Risque d’AVC
  • mer, 02/12/2020 - 16:26

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1508|MERCREDI 2 DECEMBRE 2020.

Disons-le tout de go. S’il n’a pas appris le métier sur les bancs et l’a appris à l’ouvrage, le patron de TopCongo est désormais sur le toit des médias au Congo. C’est le point fort de tout grand : avoir du flair, savoir sentir les événements, les anticiper en en créant éventuellement. En fin de semaine dernière, il avait tout improvisé avant de sauter dans ces avions mode Covid-19 en partance pour l’Europe.

La veille, il appelle KKM (Kkmtry), lui propose un débat. KKM est surpris, hésite, refuse, puis... demande à réfléchir. Flairant finalement le refus - ce n’est pas la première fois que KKM rejette des sollicitations des médias - , Christian Lusakueno le lie, lance un audio, puis une vidéo. Des jingles. L’annonce... La grande annonce du Grand Débat du débat de son émission culte Face à Face, cette fois d’après Consultations présidentielles.
Dans les genres journalistiques enseignés dans les écoles de presse, il n’y a pas débat à ce stade car rien n’est connu. Il faut attendre qu’une option soit levée, annoncée.

Certes, le Congo et le monde s’attendaient à ce que le Président de la République revienne à eux trois ou quatre jours après la fin le 23 novembre des Consultations entamées le 2, pour leur livrer ses conclusions. Ils doivent prendre leur mal en patience. Le temps pour le Chef de l’Etat de consolider son option, de la valider, de la faire mariner avant de la livrer à son peuple souverain, quitte, entre-temps, à faire courir à certains un risque d’arrêt cardiaque.

IL PLEUT SUR KIN.
Un message diffusé sur les réseaux sociaux, alerte : «C’est chaud, cette fois. Ruberwa, Kamerhe, Mwilanya, avec des organisateurs externes, Kabila, Shadary, etc., pourraient provoquer un accident grave, hôpital en feu, camion sans frein, tueries voire ouvrir les prisons. Ils deviennent fous à l’approche du discours de Félix-Tshisekedi»...
Lusakueno, lui, a senti les événements. Il veut créer le buzz, tenir ses millions d’auditeurs et de téléspectateurs (l’émission est aussi diffusée sur des télés de streaming) en laisse, maintenir la pression, garder l’audience.
Des millions de Congolais ont vu le jingle comme tous ceux qui suivent les événements du Congo.
Ce soir-là, il pleut sur Kin. Qu’importe ! KKM a pris sa décision.

Il poste un tweet : «J’y vais, 19:30’, sans aucun doute pour la bonne cause nationale #Congo».
Malgré embouteillages et lacs à traverser, redoutant tout, il parvient par miracle à atteindre le portail noir de la radio TopCongo FM hissée sur les hauteurs de la ville quand son smartphone sonne. Christian Lusakueno en ligne, inquiet. Pourquoi ?
- «J’ai peur... Vous ne venez pas ? Le Sénateur Okitundu est déjà là, à mon bureau...».
- «Calme Christian», répond KKM qui fonce au volant de son véhicule.

«Deux acteurs politiques majeurs» - c’est ainsi que le top journaliste français d’origine congolaise, présente ses invités - ont fait un débat houleux vendredi 27 novembre sur la radio très suivie TopCongo FM.
Ce face-à-face oppose Léonard She Okitundu du FCC à Tryphon Kin-kiey Mulumba du CACH sur les enjeux de l’heure. Le premier a tout été dans le pays, l’autre, professeur d’Université, est un ancien ministre, président de parti, troisième homme de la présidentielle Fatshi.

«De l’avis général, le leader du Parti pour l’Action l’a emporté.
Aussitôt après l’émission, la toile s’est enflammée. Le leader du Parti pour l’Action, l’homme fort de Masi a gagné. Pour emprunter à la boxe, on a frôlé le K.O. Mais l’opinion publique, dans son rôle d’arbitre, a compté les points. Et les uppercuts de Tryphon Kin-kiey Mulumba ont fait pencher la balance du côté du leader du parti du Crabe. KKM, comme l’appellent si affectueusement ses partisans, a su défendre les couleurs du CACH à un moment décisif. Kin-kiey Mulumba qui est à la fois dans la réserve de la République et sur le banc de réserve côté CACH, est monté sur le terrain tel ce joueur que l’entraîneur utilise pour changer la physionomie d’un match. Coaching payant parce que KKM n’a pas raté son objectif.

