Face au virus, une loi rectificative des Finances pour sauver le budget
  • mar, 11/02/2020 - 14:30

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1481|MARDI 11 FEVRIER 2020.

Le géant asiatique, deuxième économie mondiale, est un vorace consommateur des matières premières du monde, dont celles du Congo dont le cuivre, métal thermomètre de l’activité industrielle mondiale sur lequel, outre le cobalt, le Gouvernement Ilunga Ilunkamba mise pour exécuter son budget de US$ 11 milliards, jugé «irréaliste» aussi bien par le FMI et que par tout partenaire extérieur dès lors qu’il est plus de deux fois supérieur à ce que le Congo a été capable de réaliser en 2019.

LE CUIVRE
SONNE LE CLAIRON.

A l’époque, la mine de Mutanda dont les activités sont suspendues pour deux ans, était l’un des principaux contributeurs de l’impôt sur les bénéfices avec plus de US$600 millions versés à l’Etat.
L’une des conditions posées par le FMI, est de refaire ce budget raisonnable à un niveau d’environ US$ 6 à 7 milliards. Une loi rectificative, profitant de la crise du coronavirus, éviterait au pays l’opprobre.
Le malheur ne venant jamais seul, la cette crise qui paralyse une partie de l’économie chinoise mais aussi d’autres pays pourrait avoir, si elle se prolonge, de graves conséquences économiques sur la croissance du pays. L’épidémie a des effets sur l’économie mondiale via la baisse des prix des matières premières.
Pour faire face à l’épidémie de coronavirus qui se répand dans le pays (811 morts jusque dimanche, plus de 37.200 personnes infectées, soit 2.600 cas supplémentaires par rapport au précédent bilan quotidien, ce dernier chiffre est nettement inférieur aux près de 3.900 nouvelles contaminations annoncées mercredi dernier par les autorités dans leur bilan quotidien), la Chine a annoncé des mesures drastiques : mise en quarantaine de villes entières, limitation des déplacements, fermeture de magasins et d’usines, etc.
Ces mesures radicales pèsent indéniablement sur l’activité économique chinoise, même s’il est encore bien trop tôt pour évaluer son impact sur la croissance économique. La comparaison avec l’épidémie de SRAS de 2003 semble peu pertinente, puisque les mesures de confinement avaient été à l’époque bien moins draconiennes.
Selon Bloomberg, la demande de pétrole chinoise a chuté de 20 %, soit une diminution de 3 millions de barils par jour. Une telle baisse soudaine n’avait plus été enregistrée depuis le 11 septembre 2001, quand les attentats avaient paralysé le transport aérien.
Après une longue interruption en raison des congés pour le Nouvel An lunaire, les bourses de Shanghaï et de Shenzhen ont plongé lundi 3 février à leur réouverture perdant près de 9%. Et ce, en dépit de l’annonce de la Banque de Chine d’injecter 1.200 milliards de yuans (US$ 173 milliards) dans le système financier pour soutenir l’économie chinoise (cette injection de liquidités permet de faciliter l’octroi de crédit par les banques) avant de légèrement se reprendre mardi.
La Chine est à l’arrêt.
La principale répercussion de l’épidémie en Chine sur l’économie mondiale est liée à la chute de la demande de matières premières, qui fait plonger les cours. Le pétrole et le cuivre ont ainsi plongé d’environ 10 % en une semaine. Les pays producteurs comme la Russie (pétrole) ou le Chili (cuivre) pourraient être impactés si la baisse des cours se prolongeait. Par ailleurs, la Chine représente environ le quart de la production industrielle mondiale, et fabrique de nombreux composants pour le reste du monde. Un ralentissement durable de l’industrie chinoise pourrait bloquer des usines du monde entier, à qui il manquerait des composants essentiels.

LE VENT
FRISQUET DE L’INQUIETUDE.

