La visite au Congo du Roi des Belges
  • mer, 15/06/2022 - 13:22

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1554|MERCREDI 15 JUIN 2022.

Le roi Philippe et la reine Mathilde ont quitté le Congo lundi 13 juin par Lubumbashi où le couple royal a notamment visité l'École belge, ainsi que le Village Katanga à quelques kilomètres de Lubumbashi et a eu une séance académique à l'Université de Lubumbashi.

Ils étaient revenus la veille dimanche 12 juin dans la capitale cuprifère après un aller-retour à Bukavu, au Sud-Kivu où ils avaient passé la journée dominicale en visitant l’Hôpital Général de Panzi tenu par le Prix Nobel de la Paix en 2018, le gynécologue et militant des droits de l'homme, le Dr Denis Mukwege et l’Institut International d’Agriculture Tropicale.

À Bukavu, le roi et la reine avaient rencontré des membres de la communauté belge résidant dans la partie orientale du pays.

Cette visite de Philippe au Congo, la première visite de la famille royale belge depuis celle en 2010 de son père Albert II, avait été deux fois reportée, en 2020 à la suite de la pandémie de Covid-19 et au début de cette année suite à la guerre en Ukraine.

Arrivé à Kinshasa mardi 7 juin en fin d'après midi, le roi Philippe et la reine Mathilde qui visitaient pour la première fois le Congo, ont passé une semaine dans le pays.

Dans la Capitale, le roi Philippe a eu un programme chargé dès le lendemain 8 juin 2022.

Dépôt d'une couronne de fleurs au Mémorial des Anciens Combattants, croisement des avenues Force Publique et Gambela ; décoration du dernier soldat congolais survivant de la dernière guerre mondiale, le caporal Albert Kunyuku, faisant l’ancien combattant Commandeur de l’ordre de la Couronne, saluant le mérite et les efforts des Congolais aux côtés de la Belgique pendant les deux guerres mondiales; dévoilement au Musée National d’une pièce géante du peuple Suku, retirée du Musée de Tervuren ; tête-à-tête avec le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo; visite de l’hémicycle du Palais de la Nation où avait eu lieu, le 30 juin 1960, la déclaration d’indépendance et où se déclencha l'incident qui conduisit à la première crise belgo-congolaise et l'assassinat du premier Premier ministre congolais, Patrice Lumumba; séance photos dans le jardin du Palais de la Nation, plantation d’arbres dans le jardin du Palais de la Nation; échange de discours, banquet officiel; visites du projet Kinemploi à Silikin Village, de l'Ambassade de Belgique, du marché des pagnes, de l'Institut National de Recherche Biomédicale, INRB, de l’Académie de Beaux-Arts, table-ronde autour des femmes congolaises, etc.

PAS DE PARDON, «LES PLUS PROFONDS REGRETS».
L'Histoire retiendra de ce voyage l'adresse faite par le roi des Belges au Palais du Peuple. Un discours de 16 minutes prononcé mercredi 8 juin, attendu par les Congolais dans lequel le roi des Belges n'a pas prononcé le mot «pardon» qui aurait logiquement impliqué réparation financière.

Il n'y a donc eu ni pardon, ni réparation mais des regrets même si à Bruxelles, au Parlement belge, dès le lendemain 9 juin, la question de la « culpabilité » et des réparations a fait débat.

Pour le Premier ministre belge Alexander De Croo qui faisait partie du voyage, « les regrets sont plus forts. D’ailleurs, le président Tshisekedi ne demande pas d’excuses. Ce qui est important, c’est ce qu’on va faire demain pour une population extrêmement pauvre, qui souffre tous les jours pour trouver à manger».

Le président congolais, qui s’est exprimé lors d’un point de presse commun avec le Premier ministre belge, Alexander De Croo, n’a en effet rien voulu exiger de la Belgique. « Nous ne nous sommes pas appesantis sur le passé qui est le passé et qui n’est pas à reconsidérer.

Le passé, il est à la fois glorieux et triste (…), nous voulons regarder l’avenir », a-t-il déclaré après son tête-à-tête avec le roi au palais de la Nation, annonçant que son pays allait signer plusieurs accords avec la Belgique, notamment économiques et dans les domaines de la défense, de la culture et de la jeunesse.

À l'esplanade du Palais du Peuple, siège du Parlement, face au Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, face aux membres du Gouvernement, face aux députés et sénateurs, face à la foule venue nombreuse, le roi des Belges a réitéré ses regrets - « mes plus profonds regrets » - après les humiliations et les exactions dont le pouvoir colonial belge s’est rendu responsable, au Congo, pendant plusieurs décennies.

«Aujourd’hui, s'adressant au peuple congolais, vous souhaitez écrire un nouveau chapitre dans nos relations et regarder vers l’avenir, encouragé par la formidable jeunesse du peuple congolais qui ne demande qu’à valoriser ses talents.

Écrivons ce nouveau chapitre ensemble. Sans oublier le passé, mais en l’assumant pleinement, afin de transmettre à la nouvelle génération une mémoire réfléchie et pacifiée de notre histoire commune. Bien que de nombreux Belges se soient sincèrement investis, aimant profondément le Congo et ses habitants, le régime colonial comme tel était basé sur l’exploitation et la domination.

Ce régime était celui d’une relation inégale, en soi injustifiable, marqué par le paternalisme, les discriminations et le racisme. Il a donné lieu à des exactions et des humiliations. À l’occasion de mon premier voyage au Congo, ici même, face au peuple congolais et à ceux qui aujourd’hui encore en souffrent, je désire réaffirmer mes plus profonds regrets pour ces blessures du passé.

Sincères regrets que j’avais exprimés dans la lettre que je vous ai adressée, Monsieur le Président, il y a deux ans maintenant, pour le 60ème anniversaire de l’indépendance».
T. MATOTU.


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