Face à She Okitundu, l’autorité morale du P.A. défend Fatshi, les arguments béton à l’appui. Très applaudi sur les réseaux sociaux et dans l’opinion publique, Kin-kiey Mulumba met en avant les intérêts du peuple et de la Nation face au juridisme des FCC», écrit Forum des As, daté 30 décembre. «C’est rarement que les médias proposent aux Congolais un débat civilisé, dans lequel les participants ont un respect l’un pour l’autre, la courtoisie de mise. C’est pourtant à une partie aussi intéressante que nous ont convié MM. Kin-kiey Mulumba et She Okitundu. De la qualité, il y en avait aussi. Pas des propos érudits dans lesquels le public congolais se serait perdu, à cause des élocutions juridiques, constitutionnelles et autres termes savants qui ne cadrent plus avec la réalité vécue.

Et d’ailleurs, l’une des parties au débat a demandé que l’on s’abstienne de juridisme, que l’on ne tombe pas dans la vulgarité. Pas d’insultes qui avilissent celui qui insulte autant que l’insulté. C’était un débat de bonne facture auquel les Congolais aimeraient assister une fois de plus. Ce débat montre que ce ne sont pas les bonnes têtes qui manquent au pays. Ce pays a de la matière grise. Il lui manque la rigueur dans la méthode. Et si la personne qui introduirait cela aurait des bonnes têtes comme nos deux parties au débat, il ne s’en plaindrait pas», surenchérit La Prospérité (datée 1er février 2020) qui, la veille déjà, avait écrit : «On avait presque oublié la saveur des débats intellectuels, se fondant sur de vrais arguments, avec un respect mutuel et pour un véritable éclairage de la population sur des questions capitales. Le diplomate Léonard She Okitundu, membre de la plateforme politique Front Commun pour le Congo était vendredi dernier en face d’un ancien allié, le politique expérimenté Tryphon Kin-kiey Mulumba du Cap pour le changement, sur le plateau de l’émission Le Débat de la radio Top Congo FM.

Questions de l’heure, crise actuelle, conflits majeurs, les co-debaters ont mis en exergue leurs expériences personnelles de la gouvernance du pays, avec un come back sur l’histoire. A en croire KKM, pour sortir de la crise politique de l’heure, le référendum reste le dernier acte de l’œuvre constitutionnelle. «Le Président de la République élu démocratiquement est face à un parlement qui ne correspond pas à sa vision. Que voulez-vous qu’il fasse?», s’est-il interrogé. En tout cas pour ceux qui ont suivi le débat, KKM a jonglé avec le ballon dans l’histoire du général de Gaulle et le référendum en France. Pour d’autres encore, Kin-kiey Mulumba a défendu Fatshi avec les arguments béton à l’appui. Comme pour dire que CACH fait monter en première ligne ses attaquants de choc restés à la réserve jusqu’ici. Reconnaissant envers les internautes qui n’ont pas tari d’éloges envers sa personne, le Crabe a, dans un tweet buzzé, appelé les «Congolaises et Congolais, tous Ensemble, à être du bon côté de l’Histoire en majuscules».

Puis, toujours La Prospérité (éd. datée 30 décembre): «Déjà pour ce qui est de la sortie de la crise politique actuelle, Kin-kiey Mulumba brandit la carte du référendum comme solution idoine. Il s’agit d’une question qui continue d’alimenter les débats, même après les consultations nationales initiées par le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo dont les grandes décisions sont attendues par le peuple congolais (...). Kin-kiey Mulumba reste focus sur cette possibilité de résolution de crise. «Nous sommes face à une crise majeure, pourquoi ne pas passer à l’autre République comme cela s’est fait ailleurs ; le référendum est le dernier acte de l’œuvre constitutionnelle», déclare-t-il à la suite du Général de Gaulle lors de ce débat radiodiffusé et retransmis sur la chaîne Youtube de Top Congo.

Sur les possibilités matérielles de l’organisation d’un référendum, Tryphon Kin-kiey Mulumba fait valoir la minimalité des moyens requis. «On ne va pas dépenser 200 ou 600 millions de US$. Nous pouvons faire des économies. Le Président de la République élu démocratiquement est face à un parlement qui ne correspond pas à sa vision, que voulez-vous que le Président de la République fasse? (...). Avantage au Crabe dans le rôle offensif.

Toujours au cours dudit débat, lorsque Kin-kiey Mulumba évoque les conflits majeurs entre le Chef de l’Etat et le Premier Ministre, puis entre la Présidente de l’Assemblée nationale et le Président de la République, avec des réponses au chef de l’Etat par voie de communicants.

She Okitundu donne des arguments qui, visiblement, ne satisfont pas son contradicteur.
KKM de fustiger l’élection législative truquée de Masimanimba, en particulier, et à travers la République, en général, avant d’interroger son co-debater concernant la possibilité de pouvoir nommer un Premier ministre autre que celui du PPRD comme ce fut le cas avec le Palu à l’époque de Gizenga et Muzito.

