explique quand on lui en donne l’occasion. «Je m’adressais aux miens, les opposants. Afin qu’ils viennent aux Concertations. Il faut comprendre…». Un appât? Mais rien de très important, à l’en entendre. Au fond, que justifierait cette annonce?
Certes, le Président de la République, s’il peut en être contrarié, ne crée pas l’incident. Lui, dont la nature achevée nourrit, face aux anciens, un respect religieux. Mieux - et à la grande surprise, même des opposants jamais revenus -, il donnera à confirmer l’annonce du président du Sénat. C’est lors de la clôture du forum dans le même hémicycle du Palais du Peuple, samedi 5 octobre.
«Face aux enjeux de l’heure, vous estimez (s’adresse-t-il aux délégués) qu’il ne faut pas sacrifier les impératifs de la pacification et du développement accéléré du pays sur l’autel d’une orthodoxie démocratique qui voudrait que la majorité tienne la minorité éloignée de la gestion de la chose publique (...). Vous tenez au respect du cadre institutionnel qui régit notre pays (...). Soyez assurés que je vous ai entendus, et que je vous ai compris! Cela d’autant plus que vous me rejoignez dans l’appel à la conjugaison des efforts que j’avais lancé dans mon discours d’investiture du 20 décembre 2011».
Et d’annoncer des «mesures importantes (...) pour donner suite, répondre aux préoccupations légitimes des délégués, et par-delà à celles de notre peuple, et imprimer un nouvel élan à l’œuvre de reconstruction nationale». Voilà le Président accepter tout quand il n’a rien reçu en face! Il est bon ce Président!
Et, chaque jour qui passe, le Président achève sa promesse qu’il qualifie désormais de «décision», assurant ses troupes comme il le fait ce jour d’assemblée dans l’historique ferme (Kingakati, banlieue est de Kinshasa): «La promesse est une dette, qu’il faut tenir».
Le Chef de l’Etat va encore plus loin, se voulant plus précis, avançant sinon une date du moins une période...
Reste face à l’épreuve des faits, la difficulté voire l’impossible. Car si au fond, le principe ne gêne personne, il reste à savoir comment y arriver, par quelle alchimie réaliser l’idéal!
Mieux: quel temps se ménager pour asseoir une intime conviction! Car - ne n’oublions pas - le Congo n’a pas inventé le fil à couper le beurre. Si la grande coalition à l’allemande est l’idéal recherché, il est parfois/souvent préférable, dans un contexte précis, de privilégier une équipe d’avant garde - un gouvernement minoritaire - avec mission de déminer, de faire bouger les lignes, d’atteindre - d’asseoir, de consolider - des résultats!
A rechercher à tout prix un dream team, on court le risque du parjure...
Israël nous en fournit l’exemple. Comme l’ancienne métropole, qui a mis hors course le premier parti francophone (deuxième du Royaume) convolant en justes noces avec le MR libéral, grand perdant des dernières élections. Michel fils (Charles) va au 16, rue de la Loi - la Primature belge - qu’a abandonné le poids lourd francophone, le PS Elio di Rupo! Coalition suédoise, coalition Kamikaze, qu’importe!

IMPOSSIBLE N’EST PAS POLITIQUE.
Impossible n’est jamais politique. Qui maîtrise la météo! Ainsi va la politique...
Les opposants ne sont pas toujours sans sagesse. L’un vante le bal des chauves. A force de hurler que vous en êtes un aussi, le cuir chevelu risque de noircir. Vous voilà découvert, et dans votre meilleur élément! Un autre explique que la vérité arrive par l’escalier. Quand le mensonge vient plus vite: il emprunte l’ascenseur.
Moralité: laissez le temps agir, faire son effet, faire éclater la vérité... Si la parole est d’argent, le silence est d’or.
Les derniers avatars qui ont cours dans l’opposition, la branche précisément des Concertations nationales désormais éclatée en au moins trois ailes - «républicaine» (Kengo), «populaire» (Lisanga revendiquant une vingtaine de partis politiques) et… «Debout Congolais» (Olengha Nkoy disant être suivi par une centaine de partis, cinquante ONG, autant d’églises de réveil) - font dire à un acteur majeur: «Définitivement, tout pouvoir émane de Dieu. Un homme de pouvoir est porté par la main de Dieu. Qu’aurait fait le Président s’il s’était mis à l’écoute des chants de sirène et avait dépecé son trône?». Qui a dit qu’il faut avoir l’adversaire à l’usure. Cela vous fait économiser les munitions…
LE SOFT INTERNATIONAL.


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