Lettre ouverte : Le pouvoir est un brin sacré; il inspire respect.
  • dim, 29/03/2015 - 06:25

Cela jase tellement dans le pays et au sein de la famille de la majorité au point d’imposer dimanche 22 mars une réunion d’orientation du Président de la République, Autorité Morale de la Majorité que j’ai résolu de rédiger une lettre ouverte sous forme de Lettre à l’Histoire que voici.

Le débat qui déchire aujourd’hui la famille de la majorité présidentielle peut se résumer en cinq points.

1. L’extrême cristallisation sur un passé enfoui.
La majorité regarde trop souvent derrière quand elle doit regarder droit devant elle plus que jamais. Toutes les postures affichées aujourd’hui au sein de la majorité partent des résultats des Législatives de 2011. Si ces scrutins avaient été parfaits, le pays n’en serait pas au projet de loi de révision de la loi électorale dont il faut regretter le gâchis en janvier 2015.
Nul n’ignore les résultats de ces Législatives - sortis trop souvent des bureaux de vote, trop souvent des centres de compilation des résultats, trop souvent des conciliabules avec des magistrats.
Si des candidats malheureux de la CENI ont été réhabilités à la Cour Suprême, nombre d’entre eux n’ont pu être proclamés n’ayant guère fait droit à la rançon qui était exigée…
En 2011, les plus pathétiques confrontations électorales ont opposé jusqu’à épuisement des partis de la majorité entre eux, incapables de s’entendre…!
Sur base de ces résultats s’en sont suivies des réclamations de portefeuilles. Puis des frustrations...
On comprend que certains disposent de plus de marge de manœuvre et fassent montre de chantage avec plus ou moins de succès!
Dans cette affaire, l’incroyable est que cinq ans plus tard, à la majorité, on invoque pieusement ces lauriers d’antan quand la famille fait face à des enjeux d’une autre nature qui se déclinent en termes d’existence comme famille menacée d’implosion et de reproduction du modèle de société présenté en 2011 par le candidat de la majorité, validé par le pays.

2. Les nouveaux enjeux auxquels le pays et la majorité font face.
La majorité engagera l’offensive de façon coordonnée ou elle périra. Dans la vie, jamais, on ne s’est sauvé seul. La loyauté à la famille, au Chef, vainc toujours. Elle est la cuirasse qui ne faillit pas…
Les enjeux de 2016 pour la majorité c’est de jouer collectif. Or, la majorité peine à faire le jeu collectif. Elle serait ce conglomérat sans âme, qui, à intervalles réguliers, se porte des coups. Que reste-t-il d’un royaume divisé contre lui-même?
Le tout récent cas qui ne saurait être le dernier est le courrier du 22 février et du 5 mars dont les médias ont fait large écho.
Avec hallucination, on apprend que le projet politique de la majorité est à la phase d’«essoufflement». Que la majorité est en «rupture de contrat de confiance» passé d’une part avec le peuple et d’autre part avec la communauté internationale. Que la majorité «ne semble plus en mesure de faire une nouvelle offre politique crédible qui lui permette de se réconcilier avec la majorité sociologique du pays».
Puis, comme un couperet, que la majorité a intérêt à «réévaluer sans complaisance son action à la tête de l’Etat, ses méthodes de travail, ses politiques publiques, ses stratégies, sa structuration interne et son fonctionnement».
En clair, rien moins que la remise en cause (et la mise en cause) de Joseph Kabila Kabange à la tête de l’Etat.
Si elle accepte que c’est Kabila et Kabila seul qui les réunit, il s’en trouve des membres qui passent du temps à tenter de lui porter le coup fatal. Quand il s’en trouve pour défendre et illustrer l’œuvre et l’action de Kabila, ils ne seraient que des lèche-culs pour qui il faut vite dresser une potence! Comme si Kabila n’était jamais digne de rien et qu’il n’a jamais rien posé d'acte susceptible d'attirer l'attention de ses congénères! Vous dites être contre la pensée unique?
En lançant trois ans avant son terme normal le début de la fin de mandat du Président de la République, en distribuant des exploits dans la presse et dans des chancelleries, que vise-t-on? Déstabiliser, décrédibiliser, désacraliser Kabila. Perpétrer un coup d’état interne (le parricide).
Si elle veut vaincre, une famille doit serrer les rangs autour de son chef et tourner le dos aux complots sans fin!
Si la presse interroge sur ce qui la passionne, elle fait son métier mais qui a dit que chaque question de journaliste mérite une réponse? Dans quel but, l’homme politique s’estime devoir faire droit à toutes les questions des journalistes ou des annonces sur Facebook, Twitter, etc.? Le Congo me paraît faire un usage disproportionné des médias.
Au fond, c’est le Congo qui a outrancièrement légitimé l’audiovisuel étranger au point d’en faire un média local, avec plus d’audience dans toutes nos strates de la population que nos propres médias au point que les annonceurs locaux se tournent désormais massivement vers ces médias pour investir en publicité s’ils veulent toucher nos compatriotes! On en connaît qui s’arrachent les cheveux pour avoir raté les premières minutes d’un journal Afrique de tel audiovisuel «périphérique» toujours sinon généralement consacrées au Congo! Parfois on en a pour 10 minutes rien que pour le Congo! Comme ils peuvent être si attentionnés vis-à-vis de notre pays…!
C’est un phénomène de société à traiter comme tel: quand tout un pays se choisit des médias étrangers porteurs d’une culture d’adversité sinon antagoniste pour s’informer...
Du coup, des chercheurs se préoccupent d’un phénomène où un pays échoue à informer sa population par ses propres médias!