Lors de ce débat houleux, Kin-kiey Mulumba dénonce l’évasion fiscale organisée par les dignitaires des FCC, des encaissements et réserves bancaires de moins de 600 millions de $US avant d’évoquer le fameux blocage du FCC pour favoriser l’échec de Tshisekedi, ce qui serait un bel argument pour les proches de Kabila aux élections 2023».
« Jamais depuis les années Mobutu, on n’avait eu droit à un débat d’une telle qualité » (Forum des As, daté 30 décembre).

Au total, Léonard She Okitundu aurait peut-être pu mettre Tryphon Kin-kiey Mulumba en difficulté s’il était dans le «vécu quotidien» des Congolais, qui ont l’intense envie de changement et qu’ils attendent mais l’ex-VPM de la Gombe connaît-il les réalités du pays profond hormis celles de l’Etat profond?
Coincé dans le juridisme en ignorant ce qui bouge partout, se passe alentours - Tunisie, Burkina Faso, Mali, Soudan, etc. - où constitutions et lois sont jetées à la rue, n’ayant pas répondu aux attentes des gens, coupé des réalités, il n’a su être à la hauteur.

Maîtrisant à la perfection le mode opératoire de l’ex-majorité présidentielle en tête son parti emblématique PPRD, le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba en profite pour avancer, dénoncer, valser quand il est provoqué. Le PPRD? Une «machine à calculs, à stratégies, à pièges, éloignant le couple de la cohésion nécessaire», rebaptisant cette fausse Coalition par son véritable nom - Cohabitation - rappelant, dossiers à l’appui, les différents pièges tendus.

Au fait, quel Congolais sait comment Antoine Gizenga Fundji fut destitué - invoquant finalement «un cerveau en état de marche mais un corps qui ne suivait pas» -, comment le Palu put garder la Primature, comment Adolphe Muzitu sut terminer le mandat du vieux Patriarche de Gungu, mais finit par être éjecté; comment les candidats Palu dégommés par la CENI, ont été confirmés dégommés par la Cour constitutionnelle, et comment cette cour dut se rasseoir pour les valider afin d’éviter l’éclatement des FCC? Comment des personnalités sans dossier à la CENI, au fameux BRTC, croyant aller au dauphinat furent «élus», depuis la Cour constitutionnelle au grand désarroi de la CENI ne put protester.
Vous dites «Parlement»? Extraits de ce Grand débat du Grand Face à Face qui aura battu tous les records, à en croire Christian Lusakueno.

Christian Lusakueno:
Qu’attend le FCC des consultations et du discours présidentiel annoncé ?

Léonard She Okitundu : Merci d’abord de m’avoir invité à cette émission pour débattre avec mon cher ami Tryphon Kin-kiey Mulumba, de la situation politique dans notre pays, particulièrement après l’initiative prise par le chef de l’Etat de procéder à des consultations et pour voir, d’après lui, comment assurer une Union sacrée qui permet de résoudre la crise latente que nous vivons actuellement dans notre pays.

Vous demandez ce qu’attend le FCC? Je dirais tout simplement que l’initiative a été prise par le Chef de l’Etat et c’est le Président de la République, au terme de ses consultations, qui devra nous dire, maintenant qu’il a écouté autant de monde qu’il a voulu, quelle conséquence il veut en tirer. Au fait, la balle est dans le camp, peut-être de mon co-debater, parce que c’est lui qui représente le CACH et, quelque part, le Président de la République. C’est donc au CACH de nous dire qu’est-ce qu’ils veulent trier comme conséquence de ces consultations.

CL. Vous ne craignez rien au FCC, puisque vous n’étiez pas de ces consultations… Vous n’avez pas idée de ce qu’il pourrait avancer, parce que cette coalition existe toujours ?
LSO : Pour nous, la coalition existe toujours parce qu’elle n’a pas été formellement rompue. Je pense que la coalition a été formée entre le Président en fonction et son prédécesseur en tant que chef de la majorité parlementaire. Et comme vous le savez, pour ne pas entrer dans le fond du problème, le contexte qui prévalait à l’époque, justifiait qu’au lieu de lever l’option pour la cohabitation, parce qu’il y avait discordance entre la majorité parlementaire et la majorité présidentielle, on aurait pu vivre ici, pour la première fois, une cohabitation.

