Katumba Mwanke meurt comme son ami Samba Kaputo: à la veille de grandes échéances
  • mar, 14/02/2012 - 08:55

MISE EN LIGNE LE 14 FÉVRIER 2012 | LE SOFT INTERNATIONAL N° 1151 DATÉ 13 FÉVRIER 2012.
Fauché dans le crash du jet Gulfstream 4 survenu dimanche 12 février 2012 sur la piste de Kavumu à Bukavu aux environs de 13 heures locales, le Député PPRD-Majorité, Augustin Katumba Mwanke, 49 ans (né le 15 oct. 1963) est décédé comme son ami de tous les temps qu’il n’avait eu de cesse de pleurer: le Député PPRD-Majorité Guillaume Samba Kaputo: à la veille des échéances politiques majeures et au moment où le Chef de l’État avait le plus grand besoin de lui.

Comme après la brusque disparition de celui qui fut l’homme clé dans le dossier du jeu et des joueurs pendant et après le dialogue inter-congolais de Sun City, l’accident tragique du jet qui a ôté la vie au Super Conseiller du Président souvent incompris par la classe politique laisse un vide dans un contexte de défis que le Chef de l’État s’est juré de relever.

Le président de la République Joseph Kabila Kabange qui a appris la nouvelle du crash de Kavumu et de la disparition de son conseiller alors qu'il présidait dimanche 12 février une réunion de sa majorité dans sa ferme de Kingakati, banlieue Ouest de Kinshasa, a rendu hommage à son conseiller en s’inclinant lundi 13 février au domicile du défunt devant la dépouille mortelle arrivée peu avant par vol spécial de Bukavu avant de repartir dans la soirée le même jour à Lubumbashi au Katanga où les funérailles seront organisées.

Katumba Mwanke sera porté en terre mercredi 15 février dans sa ville natale de Pweto, Katanga.

Joseph Kabila Kabange était accompagné dans cet hommage à Kinshasa de sa sœur jumelle Jaynet et de son frère Zoé élus députés du Katanga.

Député réélu de la circonscription de Pweto, Augustin Katumba Mwanke a été tué avec le pilote, le co-pilote de nationalité américaine selon certaines sources et deux paysans fauchés au sol. Le jet privé a raté son atterrissage sur la petite piste de Kavumu.

Cinq autres occupants ont été blessés et transférés en Afrique du Sud par un avion hôpital pour y suivre des soins.

Il s'agit du ministre des Finances Augustin Matata Ponyo, du gouverneur du Sud Kivu Marcelin Cishambo, du conseiller diplomatique du Chef de l’État Antoine Ghonda Mangalibi, du Député sortant Oscar Gema, oncle maternel de Ghonda et ancien A-dg de l'Ogedep, Office de gestion de la dette publique, et de l'homme d'affaires local Bertrand Bisengimana.

L’avion construit en 1989 arrivait de Kinshasa via Goma quand il a raté son approche et s’est posé au milieu de la piste avant de finir sa course dans un ravin après s’être coupé en trois parties.

Le jet immatriculé N2SA, propriété de la firme américaine LDCo, volait pour la compagnie aérienne Katanga Wings dont l’un des propriétaires est l’homme d’affaires belge Philippe Demoerloose propriétaire de la compagnie Hewa Bora.

A la suite d’irrégularités, le ministère des Transports et Voies de communication a annoncé le retrait de la licence de cette compagnie ainsi que de sa compagnie sœur Katanga Express.

C’est le deuxième accident d’avion dans le pays en deux semaines, après le crash d’un Antonov 28 de Tracep Congo le 30 janvier qui avait fait trois morts.

Toutes les compagnies aériennes de R-dC ont été blacklistées et ne volent ni en Union Européenne ni aux Etats-Unis, les griefs vont de l’absence de vérification des licences de pilotes au manque de rigueur dans l’entretien d’un parc aérien généralement trop vieux. Le dernier crash majeur remonte à juillet 2011, quand un Boeing 727 de la compagnie privée Hewa Bora Airways s’était écrasé près de l’aéroport de Kisangani, faisant 83 morts dont 79 passagers. A ce jour, nul ne sait des enquêtes qui auraient pu être menées alors que HBA a reçu l’autorisation de redécoller.

IMPRUDENTE LA THESE DU MINISTRE DES TRANSPORTS.
Ancien patron de la compagnie Hewa Bora Airways et ancien représentant auprès de la Fédération des entreprises du Congo (patronat) du Comité professionnel des transporteurs aériens, Stavros Papaioannou ne partage pas l’avis du ministre des Transports sur le crash du jet.

