RAM : colère toujours
  • lun, 25/10/2021 - 11:27

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1537|LUNDI 25 OCTOBRE 2021.

Comme des Gilets Jaunes français, une centaine d'individus anti-RAM (Registre des appareils mobiles) se sont faufilés, samedi 23 octobre, non sans esbroufe, dans le meeting de l'UNC de Vital Kamerhe Lwa-Kanyinginyi, au stade Cardinal Malula (ex-24 novembre), dans la commune de Kinshasa pour exiger la suppression sans délai de cette taxe ou redevance, c'est selon.

Les Congolais ont en effet diversement apprécié la décision du Conseil des ministres de ne suspendre le RAM que pour les téléphones de deuxième génération qualifiés par ironie, dans le parler kinois, de «Tshombo Kikalakasa» (portable sans valeur).

Pour le gouvernement, 75% des abonnés GSM au Congo utilisent le «Kikalakasa».
Il faut cependant préciser, selon le compte rendu fait par le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, « le Premier Ministre a reçu le Rapport détaillé de la question orale avec débat destinée au Ministre des PT-NTIC au sujet des prélèvements sur le Registre des Appareils Mobiles (RAM).

En attendant l’approfondissement de cette question en Conseil des ministres, le Premier Ministre a décidé de la suppression de cette perception pour tous les téléphones de deuxième génération qui concerne 75% des abonnés. Le ministre des PT-NTIC est chargé de l’exécution de la présente décision dans le meilleur délai ».

Il ne s'agit donc que d'une mesure d'urgence dans l'attente d'un débat en Conseil des ministres.
Il n'empêche ! Les organisations de la société civile espéraient la mise en application immédiate de la mesure contenue dans la nouvelle loi n°20/017 du 25 novembre 2020 relative aux télécommunications et aux technologies de l'information et de la communication, promulguée par le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, et qui, depuis mai 2018, moisissait dans les tiroirs hérités de son prédécesseur.

Le gouvernement aurait dû mettre en place un établissement public chargé de promouvoir les télécoms et les TIC dans les zones rurales et péri-urbaines jugées sans intérêt par les opérateurs mobiles privés. Cet établissement doit être financé par un fonds dit de service universel du secteur des télécommunications et des technologies de l'information et de la communication résultant d'un prélèvement de 3% du chiffre d'affaires des opérateurs du secteur dont Vodacom, Airtel, Orange, Africell, etc. La loi offre, en outre, une faveur au ministre de tutelle : l'établissement est placé sous sa tutelle.

30% DU CAPITAL POUR LES R-DCONGOLAIS.
Au Congo, quoique le réseau de téléphonie cellulaire soit en pleine expansion, le nombre d’usagers ayant passé de 2001 à 2021, de 158.000 à plus de 40 millions, et le taux de pénétration de 0.3% à près de 33,3 % de la population selon des sources recoupées, le constat est qu'après de 20 ans de libéralisation du secteur des télécommunications, la mise en place du service universel, l'un de principaux objectifs escomptés de la fin du monopole de l'ex-OCPT (aujourd'hui SCPT) n'est plus que chimère.

La transformation de l'opérateur public en société commerciale menée le COPIREP, le Comité de pilotage de la réforme des entreprises publiques, n'a guère porté des effets de reengineering alors que les fréquences et les supports (poteaux métalliques) des fils de téléphonie fixe ont été soit dérobés, soit cannibalisés non sans la passivité sinon la connivence des décideurs d'antan. Hélas, l'optique de relance de la téléphonie fixe au bénéfice de l'opérateur public, SCPT, s'éloigne à la saint glinglin.

Autres préoccupations de la société civile : le gouvernement Sama Lukonde aurait dû s'impliquer afin que la part des 30% au moins du capital des entreprises télécoms soit effectivement réservée aux Congolais dont 5% pour les travailleurs congolais prestant au sein desdites entreprises.

Dans son exposé des motifs, la loi sur les télécoms stipule qu'elle vise à faire des télécommunications et les TIC un secteur véritablement porteur de croissance économique et créateur d'emplois au Congo, la sauvegarde des intérêts de l'Etat donc des Congolais, la facilitation de l'accès universel en particulier dans les zones rurales et isolées afin de mieux lutter contre la pauvreté. Pas si sûr avec le RAM.
POLD LEVI MAWEJA.


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