Mais voyant le caractère conflictogène de la cohabitation, je pense qu’il y a eu entente entre les deux responsables politiques de plutôt œuvrer dans une coalition qui constituait un contrat de gouvernement, autant nous avons accepté d’associer les ministres CACH au Gouvernement. C’était ça, dans notre entendement. Mais l’implication, l’association des ministres CACH devait se faire dans le respect de la constitution. La constitution de 2006 a instauré dans notre pays un régime parlementaire. Donc, dès lors qu’il y a discordance de majorité, inévitablement, l’effectivité du pouvoir appartient au Chef du Gouvernement qui représente la majorité parlementaire au sein du bicéphalisme qu’il y a à l’Exécutif. Nous avons préféré la coalition. C’est pour cette raison que nous aurions voulu qu’avant que le Chef de l’Etat annonçât son initiative de procéder aux consultations, on aurait pu débattre de ce problème au sein de la coalition avant de l’annoncer. Tel n’a pas été le cas. Nous avons été surpris comme tout le monde par la presse. Jusqu’à présent, la coalition demeure, parce que le Chef de l’Etat n’en a pas encore annoncé le retrait.

Et donc, nous pensons que jusqu’à présent, celle-ci demeure et c’est au Président de la République, initiateur des Consultations, de nous dire quelle conséquence en tirer. J’ajouterais que si nous n’avons pas voulu participer à ces consultations, par la suite, vous connaissez les événements, on a failli, en fin de compte, nous résoudre de participer, mais il y a eu quelques couacs qui n’ont pas permis à ce que nous puissions participer à ces consultations. Donc pour l’instant, je crois que c’est à mon contradicteur qui représente le CACH et, quelque part, le Président de la République, de nous dire exactement, ou même essayer de nous dire ce que le Chef de l’Etat voudrait tirer comme conséquence par rapport à ces consultations qui viennent de prendre fin.

KKM : Bien, écoutez, Christian. Je vous remercie d’abord de m’avoir associé à ce débat. Deux fondamentaux. D’abord, j’ignore ce que dira le Président de la République. Je n’ai jamais rencontré le Chef de l’Etat pour parler des consultations avant son adresse du 23 octobre. La dernière fois que j’ai rencontré le Président de la République, c’est au mois de février dernier - on était ensemble - à Washington.

Rassurez-vous, Christian, même si je savais ce que dirait le Président de la République, je ne viendrais pas le dire ici. Ça c’est le premier fondamental. Le deuxième, on m’appelle ici co-debater. Cette émission, journalistiquement parlant, n’est pas un débat. Un débat aurait pu avoir lieu si le Président de la République avait déjà levé l’option et qu’on s‘était retrouvé ici pour en débattre.

CL On va débattre de ce qu’il pourrait faire…
KKM : Exactement. Nous sommes dans une sorte d’émission qui s’apparente à la présentation d’hypothèses que pourrait lever le Président de la République. C’est vrai, les consultations font débat voire grand débat dans l’opinion nationale et à l’international. Mais, il faut savoir que lorsque toutes les options seront sur la table du Chef de l’Etat, il va s’isoler, prendre de la hauteur, voir quelle option il pourrait prendre. Il sera seul, devant sa conscience. Personne, même pas un collaborateur quelconque, ne pourra lui dire ce qu’il faut faire.

Et d’ailleurs dans son discours du 23 octobre, il a dit qu’il n’excluait aucune hypothèse, aucun cas de figure. C’est dire que même la poursuite de cette fameuse coalition que moi j’appelle cohabitation. Donc, à tout moment, le Président de la République peut surprendre ses collaborateurs. Rappelez-vous Mobutu lors de ses consultations un certain 24 avril 1990 alors que 90% des Congolais - Zaïrois à l’époque - avaient opté pour la poursuite du MPR. Lui a préféré écouter la minorité et ouvrir le pays au multipartisme. Seul devant sa conscience. Qu’est-ce que le Président de la République dira le jour où il décidera de prendre parole? Je n’en sais rien. Mais il est vrai que Mobutu, en annonçant ce multipartisme - j’imagine que vous étiez à la Cité de la N’Sele, moi, j’y étais - contrairement à ce que l’on imaginait, il a eu droit à une sorte de standing ovation.

Tout le MPR s’est mis debout pour applaudir, alors que le MPR disparaissait. Cela veut dire quoi? Que le Président de la République a écouté la majorité silencieuse. Et je suis convaincu qu’aujourd’hui, le Président Félix Tshisekedi après la grande annonce qu’il a faite, après l’immense attente de la population, va écouter la majorité.

CL. Vous-même, étiez à ces consultations. Plusieurs fois, vous avez eu à faire des déclarations invitant le Président de la République à reprendre le contrôle du Gouvernement. Le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba du CACH, ressortissant, notable du Grand Bandundu, souhaite donc que le Gouvernement changeât demain et que cette coalition n’existât plus?
KKM : Je ne sais pas si j’avais dit ça, Christian. Je suis assez prudent pour dire ça. Le problème ici, c’est encore l’un des fondamentaux : les élections. Tout est parti des élections. Il y a deux volets : la Présidentielle qui nous a donné un Président élu. Shadari, le candidat qu’a soutenu mon ami d’en face, a concédé. Et bien, pour les autres, que ce soit les Kikuni, les Ifoku, etc., tous ont concédé. Sauf un, Fayulu. Mais tous ses soutiens ont concédé. Moïse a concédé, Bemba a concédé, Freddy Matungulu, Mbusa Nyamwisi. Tous. Sauf un : Muzito.