L’impact économique de l’épidémie n’est pas à ce jour catastrophique. Cependant, un blocage durable de la deuxième économie au monde, pourrait faire dérailler la croissance mondiale. En clair, la peur du coronavirus a atteint les salles de marché. La fièvre est montée chez les spéculateurs, qui tentent de mesurer l’ampleur du choc réel de cette maladie sur l’économie chinoise et donc mondiale. Le thermomètre de cette soudaine poussée de tension n’est autre que le cours du cuivre. Depuis deux semaines, au gré des nouvelles provenant de Wuhan, le cuivre n’a cessé de se recroqueviller.
A la Bourse de Londres, il est passé sous la barre des US$ 6.000/ la tonne et se négociait vendredi 31 janvier autour des US$ 5.600. En repli de près de 9 % depuis le début de l’année. Alors que Wuhan est mise en veilleuse et que la machine chinoise tourne au ralenti, le cuivre sonne le clairon… Bien sûr, les investisseurs savent qu’en cette période de Nouvel An, cruciale pour les Chinois, le pays s’octroie habituellement une semaine de répit. Cette respiration a soudain pris une tournure irrespirable pour nombre d’habitants de la province du Hubei inquiets de la tournure des événements. Et chacun retient son souffle en espérant que le virus soit terrassé rapidement et sa propagation asphyxiée.
Les annonces faites par McDonald’s, Starbucks ou Ikea de la fermeture de restaurants et magasins, et celles d’industriels prolongeant la période de vacances pour ne pas rouvrir leurs usines contribuent à alourdir l’atmosphère. De même que les décisions successives des compagnies aériennes de ne plus desservir Wuhan, voire d’autres grandes villes chinoises. Ou celles des autorités du pays de prolonger la période de vacances au moins jusqu’au 9 février dans plusieurs provinces.
«L’impact de l’épidémie de coronavirus est inconnu pour le moment», a pourtant déclaré Alan Jope, PDG d’Unilever qui écoule thé Lipton ou crème de douche Dove dans l’empire du Milieu. Il n’empêche, les marchés frissonnent. Et le cuivre n’est pas le seul à sentir le vent frisquet de l’inquiétude. D’autres métaux industriels subissent le coup de froid. A l’exemple de l’acier, du zinc ou de l’aluminium.
A Kinshasa, Déogratias Mutombo Mwana Nyembo, le gouverneur de la Banque centrale, a sonné le tocsin : «Oui, nous devons craindre l’épidémie de Coronavirus par ce que la Chine c’est notre premier partenaire économique. C’est une épidémie qui sévit en Chine mais qui a déjà touché d’autres pays du continent asiatique et même en dehors de l’Asie».
Ajoutant : «Si cette épidémie perdure en Chine, cela aura un impact sur l’économie du Congo qui est dépendante principalement de ses exportations des produits miniers dont la Chine est le premier acheteur. Elle va induire le ralentissement économique en Chine et donc sa croissance économique. Or, la Chine est notre premier partenaire économique. Ça inquiète. Cela peut affecter l’activité économique en RDC et sa croissance. En 2018, la RDC a exporté pour US$ 5,8 milliards vers la Chine et importé pour US$ 2,7 milliards. En somme, notre balance commerciale bilatérale a été excédentaire à notre faveur de US$ 2,8 milliards. Cela est intéressant pour nous. Mais, si cette épidémie perdure, le virus se contamine très facilement et cela dissuade les gens à être ensemble, surtout à travailler ensemble dans les usines, dans les super marchés. Indubitablement, cela va ralentir l’activité économique en Chine. Et la baisse de l’activité économique va induire la baisse de la demande surtout extérieure parce que la Chine importe nos matières premières pour les transformer. Conséquence : nos exportations vont baisser, nos recettes d’exportation vont baisser, le solde de notre balance commerciale peut conduire à un déficit extérieur», a-t-il expliqué estimant que «cette situation doit interpeller le gouvernement congolais qui pourrait être confronté à la baisse des ressources financières pour mettre en œuvre sa politique».
«La baisse des recettes extérieures va induire la baisse des recettes publiques au titre de la fiscalité. Ce qui risque d’aggraver le déficit des finances publiques et nous mettre dans une situation de déficit intérieur et extérieur. Et là, les pressions sur le marché des biens et services et le marché des changes risquent de devenir plus forte. Avec ces pressions, l’activité intérieure va baisser et la croissance risque également de baisser. Cela doit nous interpeller, nous qui avons des économies dépendantes des cours de quelques produits de base et qui ne diversifions pas notre économie», a-t-il ajouté.
Avec AGENCES.


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