La CENI va-t-elle survivre après Malu Malu?
  • ven, 16/10/2015 - 03:39

Comment va-t-on gérer l’après Malu Malu? La question taraude tous les politiques congolais!
Issu de la société civile - et de la composante confessions religieuses - le prochain chef de la Centrale électorale congolaise devrait théoriquement provenir de cette composante et de cette sous-composante. Mais au Congo, il n’y a rien, à proprement parler, qui soit facile.

L’un des connaisseurs de la législation de la Céni, doublé de juriste et de législateur, l’ancien 1er Vice-président de la Céni, Jacques Djoli Eseng’Ekeli (Equateur, MLC, oppo.) est du même avis.
«C’est la société civile particulièrement la composante confession religieuse qui doit automatiquement designer un autre candidat en tenant compte de l’ensemble d’équilibres et de susceptibilité liés à cette fonction. Mais si sur le plan du droit, la question ne se pose pas mais c’est le remplacement à titre individuel, la susceptibilité, la sensibilité, la spécificité de cette fonction qui suscitent quand même un certain nombre des questions qu’il faudra examiner. Et je crois que ce n’est pas un hasard, si l’article 53 bis de la loi portant organisation de la Céni confie la tâche de consultation, d’installation, de désignation des membres du bureau de la Céni à l’Assemblée nationale», a-t-il expliqué sur les ondes d’une radio à Kinshasa.
Après ce départ attendu, annoncé samedi 10 octobre dernier par la présidence de la République, la bataille de la succession fait rage à la Céni alors que la Chambre basse elle-même doit régler des remplacements à son bureau avec des élections qui s’annoncent comme un vrai casse-tête pour la gouvernance.

DEMANDES DE FONDS «OUTRAGEUSES».
Et alors, comme on pouvait le craindre, arrivent à la surface des questions d’argent avec une polémique sur des décaissements de fonds.
Au départ, c’est le ministre de l’Economie Modeste Bahati Lukwebo qui aurait affirmé, selon un courrier de la Céni que l’institution électorale recevait, depuis plusieurs années, 20 millions de dollars mensuellement pour la prise en charge du processus électoral.
Or, dans une lettre datée du 9 octobre qui circule sur les réseaux sociaux, la Céni se plaint de ces propos, démentant qu’elle reçoive 20 millions de dollars mensuellement pour la prise en charge du processus électoral.
Mais qu’elle n’a reçu sur les exercices budgétaires de ces trois dernières années que 17 % des fonds alloués par le Parlement. Tous les fonds reçus par le gouvernement sont bien traçables dans les deux rapports annuels de la Céni déposés au Parlement, souligne le courrier.
Pourtant, des sources expliquent que la Céni présentait des demandes de fonds «outrageusement exagérées» et qu’elle attribuait «au-delà du raisonnable» ses dirigeants. Des salaires de plus de 32.000 dollars US/an seraient versés à chacun des membres quand ceux-ci représentant divers partis, reversent au moins 10% à leurs partis politiques, soit 3.200 USD/mois. «Scandaleux», expliquent des élus qui entendent dénoncer «ce gâchis».
On reproche aussi à la Céni - surtout celle des années pasteur Daniel Ngoy Mulunda - d’avoir dépensé sans compter. Le cas d’acquisition d’un ensemble de stations de communications par satellite qu’elle voulu offrir au secteur des Télécoms expliquant qu’elle n’en avait plus besoin! Sans compter comment le bâtiment du boulevard du 30 juin fut refait, à coup de millions de dollars. Ce fuernt les années de vaches grasse!
Pourtant, la logistique serait à reconstituer.
Dans un rapport 2014-2015, la centrale fait état de la défectuosité de plusieurs engins: véhicules, motos, groupes électrogènes, etc. Sans ces moyens, la Céni serait dans l’incapacité d’organiser des élections dans des conditions acceptables. Sur 626 véhicules que compte la Céni, 28 seraient en très bon état. Elle réclame le remplacement d’au moins 392 véhicules actuellement hors usage.
Selon ce rapport, lors de ces deux cycles électoraux, la Céni avait acquis 2.580 motos. Sur le lot de matériel roulant adapté aux sites à accès difficile, 3% de ce matériel serait encore opérationnel, soit 86 motos.

PREALABLES EUROPEENS.
Quant aux groupes électrogènes, 39% des 6.011 sont hors d’état de fonctionnement. Du matériel hautement important dans l’arrière-pays où la desserte en électricité est inexistante ou insuffisante. Enfin, la question immobilière. Sur l’ensemble des bâtiments occupés par la Céni, 62% appartiennent aux privés et sont pris en location.
Le reste étant constitué de bâtiments publics. Mais ces derniers sont très délabrés et nécessitent des travaux de réhabilitation. C’est dire si la Céni n’est pas en état de marche... sans un vigoureux coup de pouce de la part du gouvernement ou des partenaires étrangers.
Si l’UE (Union Européenne) se dit prête à soutenir l’organisation des élections notamment la présidentielle et les législatives dans les délais constitutionnels, elle réclame la publication d’un calendrier électoral révisé et un plan de décaissement. Dans un communiqué lundi 12 octobre, l’UE dit prendre acte de la démission de l’Abbé Apollinaire Malumalu Muholongu. Elle salue «le travail du président de la Ceni (qui) a permis d’asseoir la crédibilité et l’indépendance de cette institution chargée de garantir la neutralité et l’impartialité dans l’organisation d’élections libres, démocratiques et transparentes». Un porte-parole de l’UE affirme attendre la nomination d’un nouveau président afin que la Céni organise les élections, notamment présidentielle et législatives, en respectant les délais prescrits par la constitution.
L’UE exprime sa volonté, dès que le nouveau président de la Céni sera nommé, d’appuyer le processus électoral. Elle dit attendre la publication du calendrier aménagé le plan de décaissement par la Céni. Et se dit prête à apporter son concours en vue de permettre au gouvernement, dans le contexte électoral, «d’assurer une plus grande ouverture de l’espace politique», en veillant au respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, citant notamment la liberté d’expression, la liberté d’association et de manifestation, la protection de tous les acteurs politiques, de la société civile, des journalistes et des défenseurs des droits de l’Homme.
Reste à savoir si le niveau de cet appui permettra à la centrale électorale de tenir ses engagements.


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