Et pourquoi il n’a pas concédé ? Il y a des gens comme ça qui peuvent se sentir martyrisés. En clair, la présidentielle a été une élection de cœur. Le Congo a élu Félix Tshisekedi, parce qu’une élection, finalement, c’est la paix qu’elle apporte le lendemain. Lorsqu’il y a guerre civile, ce n’est pas une élection. Lorsqu’il y a une paix comme nous la vivons aujourd’hui - la paix de cœur - c’est une élection parfaite. Par contre, les Législatives, parlons-en. C’est là où il y a eu des problèmes. Christian, vous avez dit que je suis du Bandundu. Oui, je vais parler de ce que j’ai vu personnellement. Et là, j’ai toute une histoire à raconter. Avant je n’en avais pas. Bandundu, Kwilu, etc.

Mais vous étiez le jour de la proclamation des résultats de ces Législatives. On a appelé la province X, on termine avec les circonscriptions. On a appelé la province Y, on termine avec les circonscriptions. Arrive le tour du Kwilu, on prend une circonscription et puis, on saute. On se retrouve dans une autre province qu’on proclame et, puis, on revient sur le Kwilu… Le Kwilu a été proclamé 4, 5, 6 fois. Du désordre parfait ! On dit que le crime n’est jamais parfait. Puis, et bien, ils lèvent la séance. Oui, ils lèvent la séance. Et c’est la salle qui hurle : «Masimanimba, Professeur Kin-kiey ! Masimanimba, Professeur Kin-kiey !» Le bureau se rassoie. Nangaa, le président regarde son vice-président Basengezi, Basengezi le regarde… Nangaa regarde Elodie qui proclamait, Elodie le regarde… Tous gênés.

Tout ça, devant les écrans, vous pouvez voir. Le plus courageux d’entre eux, c’est Basengezi qui déchire une feuille de papier et se met à écrire devant les caméras les noms qui sortaient de son cerveau. Euh! Les élus de Masimanimba ont été proclamés comme çà. Il prend la feuille, il donne à Nangaa. Nangaa regarde et sourit en direct et donne à Elodie. Elodie regarde et proclame. Ça c’est un. Des problèmes aux Législatives. Autre chose que je peux dire, Christian, puisque vous le rappelez. Quand on a commencé cette aventure... démocratique, électorale, j’ai suivi par exemple les pas du sénateur. Il a souffert pour se faire élire. Il est passé d’une circonscription à une autre. Il était même candidat plusieurs fois à Kinshasa. Mais on a vu des gens. Mayobo s’était présenté ici. Il a été battu ici à Kinshasa en 2006. Muzito battu ici à plate couture à Kinshasa alors qu’on disait que Kinshasa était le fief de leur parti, le PALU. Les élections, pour moi, les plus ouvertes, les plus démocratiques, ce fut en 2006.

Voici deux géants du PALU qui étaient battus à plate couture. Aux prochaines élections, ils se retrouvent en province. L’un, Mayobo, va dans le Kwango alors qu’il est du Kwilu. Muzito va à Kikwit alors qu’il aurait pu aller à Gungu. Ce que, je voulais dire, en 2006, le PPRD n’a eu qu’un député. Un seul. Aux élections suivantes en 2011, ils ont raflé tout. Ils ont fait un triomphe. Et le 30 novembre 2018, c’était le plébiscite. Moi, je me pose la question : le Kwilu a-t-il désormais des boulevards ? L’eau coule-t-elle partout ? L’électricité éclaire-t-il tous les Kwilois? Les hôpitaux, les écoles… Bref? Comme je l’ai dit l’autre jour, le Kwilu s’est-il transformé en Dubaï pour que d’un député en 2006, il puisse donner un triomphe au PPRD en 2011 puis faire le plébiscite en 2018? Rafler! Le PPRD a tout raflé. Et si vous allez aujourd’hui dans le Bandundu comme ailleurs dans les provinces, le pays a reculé de deux cents ans en arrière. C’est comme hier. Kikwit est une ville complètement abandonnée. Ce n’est pas une ville. C’est un village.

Les érosions sont partout. Non seulement en provinces. Même ici à Kinshasa. J’habite Binza. Pour venir ici, je dois traverser deux ou trois lacs. Les gens se déplacent sur des échasses dans la ville-province de Kinshasa. Quand il pleut, on tremblote parce qu’on va mourir. Voila le résultat économique, social du régime qui a tout raflé. Alors, nous avons donc un Parlement dominé par le roc FCC. Et la Nation ? On a un Président de la République qui a un contrat signé avec le peuple congolais mais qu’on veut qu’il se contente d’inaugurer des chrysanthèmes… Certes, Fayulu avait dit depuis Genève qu’il resterait Président de la République pendant deux ans.

