L’Union Sacrée vers un Grand Chelem?
  • lun, 28/12/2020 - 12:04

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1513|LUNDI 28 DECEMBRE 2020.

Au tennis, on appelle cela «le Grand Chelem» lorsqu’un joueur remporte au cours d’une même année les quatre tournois majeurs qui sont les plus prestigieux et les plus difficiles à gagner sur le circuit professionnel international qu’organise la Fédération internationale de tennis.

ÇA PASSE OU ÇA CASSE.
Ce sont l’Open d’Australie à Melbourne en dur qui ouvre la troisième semaine de janvier, les Internationaux de France de tennis à Paris à «Roland-Garros» sur terre battue qui commencent la dernière semaine de mai, le tournoi de Wimbledon «The Championships» à Londres sur gazon qui débute la première semaine de juillet et l’US Open de tennis à New York en dur qui débute la dernière semaine d’août. Mais des prodiges du tennis Andre Agassi, Rafael Nadal, Serena Williams, Roger Federer et Novak Djokovic sont parvenus à ce jour à détenir les quatre titres du Grand Chelem simultanément, à cheval sur deux saisons.

Après son éclatant match au cours duquel il réussit à écarter du perchoir jeudi 10 décembre 2020 (par 281 voix contre 200) celle qui était élue le 24 avril 2019 présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda Lioko Mudiayi, 56 ans, la dynamique de l’Union sacrée de la Nation prônée par le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, portée par les Congolais, appuyée par les chancelleries occidentales et les chefs d’Etat africains chemine-t-elle vers un Grand Chelem qui consisterait demain à faire descendre Alexis Thambwe Mwamba de son piédestal matelassé du Sénat, à le placer dans la salle commune et, du coup, à faire tomber démocratiquement le Gouvernement Sylvestre Ilunga Ilunkamba qui n’attend que cela, semble-t-il?

Rien n’est impossible et ce serait un acte de cause nationale dont l’Histoire au Congo et dans le monde se souviendraient longtemps. Mais le jeu en vaut-il la chandelle ? En clair, faut-il, que le sang coule dans les deux hémicycles jusqu’à l’avenue du roi Baudouin, à l’Hôtel du Conseil pour que le Congo recouvre la chance de se reconstruire ou, au contraire, il arrive un moment où, tout bien considéré et au vu du déséquilibre des forces sociales mobilisées, des ralliements automatiques s’imposent d’eux-mêmes...

Dans son discours du 6 décembre 2020, le Président de la République n’est pas allé par quatre chemins. D’une part, «le Gouvernement de coalition institué au lendemain de l’alternance politique intervenue en janvier 2019 (n’ayant) pas permis de mettre en œuvre le programme pour lequel (le Candidat n°20) a été porté à la magistrature suprême, que d’autre part, il n’a pas été capable de répondre aux attentes et aux aspirations de notre peuple, de même «le rejet de la coalition entre le Front Commun pour le Congo et le Cap pour le Changement» ayant été «mis en évidence à une écrasante majorité», ou le Président de la République se reconstitue «une nouvelle coalition réunissant la majorité absolue des membres au sein de l’Assemblée Nationale» pour accompagner sa vision d’«une démocratie exemplaire et d’un véritable État de droit», en clair, de lutte contre «le cancer de la corruption» et l’impunité, celui «de voir émerger un Congolais nouveau pour un Congo debout, entamant résolument sa marche vers le progrès» ou, «fort de ce que les raisons de dissolution sont réunies en ce qu’il existe effectivement une crise persistante cristallisée notamment par le refus du Parlement de soutenir certaines initiatives du Gouvernement comme ce fut le cas lors de la prestation du serment des membres de la Cour Constitutionnelle», Tshisekedi usera «des prérogatives constitutionnelles qui (lui) sont reconnues, pour revenir vers (le) peuple souverain, et (lui) demander une majorité».

ETAPES IMPARABLES.
La nouvelle direction pour le Congo est donc tracée. Ou ça passe ou ça casse, il n’existe aucune autre alternative...
Dans ce cas, ne faut-il pas voir dans cette détermination présidentielle - une rude bataille politique engagée sans merci, explique son entourage - une volonté d’y aller à tout prix et, à nouveau, advienne que pourra et face à l’extrême urgence que requiert la situation Congo comme le Président de la République l’exprime avec des mots choisis ci-après?

«Près de trois semaines durant, avec les représentants des différentes forces politiques et sociales du pays, j’ai eu le privilège d’aborder les sujets les plus préoccupants pour l’avenir de notre pays. J’ai recueilli des mémorandums, cahiers de charges, notes, projets et autres courriers aussi bien individuels que collectifs. J’ai été impressionné par la clarté des analyses et recommandations de mes différents interlocuteurs.

Une fois de plus, j’ai ressenti l’immense douleur, doublée de révolte, de mes compatriotes face à la situation d’instabilité et de guerre larvée qui perdure dans une partie du pays ; j’ai été anéanti par les témoignages renouvelés des victimes d’atrocités ; j’ai mesuré la soif, exprimée par tous, d’une démocratie exemplaire et d’un véritable État de droit; j’ai compris que notre peuple et la majorité de ses élites, ne supportent plus d’être pris en otage par le cancer de la corruption, des traitements discriminatoires, des discours creux et démagogiques ; J’ai ressenti la lassitude de nombre d’entre vous, toujours plus impatients de voir des résultats concrets sur le front socio-économique changer leur quotidien et celui de leurs enfants. J’ai pris bonne note des attentes précises de chaque catégorie consultée, ainsi que celles spécifiques aux différentes provinces».

Tout ce qui montre le refus absolu du Président de la République de faire du surplace mais au contraire, «de construire la société que notre jeunesse mérite».
Du coup, «nous n’avons pas le droit de prendre en otage le devenir de notre Nation à cause de querelles politiciennes et de repositionnement. Je ne peux en conséquence me résoudre à demeurer dans le statu quo et l’immobilisme».

CAUSE JUSTE COMMUNE.
Puis : «Le temps n’est plus propice aux atermoiements, ni aux discussions stériles, ni encore aux intérêts partisans. Les replis tactiques et les combats d’arrière-garde n’ont plus aucun sens. Ce moment historique nous impose de prendre nos responsabilités, en vue d’instaurer un État de droit et de démocratie conformément à la mission que vous m’avez confiée, et dont je mesure la grandeur.

C’est pourquoi j’ai décidé de faire porter le grand projet de refondation du pays par l’ensemble des forces vives politiques et sociales que compte notre pays, au sein d’une Union Sacrée de la Nation. Par Union Sacrée, j’entends une nouvelle conception de la gouvernance basée sur les résultats dans l’intérêt supérieur de la Nation. Il s’agit d’adhérer aux valeurs, principes et cadre programmatique dont je viens de fixer ici les grandes lignes.

Ainsi pour rendre effectives et concrétiser les réformes envisagées, la majorité parlementaire actuelle s’étant effritée, une nouvelle majorité est nécessaire».
Dans ce cas, comment ne pas comprendre que les jours de l’ex-majorité parlementaire FCC fabriquée, distribuée à la pelle à un groupe de sympathisants triés sur le volet et pour les besoins de la cause, à savoir, reproduire un système de prédation caractérisé honni - appartiennent plus que jamais au passé et qu’après la chute de Jeanine Mabunda Lioko Mudiayi, il reste deux tournois imparables - cause juste commune pour l’écrasante majorité des Congolais - que sont le départ d’ATM et la destitution de l’équipe Ilunga Ilunkamba. Janvier 2021 s’annonce chaud. Très chaud.
D. DADEI.


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