«Le ministre a déclaré que l’accident est dû à une erreur de pilotage. Moi, je trouve qu’en ce moment, il est vraiment prématuré et déplacé qu’on puisse aboutir à des conclusions d’enquête sans même avoir vu l’avion. Premièrement, suivant l’annexe 13 de l’OACI, c’est un devoir du gouvernement de pouvoir mettre sur pied une commission d’enquête».

«Et cette commission d’enquête a des devoirs. L’un de ces devoirs - étant donné que les corps des deux pilotes sont encore là - il faut les autopsier pour voir s’ils n’ont pas été empoisonnés, s’il n’y a pas eu crise cardiaque, s’ils n’ont pas succombé à un AVC, s’il n’y a pas eu un malaise quelconque qui leur aurait conduit à perdre le contrôle de l’aéronef…»

«On nous dit que l’avion s’est posé au milieu de la piste. Mais le fait de le poser au milieu de la piste ne conduit pas forcément à un accident parce que cet avion a été tellement puissant du point de vue notamment de son système de freinage que même s’il se pose au milieu de la, il aurait pu ne pas terminer sa course dans la brousse. Donc, quelque chose d’autre s’est passé certainement dans cet accident. Il faut investiguer».

«Est-ce qu’il n’y a pas eu des trains d’atterrissage qui ont lâché? Est-ce qu’il n’y a pas eu de problèmes hydrauliques à ce moment-là? Etc. C’est tout ça qu’il faut regarder. Maintenant, on dit que l’avion a atterri au milieu de la piste mais pourquoi a-t-il atterri à cette place? Qui l’a vu? Si quelqu’un l’a vu, c’est la tour de contrôle. Mais si la tour de contrôle l’a vu, pourquoi ne lui a-y-elle pas demandé tout de suite de redécoller ayant touché le sol trop tard. C’est dans l’obligation d’une tour de contrôle. Est-ce que la tour de contrôle a fait son métier? Si elle ne l’a pas fait, pourquoi ne l’a-t-elle pas fait? Quel est l’entraînement d’une tour de contrôle? Est-ce que cette tour existe d’abord? Est-ce que les gens qui y travaillent ont des licences? Est-ce qu’ils ont fait le travail qu’ils devaient faire? Quel est le dernier recyclage que ces gens qui sont là ont suivi? Autant de questions qu’il faut se poser».

«D’autre part, on nous dit aussi que les deux pilotes avaient des nationalités différentes: l’un était un Tchèque, l’autre un Sud-Africain. Est-ce ces gens ont eu, ensemble, un entraînement adéquat pour se mettre d’accord sur les procédures d’atterrissage d’un avion en cas d’urgence? Certainement, ils ont eu une urgence en vol et c’est possible qu’ils n’aient pas su réagir parce qu’ils n’étaient pas entraînés de la même façon, et qu’ils ont pris des mauvaises décisions? Cet avion dispose-t-il du manuel avec les SOP (Standard Operation Procedure), c’est-à-dire les procédures qu’ils doivent utiliser? Il faut sans doute prendre de bonnes décisions et des mesures d’urgence s’imposent car il s’agit de nos vies et de celles de nos enfants et il faut arrêter l’hémorragie. Il faut qu’on puisse enquêter sur ce qui s’est passé...»

«C’est donc prématuré de pouvoir déclarer que c’est uniquement une erreur de pilotage. Sinon, on ne rend service ni à l’aviation ni à qui que ce soit. Quand il y a un drame comme celui de la piste de Kavumu, et qu’il y a des personnes qui ont perdu la vie, c’est déjà un drame».

«Le seul résultat qu’on peut en tirer, c’est d’essayer de savoir au moins pourquoi ces personnes sont mortes afin que cela puisse prévenir un autre accident. Les commissions d’enquête qui sont mises sur pied ici, elles sont dirigées par des incompétents, qui ne savent pas de quoi ils parlent».

« Si un pays n’a pas d’experts pour mener une enquête, il peut demander à un autre pays de le faire. En l’occurrence ici, comme l’immatriculation de l’avion est américaine, le constructeur américain, et le concepteur américain, c’est donc tout à fait dans le devoir de l’autorité congolaise de pouvoir faire appel aux Américains pour enquêter. Au moins, on est sûr que l’enquête va bien se faire et qu’on va aboutir à des conclusions».

En évocation, Le Soft International qui l'a connu, publie une édition spéciale papier témoignage datée du 14 fév. n°1051 intitulée: Ce qu'il fut.

T. MATOTU.

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