Mais Tshisekedi a un mandat. Il a un contrat. Qu’est-ce qu’il fait? C’est le discours qu’il a tenu le 23 octobre. Il a demandé aux FCC de venir. Sa parole aurait pu être entendue. Le FCC a préféré la politique de la chaise vide qui ne paye pas. Voila ! Et, aujourd’hui, le Président se retrouve là ! Sans avoir écouté les FCC. J’espère que d’ici là, comme il l’a dit, les portes ne sont pas fermées, le FCC viendra pour dire ce qu’il pense de cette initiative. Nous, nous ne parlons pas du Parlement parce que celui qui existe là-bas, est en contradiction avec la majorité. On va peut-être en parler.

CL. Vous dites clairement que le Parlement tel qu’il est défini ne devrait plus être la boussole pour le Président Tshisekedi ?
KKM : Écoutez. On a parlé de la souveraineté nationale. La souveraineté nationale s’exprime par les représentants que sont les députés nationaux ou par le peuple souverain. Il va pouvoir s’exprimer. Et aujourd’hui, quand on sent que ce parlement ne représente pas les intérêts du peuple - c’est le discours du Président de la République, lisez-le. C’est un discours extraordinaire. J’ai le texte ici. Je peux donner lecture de ce discours de six minutes. Tout était dit. Et aujourd’hui, le Président de la République n’a pas du tout rejeté le FCC.

Au contraire, dans sa chute, il dit : « tous les cas de figure sont sur la table. J’attends que le FCC vienne ». Mais le FCC n’a pas voulu venir. Il a usé de chantage. «Nous ne venons pas». Mais il y a rupture avec la population. Que voulez-vous que le Président de la République fasse ?

CL. Les pouvoirs du Président de la République, qu’en dites-vous?
KKM : J’ai écouté religieusement le Sénateur, nous avons un problème. Le Sénateur est en train de faire du juridisme alors que nous Congolais, avons à faire face à un pays qui n’existe pas. Est-ce que vous savez qu’on a aujourd’hui 600 millions de US$ comme réserves à la Banque centrale. Cela ne fait même pas ce que fait une Banque de quartier dans des pays africains. Est-ce que vous savez que l’Etat profond est tenu par les FCC? Pétrole, mines, cobalt, cuivre, coltan, agriculture, bois, bâtiment, etc., c’est le FCC.

Toutes les grosses entreprises sont détenues par le FCC : Bukangalonzo, immeuble intelligent, aéroport de N’djili, Transco, Congo Airways, Office des Routes, etc. L’argent est entre les mains du FCC. Qu’est-ce que le Président de la République qui a un contrat avec le peuple a, lui qui conduit un mandat dont vous connaissez la durée ? Voila le problème. On fait du juridisme - moi, j’aime bien les juristes mais ils aiment à jouer les commissures de leurs lèvres - je dis : nous avons un problème. Comment faire ? C’est la question que le Président de la République a posée. Il a un contrat, un programme qui a été présenté devant le peuple congolais via les députés. Aujourd’hui, nous n’avançons pas. En clair, parce je sais qu’ils sont terribles dans des calculs, des stratégies, des officines, etc.

On peut en parler. Parlons des élections. Il y a eu de gros problèmes dans ces élections-là. Et, aujourd’hui, nous nous trouvons face à un allié qui est expert dans des stratégies, c’est quoi ? On leur concède la Présidence, et nous on prend le Parlement. Ils savaient que le pouvoir, c’est au parlement et ils ont passé le temps à lire la Constitution. «Finalement, par le Premier ministre, nous les tenons. Et nous allons régner et gouverner et lui sera là pour inaugurer les chrysanthèmes. Ce n’est pas possible. Il a cité la France, je suis content. Il a cité la Constitution française, je suis content. Savez-vous comment on est passé de la IVème République à la Vème République? Je connais l’histoire, parce que j’ai fait Sciences Po. Et c’est le Général de Gaule qui a décidé. Pourquoi ? Parce qu’il faisait face à une crise majeure. Le Président de la République a toute autorité pour faire bouger les lignes et je suis sûr qu’il va faire bouger les lignes.

CL. Professeur Kin-kiey, vous avez cité le Maréchal Mobutu. Vous citez maintenant le Général de Gaule. Vous êtes le Représentant du CACH. Est-ce que le Président Tshisekedi peut faire bouger les lignes ?
KKM : Je vous ai dit que je ne suis pas l’homme qui écoute aux portes du Président de la République. Je ne suis pas celui qui souffle à ses oreilles, je ne le permettrais pas. Je constate qu’il y a une crise majeure. Il y a une situation de cassure, de rupture. Un peuple qui est cent mille fois plus pauvre aujourd’hui qu’hier.