3. Incontinence verbale et médias étrangers prisés...
Ci-après quelques phrases entendues sur ces médias qui vous glacent le sang:
- «Il n’y aura pas de troisième mandat pour Kabila».
- «La CENI a décidé, et publié son calendrier; donc pas de troisième mandat pour Kabila…».
- «Nous devons aider le président Kabila à terminer son dernier mandat…».
- «Nous devons soutenir le président Kabila à terminer son mandat légitime…».
- «Je prends mon congé, je me plonge dans la réflexion, je fais le tour ou le safari du Congo. Après j’aviserai… ».
- «Je suis membre du PPRD. Je suis dans ce parti pour veiller au respect de la démocratie…» (...).
Des phrases prononcées par un membre (soi-disant) de la majorité, reprises en chœur par d’autres!
Tout ça aujourd’hui? Tout ça pourquoi?
Tout ça entendu dans le monde entier, à la radio et à la télé? Si la décision a été prise de pousser Kabila à la sortie, avant l’heure, on ne s’en serait pas pris autrement!
Car «aider Kabila à terminer son dernier mandat…», cela ne rappelle-t-il pas le fameux Balai citoyen burkinabé ou Y’en a marre sénégalais?
Au fond, sont-ce des Burkinabé et des Sénégalais qui ont inspiré Filimbi (sifflet…, cela ne vient-il pas du Swahili et de L’Shi?), Lucha ou «Ba jeunes Maboko na Maboko pona Congo»? A la vérité, ne nous cachons surtout rien: la majorité a déclenché la logique du dauphinat et s’en est à tort aveuglée.
Depuis trois ans, Kabila est un has been car chacun a hâte à être dauphin, à se proclamer candidat, à lui succéder, sinon à hériter de son trône, du moins à le prendre! La majorité veut se délester de Kabila pour se blanchir de ses péchés! Mais lesquels?
La majorité ignore (ou feint d’ignorer) que Kabila dispose d’un bilan: sécuritaire, politique, économique (l’une des trois économies au monde qui connaissent la plus forte croissance, c’est un directeur - parmi les plus emblématiques - du Fonds Monétaire International qui le dit, mais aussi le PNUD et la Monusco n’en disconvient pas) dont la majorité doit être fière. Cette œuvre qui se déploie est signe de vision. Elle est à illustrer et à défendre.
Au fond, si on y regarde bien, quel Congolais pourrait demain gagner sans Kabila ou contre Kabila?
En s’engageant dans la course au dauphin, la majorité a décrété la désacralisation du chef qui incarne la famille. Qu’est-ce qu’est le chef sans cette part de sacré que renferme son pouvoir, sans le respect et la loyauté qui lui sont dûs? Au fond, n’y voit-on pas là forme de mépris? Comment demain rétablir l’Autorité ainsi dévoyée? Comment reprendre la main quand on a contribué à créer soi-même une perception ancrée dans l’opinion? Quand la fente est faite, comment reboucher le trou?

