Des morts et des morts sur des voies bombardées
  • lun, 12/04/2021 - 09:20

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1524|LUNDI 12 AVRIL 2021.

Impossible de circuler sur nos routes, rues et avenues dans les villes ou dans l’arrière-pays quand l’accident et donc la mort vous guettent en permanence. Faut-il se payer une berline à Kinshasa? Pour rouler où?

Luxe inutile quand le premier motocycliste Wewa déboulé du Kasaï, rencontré en face, le premier conducteur de Ketch - minuscule véhicule qui sait toujours se tirer d’affaire en se faufilant partout, et qui est peut-être l’idéal pour circuler sur nos routes si ce n’est la moto ou le premier camion conteneur - est prêt à vous rentrer dedans, à vous égratigner de partout s’il s’agit de la moto ou du minuscule Ketch sans qu’il n’ait besoin de s’arrêter, de s’excuser, encore moins, de prendre en charge les dégâts.

Même attitude insultante pour les «Esprits de mort» - et pourquoi pas ? - pour «les Esprits de vie»... Si la moto permet de se déplacer plus vite en trompant embouteillages et bouchons structurels dans la ville Capitale Kinshasa, c’est certainement possible. Sauf que là, le risque de perdre la vie est trop élevé...

UN SUJET QUI N’INTERESSE PERSONNE.
Sur les routes du Congo, ni le conducteur de moto, ni son passager n’est astreint à porter le casque pourtant d’extrême rigueur, selon le code de la route mais inimposable dans notre pays, et la police routière laisse circuler outre des montagnes de marchandises que ces véhicules peuvent déplacer en pleine journée, sur toutes les rues et avenues de la Capitale. Mêmement pour tout autre type de véhicule roulant au Congo, que ce soit un quelconque camion ou un bus. Il suffit d’y entasser autant de personnes que l’on veut si d’autres ne se placent pas sur le toit ou aux portes, avec des produits de toutes espèces, des animaux vivants voire des combustibles, huile, mazout, pétrole ou essence... Faut-il parler de contrôle technique de rigueur sous d’autres cieux? Au Congo, rien de tel n’existe...

Comment éviter des tragédies quotidiennes sur nos voies de communication? Mais il semble que finalement le sujet n’intéresse personne. Ni le Premier ministre, ni des ministres en charge de l’Intérieur ou du secteur technique des Transports et Communication. Ni les élus, nul ne prend conscience de cette question qui tient pourtant au social... Au Congo, ce qui compte c’est la résilience, parvenir à passer l’étape d’un jour et pour ça, rien de mieux que de courir, de courir, de chercher la formule magique de passer le lendemain, vivant, qu’importe s’il y a des morts devant lesquels personne ne s’arrête plus désormais... Et voilà que le pays, de partout, fout le camp, le moins que l’on puisse dire, avec des glissements de terrain, des érosions, des rares infrastructures qui s’en vont jour après jour.

La Nationale n° 1 en province du Kwilu n’est plus désormais praticable. Dès la porte d’entrée de cette province, à un jet de pierre de la cité de Masamuna, 364 km de Kinshasa, en territoire de Masimanimba, en arrivant de la Capitale Kinshasa, l’érosion qui y traînait déjà depuis plusieurs années, a fini par emporter la chaussée réduite, en avalant un camion conteneur qui s’y était risqué... Plus loin, dans le chef-lieu du territoire de Gungu, après la grande ville de Kikwit, après la pluie diluvienne qui est tombée dans la nuit de dimanche 28 mars à lundi 29 mars, la route qui relie le grand centre de négoce s’est coupée en deux, à la descente du pont Kwilu.

Du coup, la province est à l’arrêt, avec elle, la Capitale qu’elle fournit en produits agricoles et qui lui fournit en divers biens de consommation mais aussi les provinces du Kasaï, de l’est et du sud qui échangent avec la Capitale via cette nationale n°1 de grande importance mais trop délaissée par les gouvernements successifs... Et quand la nature reprend ses droits... Il faudra certainement des jours pour tenter de rétablir un tant soit peu la circulation.

La BAD annonce un financement de 72 millions de $US - annonce faite par l’ex-candidat Président de la République aujourd’hui administrateur pour la région de l’Afrique centrale (Burundi, Cameroun, Centrafrique, Tchad, les deux Congo) Freddy Matungulu Mbuyamu Ilankir mais le temps que ce fonds arrive, comment la Capitale pourrait-elle se porter au point de vue approvisionnement?

DES CALCINES ET DES BLESSES A MASIMANIMBA.
L’Office des Routes va certainement s’y rendre, la question est de savoir pour quel type d’infrastructures? Ce ne sera ni la première, ni la dernière fois. Il faut espérer que le projet «TshileJelu» initié par le Président de la République, démarré au Kasaï, va très vite débouler dans l’ex-Bandundu...

Entre-temps, la population paie le prix lourd de cette absence de politique. Jeudi 8 avril soir, un bus de transport venant de Kikwit pour Kinshasa, s’est renversé à Masamuna, près du village Kiwawa, dans le Masimamnimba avant de prendre feu avec tous ses passagers. Plusieurs corps calcinés ont été sortis de l’épave. On parle de 46 morts et de 20 blessés. «Des corps calcinés irrécupérables. Les rescapés acheminés à Masamuna et à Masimanimba.

Le bus qui transportait du Lotoko et de l’huile de palme a pris feu après accident», explique le gouverneur du Kwilu, Willy Itshundala Asang qui s’est arrêté à faire le constat... Au Kongo Central, au village Boko Kukutuna, territoire de Mbanza-Ngungu, même nationale n°1, même type d’accident. Un gros véhicule Mercedes qui transportait des fidèles Kimbanguistes de l’ex-Bandundu et du Sud-Ubangi venus de la cité sainte de Nkamba, nouveau bilan macabre plus lourd au dernier comptage : 27 morts, plusieurs blessés graves.
ALUNGA MBUWA.


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