Et l’Etat profond tenu par les FCC. Ils disent : « Lui a la Présidence, et nous nous organisons pour 2023, et on revient au pouvoir». Christian, parlons Congo. Le Président de la République a dit quoi ? Il dit que «chaque année, plus de 2 millions d’enfants congolais naissent et s’ajoutent au nombre déjà important de notre population. Nous sommes individuellement et collectivement responsables de leur destin ». Ces 2 millions d’enfants congolais viennent s’ajouter à une population qui dépasse déjà les 85 voire les 90 millions.

Qu’est-ce que nous allons leur laisser, à eux et à ce pays ? Quand on voit comment ces gens ont tout dans leurs mains, il faut faire bouger les lignes. Je pense que c’est l’un des leurs, Luzolo, qui parlait de 15 milliards de $US. Il y a l’Inspection Générale des Finances qui est en train de faire du bon travail et on la critique. L’homme de la RVA qui est en prison, celui de l’Office des routes qui est sorti ou de l’OVD, etc., faisons l’audit pour que notre trésor puisse disposer de 20 milliards de US$. Est-ce que vous savez que ce pays aujourd’hui se trouve en cessation des paiements. Il ne peut même pas envoyer un ministre en mission officielle à l’étranger.

Dites-moi dans la sous-région, quel pays se trouve dans la même situation que nous ? On a 600 millions de dollars, et puis on va se contenter d’un Parlement... Il faut des réformes. Au Sénégal, on a fait des réformes. Le Sénat a été enlevé. Il faut faire comment? La Constitution est là, le pouvoir revient au Président de la République. On le bloque par le Premier ministre, très bien, mais la population est là. Donc, ne faisons pas le juridisme, voyons en face les problèmes des Congolais. Parce que tous on est comptables de cette situation. Si ça barde aujourd’hui, le Sénateur qui habite la Gombe va passer le fleuve ou escalader le mur. Je ne lui souhaite pas ça et je ne me souhaite pas ça. C’est pour cela qu’il nous faut nous asseoir ensemble et trouver une réponse pour ce pays, pour ce peuple.

CL. Ensemble avec le FCC ?
KKM : Oui, et je regrette qu’ils fassent la politique de la chaise vide. Ce qui correspond à du chantage. On ne peut pas faire chanter un Président de la République. C’est inacceptable.

CL. Monsieur She Okitundu, stop au juridisme. Le Président appelle à des résultats. Vous parlez d’un programme commun avec le CACH. Aujourd’hui est-ce que le FCC peut se dire, contredisant le Président de la République, que cette coalition marche ?
LSO : Tryphon a fait allusion au Général de Gaule. La grande particularité qui lui a été reconnue était de fonder la Vème République, c’est de consulter le peuple...

KKM : Le référendum. Je suis pour le référendum...

LSO : Je vous rappelle, la particularité du Général De Gaule, c’était de consulter l’arbitre suprême, le peuple. C’est comme ça qu’il a fondé la Vème République.

CL. Il a changé de constitution. On peut envisager aujourd’hui le changement de constitution?
LSO : Il a consulté le peuple. C’est pour ça que nous avons dit, si on ne veut plus du cadre actuel dans lequel nous évoluons, nous pouvons consulter le peuple, élections générales c’est-à-dire élections présidentielles et législatives. Comme ça le peuple tranche une fois pour toutes, tout à fait clairement.

Nous n’avons pas dit que le Président devait inaugurer les chrysanthèmes. Faire référence à la Constitution ne veut pas dire faire du juridisme. La Constitution c’est la loi fondamentale. Il ne faut pas empêcher les gens de se référer à la Constitution sous prétexte que l’on fait du juridisme. Le Gouvernement dont parle Tryphon, il est là avec la participation des ministres CACH, et pas des moindres.

Des ministères régaliens, Intérieur, Affaires étrangères. Aujourd’hui, le ministère de la Justice est entre leurs mains. A tous les niveaux, il y a des garde-fous partout dans la gestion gouvernementale. Tout le monde se surveille. Là où il y a un ministre CACH, il y a un vice-ministre FCC et vice-versa.
Le Gouvernement est CACH et FCC. Aujourd’hui, nous assumons tous la responsabilité devant le peuple par rapport au programme que nous avons élaboré et sur la base duquel le Gouvernement a été investi. Arrêtez de dire que nous avons voulu que le Président de la République inaugure les chrysanthèmes. Non.

