Fibre optique, le ministre des PT&NTIC éclaire la lanterne
  • ven, 19/07/2013 - 12:20

La fibre optique ne vaut pas un penny sans opérateurs. Sur les six opérateurs de téléphonie mobile actuellement installés dans le pays (les deux grands Airtel et Vodacom, ceux qui suivent Tigo et Orange, puis Africell et Standard Telecom), Standard Télécom utilise la fibre, Vodacom vient de signer son contrat et MTN du Congo Brazzaville. Entre la fibre et le satellite, les opérateurs n’ont pas le choix.

LE SOFT INTERNATIONAL N°1236 ED. VENDREDI 19 JUILLET 2013.

Le ministre des PTNTIC a fait mercredi 17 juillet un point de presse en son cabinet, ave des Huileries au lendemain du lancement par le Chef de l’État du Point d’atterrage de Muanda, fournissant des précisions «à la communauté nationale qui attend avec raison le haut débit et aux professionnels du Secteur qui, avec raison, attendent d’avoir la preuve de l’intérêt et de la fiabilité du produit fibre optique». Ci-après:

1. DONNÉES GÉNÉRALES.

La phase I de la fibre optique (axe Muanda- Kinshasa) a été réalisée avec des malfaçons techniques. Mais ces installations ont été réceptionnées par un certificat de réception définitive établi en février 2010 par les autorités de la SCPT. Ce document atteste que l’installation a eu lieu sans aucune faille.

À la suite de ces failles constatées par mes services, en vue de sauvegarder l’investissement consenti par l’État, j’ai mis en place un Bureau Conjoint de haut niveau qui a en charge le suivi et l’évaluation du projet.

La partie gouvernementale est composée d’experts issus de différents Ministères, Organismes et Services de l’État dont la DGDP, l’ARPTC, les services de police et la SCPT.

2. LA CAPACITÉ INSTALLEE.

La capacité maximale de cette fibre G652D est de 10 Gbits/seconde. Les études approuvées en son temps par la SCPT ont prévu de connecter au départ:

- 10 STM-1 soit 1,55 Gbits/s,

- 8 E3 soit 1,176 Gbits/s

- 588 E1 soit 0,272 Gbits/s.

Ce qui fait une configuration de base de 3 Gbits/s sur les 10.

Il est donc inexact de dire que seuls 2,5 Gbits/s arrivent à l’Hôtel des Postes pour cause de fuite bien que cette capacité de 3 Gbits/s constitue manifestement une erreur de conception que le Bureau conjoint se charge de réparer.

3. POSE DU CÂBLE.

Les erreurs de pose de la fibre sont légion sur le tronçon phase I Muanda-Kinshasa. Certaines ont déjà été réparées par le Bureau conjoint. D’autres le seront à mesure que l’exploitation se mettra en place. La même situation est observée sur la phase II Kinshasa-Kasumbalesa.

D’où une mission de contrôle que j’ai tout récemment effectuée.

J’attends d’en effectuer d’autres.

J’ai exigé que des corrections soient apportées et expliqué que je pourrais aller jusqu’à suspendre les travaux de la Phase II. Les Congolais - et le Secteur le sait parfaitement -, doivent savoir que dans le réseau large bande, le sacro-saint principe est la redondance. Je l’ai dit à Muanda. Il nous faudra donc poser une deuxième voire une troisième ligne et il nous faudra construire des rings mais en l’espèce, il est vain de s’attendre à un démarrage en beauté. La mise en route des infrastructures de haute technologie ne se fait jamais sans débuts difficiles. C’est le cas de la technologie spatiale.

Combien de satellites lancés dans l’espace n’ont pas posé problème. Il faut pour cela disposer de bonnes équipes de veille. Et le Ministère veille sur cet investissement consenti par le Peuple congolais.

4. RING DE KINSHASA.

Le Bureau conjoint a examiné la question de l’insuffisance du ring de Kinshasa et de l’absence des réseaux d’accès tout le long des axes Muanda-Kinshasa et Kinshasa-Kasumbalesa. Le Ministère des PTNTIC est d’avis que, vu l’immensité du territoire national, l’État seul ne saurait financer des infrastructures de fibre optique.

Un appel doit impérativement être lancé en direction des investisseurs privés.

Les privés disposent des ressources humaines, techniques et financières susceptibles d’arroser l’ensemble du territoire national en un temps record. Beaucoup de pays africains ont arrosé leur territoire en fibre optique endéans deux ans en s’appuyant sur le secteur privé.

5. PROBLÈME D’ÉNERGIE.

Les sources d’énergie étaient bel et bien prévues à la conception du projet mais la SCPT a signalé au Bureau de suivi-évaluation le vol des batteries des groupes électrogènes et justifié les coupures de courant au fait de manque de carburant suite à des difficultés récurrentes de trésorerie que l’entreprise connaît.

6. COÛT DE MAINTENANCE.

Il est indéniable que la maintenance des infrastructures de haute technologie a un coût auquel la trésorerie actuelle de la SCPT ne saurait faire présentement face.

7. COÛT AU KILOMÈTRE ET POINT D’ATTERRAGE.

Je l’ai dit à Muanda: quand l’équipe de SEM le Premier Ministre Augustin Matata Ponyo a été investie, deux jours après, le projet WACS était lancé et notre pays était aux abonnés absents.