4. Les concertations ont été un échec patent…
Ces concertations que j’ai réprouvées et combattues…
D’emblée, qu’on nous comprenne bien: comprises comme espace de dialogue, lieu de recherche d’un consensus au sein de l’élite, les concertations doivent être encouragées mais les nôtres malheureusement étaient trop mal engagées. Avant d’y aller, les parties en concertation auraient dû harmoniser les vues et apprêter les projets des conclusions. On y est allé sans savoir pourquoi on y allait. On s’est dit: allons y et... on verra là-bas!
Résultat? Un projet d’exécutif dit de cohésion nationale y a vu le jour mais qui, 100 jours après, tarde à décoller!
Ces concertations auraient donné lieu à un consensus interne qui comptait pour la majorité: elles ont réglé le sort de chacun sauf celui du Président de la République!
Au sortir du Palais du peuple après le discours de clôture «Je vous ai compris» du Chef de l’Etat, tous avaient le sourire!
Politiquement, humainement, les concertations ont échoué en ne réglant pas LA question qui en valait la peine: celle du Chef. Et on a voulu que le Chef fasse droit aux recommandations…! Les concertations n’ont rien été d’autre sinon une escroquerie politique.
Mais voilà que cet exécutif dit de cohésion voit le jour sans cohésion en interne, sans consolidation de la famille. On vient à se demander la logique - la morale - qui offre des cadeaux à ceux qui ont donné du fil à retordre à la majorité, ont houspillé, injurié, humilié jusqu’à en perdre le verbe, le projet du candidat de la majorité! Cela aurait pour nom démocratie. Mieux cohésion nationale…!
Démocratie et cohésion qui ont certainement un goût amer!

5. Pour une grande coalition réfléchie…
Comment voyons-nous l’avenir de la famille?
Je suis un adepte de la Grande Coalition à la Museveni («J’ai formé un Gouvernement de 100 ministres et ai fait l’économie de mille guerres») où rien ne se passe. J’avais plaidé cette thèse face au 1er Vice-Président de l’Assemblée nationale Charles Mwando Nsimba, du temps de la mission d’information. Il s’agit d’une Grande Coalition pensée, réfléchie, basée sur des personnalités fortes qui acceptent de jouer le jeu, avec à la clé du fil conducteur.
Nul n’affaiblira jamais Tshisekedi (une icône) en recrutant ses sous-lieutenants! Nul ne réduira Jean-Pierre Bemba en mettant l’adresse de son MLC sur boulevard Triomphal quand c’est patent que c’est sur avenue du Port. Nos partis politiques appartiennent à leurs fondateurs, ceux qui les ont créés, les financent jour après jour, s’épuisent chaque jour en donnant un petit transport à chacun qui se rend à une réunion… Au fait c’est quoi le Collège des Fondateurs? Chasser Mbusa du RCD-KML en décrétant son départ par un vice-roi, cela ne marche pas!
Il nous faut avec courage parler avec les leaders, qui sont prêts à nous écouter! Tous sont prêts, il suffit de les écouter!
Quand les Congolais auront réalisé un consensus en interne dans un pays exposé à toutes les convoitises, il n’y aura pas un diplomate de quelque pays que ce soit pour venir imposer un schéma!
En politique, impossible n’existe pas… Même s’ils ont réclamé les élections - et leur «calendrier électoral global» - nul au sein de la classe politique, de l’opposition comme de la majorité, n’est prêt à aller aux élections.
Si par accident, élections doivent avoir lieu, malgré leur coût auquel personne ne saurait faire face - ni le Gouvernement, ni la Communauté internationale - le Congo ne doit pas fléchir: la CENI a publié son calendrier. Elle seule dispose de ce pouvoir de par nos lois. Il faut commencer par les locales, les communales, les provinciales et sénatoriales… La démocratie c’est à la base! Et c’est elles qui installent cette démocratie. De même, le découpage territorial est irréversible. Il rapproche le sommet de la base. Ensuite,c’est la loi votée dans les deux Chambres, promulguée par le Chef de l’Etat… L’Autorité n’est efficace que si elle est exercée!
T. KIN-KIEY MULUMBA.
Autorité Morale du P.A.
Président de
KabilaDésir Asbl.


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