Nous voulons que le Chef de l’Etat assume ses responsabilités. Le Président préside, et le Gouvernement gouverne. C’est là la grande divergence que nous avons. Il ne peut y avoir un programme présidentiel et un programme gouvernemental. Et ce programme gouvernemental a été déterminé en concertation avec le Chef de l’Etat.

CL. Aujourd’hui, si ça ne marche pas au niveau du Gouvernement, c’est une responsabilité collective ? Professeur Kin-kiey...
KKM : J’ai une question. Que fait aujourd’hui le Premier ministre face au Président de la République ? Pensez-vous qu’il est en collaboration avec le Président de la République ? Nous sommes retombés dans la cohabitation. Il y en a eu trois ou quatre en France. Un Premier ministre qui répond au Président de la République par voie de communiqués de presse, par des communicants.

La Présidente de l’Assemblée nationale qui répond au Président de la République par voie de communiqué de presse. Nous sommes en crise, Messieurs. Contrairement à ce que le Sénateur dit, nous sommes dans une crise majeure. Relisez le discours du Président de la République. J’ai ici des phrases adorables du Général de Gaule. «Le peuple français doit trancher par lui-même dans ce qui est essentiel à son destin ».

CL. Au moment où She Okitundu parle d’élections, vous parlez de changement constitutionnel. Est-ce bien ça ?
KKM : Je veux qu’on se mette d’accord. Je ne suis pas, à nouveau, celui qui chuchote à l’oreille du Président de la République. Je vous dis ceci: Nous sommes face à une crise majeure, et le Général de Gaule a fait faire trois référendums. «La démocratie c’est le gouvernement du peuple par le peuple et la souveraineté nationale c’est le peuple exerçant sa souveraineté sans entrave». Et il dit «Le référendum est le dernier acte de l’œuvre constitutionnelle. Il procure au peuple la faculté de me donner raison ou tort, sur un sujet dont son destin allait dépendre pendant des générations ». «Le référendum c’est le mode privilégié de l’expression de la volonté politique. Son résultat exprime la décision de la Nation ».

CL. Professeur Kin-kiey vous citez le Général de Gaule. Vous parlez référendum, mais il faut que nos auditeurs comprennent bien à quoi conduit le référendum. Référendum sur un point particulier ou référendum sur un texte de la Constitution ?
KKM : Je suis en train de vous dire que nous sommes face à une crise majeure exactement comme celle devant laquelle s’était trouvé le Général de Gaule. Puisque le Sénateur a cité la Constitution française, pendant la IVème République, il a changé et on s’est retrouvé dans la Vème République en France.
C’est celle que nous imitons aujourd’hui. Pourquoi on ne passerait pas à l’autre République aujourd’hui par voie référendaire ? Le référendum, je vais vous dire en quoi ça me séduit : on ne va pas dépenser 200 ou 600 millions de US$. C’est plus facile à organiser un référendum plutôt qu’à envoyer dix mille candidats battre campagne en province et dans la ville de Kinshasa pour 500 sièges. Nous pouvons faire l’économie.

Et, face à cette crise majeure, une crise que je peux appeler une crise d’Histoire, le Président de la République élu démocratiquement, face à un Parlement qui ne correspond pas à sa vision, un discours de 6 minutes, martial, il appelle l’autre partenaire pour dire je suis ouvert, venez à ma table nous allons discuter de ce pays, et il refuse, que voulez-vous que le Président de la République fasse ? Qu’il laisse se détruire ce peuple qui est déjà retourné 200 cents ans en arrière? Et qu’il laisse une minorité s’enrichir chaque jour? Aujourd’hui, l’Inspection générale des Finances est coincée et chaque fois qu’elle ouvre une action, elle est bloquée. Les juges aussi sont bloqués. Face à un mur, il faut faire bouger les lignes.

CL. Référendum sur quelle question particulière ?
KKM : Je ne suis pas le Président de la République... Quand le Général de Gaule a voulu faire le référendum, il a annoncé plusieurs matières : le Sénat à joindre avec le Conseil économique et social, l’entreprise et les régions, l’Université.
Dans son discours du 24 mai 1968, le général affirmait aux Français la « nécessité d’une mutation de la société française » qui devait se traduire par « participation plus effective de chacun à la marche et au résultat de l’activité qui le concerne directement ». Il était à ce point porté par le référendum que quand il a posé la question «approuvez-vous le projet de loi soumis au peuple français par le président de la République et relatif à la création de régions et à la rénovation du Sénat ?» et que le peuple français lui a dit non à 52,41%, il est parti. Donc ça montre la grandeur de l’homme. Aujourd’hui, c’est la même chose. Pensez-vous qu’aujourd’hui une question posée aux Congolais face à cette majorité FCC, pensez-vous que le Président ne gagnerait pas le référendum.
avec radio TOP CONGO.


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