J’ai été interpellé à ce propos au Parlement et j’ai apporté toutes les réponses que j’étais en mesure d’apporter partant du principe de continuité de l’Etat.

Une commission d’enquête parlementaire est à pied d’œuvre. Le Gouvernement n’a rien à cacher. Le bel ouvrage de Muanda version DORECO a coûté USD 4,7 millions. Pour mettre en place ce Projet, il a fallu liquider les engagements de la République auprès du consortium WACS, soit USD 25 millions. À cela, il faut ajouter l’investissement de la ligne Muanda-Kinshasa, soit USD 32 millions. Soit USD 61,7 millions.

8. CÉRÉMONIE DE LANCEMENT.

Il y a plus d’un an, le 11 mai 2002, 13 des 14 pays membres du Consortium WACS ont pris le départ, cela fait plus d’un an, laissant sur le quai la très grande République Démocratique du Congo.

Alors que l’ouvrage du point de vue de génie civil a été réceptionné depuis plusieurs mois, que les équipements étaient installés par l’équipementier officiel de WACS, le Français Alcaltel-Lucent qui avait attesté que l’ouvrage avait été réalisé selon les règles de l’art, que les équipements fonctionnaient parfaitement, que le go ahead opérationnel du consortium WACS était donné (le fameux Ready for Service), que le signal haut débit était envoyé par Londres jusqu’à Kinshasa en passant par Muanda, le Gouvernement se devait de tout mettre en œuvre pour réduire ce retard humiliant et inacceptable pour notre pays, et arrêter l’image d’un pays présenté comme un trou noir sur le Continent dans le secteur des télécoms.

Malgré tout, le Gouvernement n’entend pas s’arrêter là et redouble d’efforts pour rendre au pays sa place naturelle de «HUB» du Continent. À ce propos, je me dois de remercier le Président de la République, Chef de l’État pour avoir rehaussé de Sa présence cette cérémonie historique, de haute portée technologique, qui marque un tournant économique. Pour l’inventeur de la Révolution de la Modernité, le Chef de l’État ne pouvait manquer un tel événement.

9. CONSIDÉRATIONS FINALES.

Les efforts du Gouvernement, dans le domaine des télécoms et des NTIC ne visent pas à redonner simplement espoir au Peuple congolais. Ils tiennent à matérialiser l’émergence du pays au moyen des technologies innovantes selon la vision de la Révolution de la Modernité prônée par Son Excellence Monsieur le Président de la République, chef de l’État, Joseph Kabila Kabange.

Une première autoroute de l’information vient de voir le jour entre Muanda et Kinshasa. D’autres sont en voie de construction. Il reste à multiplier les avenues et autres ruelles pour atteindre les sièges des entreprises, les pâtés de maisons, le logement de chacun de nous.

Cela passe par la mise sur pied d’une structure professionnelle de gestion et d’exploitation de ces infrastructures ultra modernes - dont le projet est sous examen au niveau du Gouvernement - et de connecter le maximum de nos concitoyens à la Société de l’Information avec certes les moyens de l’État mais aussi en recourant aux capitaux privés. Je peux comprendre le débat qui a cours dans le Secteur, auprès des professionnels. À propos de la fibre optique, il faut noter que cette technologie ne vaut pas un penny sans opérateurs et sur les six sociétés de téléphonie mobile, il y a les deux grands (Airtel et Vodacom), puis Orange et Tigo, puis Africell et Standard Telecom.

Je vous informe que Standard Télécom utilise déjà la fibre optique de Muanda, Vodacom a déjà signé son contrat Fibre optique. Restent Airtel, Orange, Tigo et Africell, qui ne peuvent que signer le contrat Fibre. Ils n’ont pas le choix: entre la fibre optique et le satellite, le choix est clair. Il faut ajouter l’opérateur MTN qui exploite le réseau en République sœur du Congo sur la liste de ceux qui utilisent déjà la fibre de notre pays.

Les journalistes que vous êtes connaissent fort bien l’histoire de la presse, celle de la première agence de presse au monde. Reuters est comme la structure qui devra gérer demain la fibre: elle fournit aux opérateurs-journaux un service de gros. À eux de l’exploiter au détail pour le public.

À l’époque de la venue de Reuters, les journaux ont eu beau s’opposer à cette agence estimant devoir collecter eux-mêmes les informations mais face à la machine de Reuters, les journaux ont déposé les armes, l’un après l’autre, aux pieds de l’agence et chacun a signé un abonnement s’il ne voulait pas être éliminé du marché. Cela est dû certes à l’impossibilité des journaux de concurrencer la puissance de la machine mondiale d’information dont collecter l’information est le métier, mais cela dépend certes en l’espèce des capacités techniques, financières, commerciales de la structure que le Gouvernement se doit de mettre en place.

Je peux vous garantir que le Gouvernement travaille d’arrache pied afin de mettre en place cette structure susceptible d’offrir un travail de qualité capable d’attirer les opérateurs mobile et ISP.

Fait à Kinshasa, le 17 juillet 2013.

Prof. Tryphon Kin-kiey Mulumba,

Ministre des PT&NTIC.

Tags: 

Related Posts

About author

Portrait de kkmtry

Tryphon Kin Kiey Mulumba