Félix Tshisekedi au cœur des agendas politiques internationaux
  • ven, 30/04/2021 - 16:38

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1525|VENDREDI 30 AVRIL 2021.

Ils s’appellent devant les médias du monde alignés et en direct «Cher Félix», «Cher Emmanuel». Ils se tiennent en estime, se donnent, devant les télés, une tape dans le dos, signe d’amitié, de proximité, de respect. Loin - très loin - le temps où François Hollande faisait attendre Joseph Kabila et son épouse debout, dans le hall du Palais du peuple, à Kinshasa, des heures durant, regardait ailleurs en le saluant froidement - très froidement -, relisait son discours sans se mettre debout quand Kabila fait son entrée dans l’hémicycle pour donner le go à l’événement de la Francophonie contrairement à tous les autres présidents, ne pouvait applaudir un seul mot du discours du président congolais...

A Paris, sur le perron du Palais de l’Elysée, devant de nombreux journalistes, des gardes républicains rangés, arme à la main, pour ce deuxième accueil officiel du président congolais, le président français Macron félicite chaleureusement son «Cher Félix» pour son «succès» après les changements intervenus «dans son pays», à Kinshasa. En clair, la fin de la coalition FCC-CACH suivie du basculement de la majorité parlementaire officiellement saluée par la France.

LE DISCOURS DE LA BAULE.
Les deux hommes venaient de se rencontrer au Tchad, à NDjamena, vendredi 23 avril 2021, à l’occasion des obsèques du président Idriss Déby Itno et avaient décidé de se retrouver quatre jours plus tard à Paris pour parler Congo (bien sûr) mais surtout Afrique, France-Afrique, préparer un sommet de chefs d’État africains portant sur le financement des économies africaines.

Objectif affiché de l’Élysée : «donner un gros ballon d’oxygène» aux pays du continent en vue de surmonter la crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19. Outre le président congolais, l’Ivoirien Alassane Ouattara et le Rwandais Paul Kagame sont annoncés.
Le Congolais n’est-il pas le président en exercice de l’UA et, du coup, n’est-il pas incontournable dès lors qu’il porte la parole de ses homologues chefs d’Etat africains?

C’est encore avec lui que le président français s’emploie à mettre la dernière main sur le sommet France-Afrique initialement programmé à Bordeaux en juin 2020 mais repoussé sine die - crise sanitaire oblige - et qui se tiendra en juillet à Montpellier.

Selon Macron, ce sommet qui réunit habituellement les dirigeants français et africains tous les trois ans environ, alternativement en France et dans un pays d’Afrique, devrait «illustrer un changement de méthode. Nous n’allons pas organiser un sommet classique, en invitant des chefs d’État. Notre objectif est de mettre en avant les personnes qui incarnent le renouvellement générationnel, y compris sur le plan politique. Parce que s’il y a un point difficile, c’est bien le renouvellement démocratique. Certains pays se sont pliés à une alternance régulière, d’autres non».

Cela réveille-t-il le discours de François Mitterrand qui, à la XVIe conférence des chefs d’État d’Afrique et de France auquel étaient invités 37 pays africains, à La Baule du 19 au 21 juin 1990, posa des conditions à l’Afrique avant de se rétracter plus tard appelant finalement chaque pays à avancer vers la démocratie à son rythme ?

Le discours de Mitterrand reliait l’aide publique importante en pleine crise de la dette à une « démocratisation » par un passage au « multipartisme ». « La France liera tout son effort de contribution aux efforts qui seront accomplis pour aller vers plus de liberté ; il y aura une aide normale de la France à l’égard des pays africains, mais il est évident que cette aide sera plus tiède envers ceux qui se comporteraient de façon autoritaire, et plus enthousiaste envers ceux qui franchiront, avec courage, ce pas vers la démocratisation... » ; «s’agissant de démocratie, un schéma est tout prêt : système représentatif, élections libres, multipartisme, liberté de la presse, indépendance de la magistrature, refus de la censure...» ; « À vous peuples libres, à vous États souverains que je respecte, de choisir votre voie, d’en déterminer les étapes et l’allure».

UNANIMITÉ SUR DJAMENA.
A Paris, le 27 avril, Macron et Tshisekedi ont condamné les violences qui ont éclaté au Tchad après la mort du président Déby et la prise du pouvoir par une junte militaire conduite par Mahamat Idriss Déby, le fils de Déby. La France est un des plus solides alliés du Tchad et le président Tshisekedi assure la présidence tournante de l’UA. «Je veux être très clair. J’ai apporté mon soutien à l’intégrité et la stabilité du Tchad très clairement à N’Djamena. Je suis pour une transition pacifique, démocratique, inclusive, je ne suis pas pour un plan de succession», a déclaré Macron alors que Mahamat Idriss Déby, fils du défunt président tchadien, dirige depuis une semaine le Conseil Militaire de Transition, à la tête du pays.

«La France ne sera jamais aux côtés de celles et ceux qui forment ce projet de succession. Le temps est venu de lancer un dialogue politique national ouvert à tous les Tchadiens», a-t-il insisté aux côtés de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
L’opposition tchadienne et des ONG internationales avaient vu dans la présence de M. Macron aux obsèques de Déby, un signe de soutien de la France au jeune général fils Déby. Dans un communiqué commun, les français et congolais «demandent la cessation de toutes les formes de violences» et «rappellent leur soutien à un processus de transition inclusif, ouvert à toutes les forces politiques tchadiennes, conduit par un gouvernement civil d’union nationale et devant mener le pays à des élections dans un délai de 18 mois».

AVEC L’UNION EUROPÉENNE.
Revenu mercredi 28 avril à Kinshasa, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo n’a pas eu de repos. Le président a reçu jeudi 29 avril, au Palais de la Nation, le Président du Conseil européen, le Belge Charles Michel. Au menu avec l’ancien premier ministre belge (libéral francophone) : appui de l’UE à la présidence en exercice de l’UA, situation sanitaire de Covid-19 et les conséquences économiques qui en découlent, modalités d’aide des États africains dans le programme de vaccination contre le coronavirus, calendrier électoral, inauguration de deux bateaux construits à Kinshasa, avec le financement de l’Union Européenne.

Après leur rencontre au Palais de la Nation, les deux hommes se sont directement rendus au port de la Société Congolaise des Transports et des Ports (SCTP), pour inaugurer les deux bateaux destinés au balisage du fleuve Congo dans son bief navigable.
avec AGENCES.


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