Glencore wanted à nouveau
  • jeu, 26/12/2019 - 23:40

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES. Le Soft International n°1477|VENDREDI 27 DECEMBRE 2019. La mafia katangaise recherchée par Wash. Elle peut porter le nom de Fleurette Mumi Holdings, de Ventora Development Sasu, de Ventora Development, de Kamoto Copper Cobalt Company Ltd, de Katanga Mining Ltd, de Gécamines Sarl, de Gecamines Development, de Glencore Group, etc., peu importe. Elle n’a pas un autre nom que prédation, opération de passe-passe, blanchiment d’argent, contournement de sanctions financières américaines. Jamais certainement un pays n’a été aussi plombé dans des scandales financiers récurrents. Alors que le Congo se débat jour et nuit pour chercher à donner à boire, à manger, à soigner, à éduquer, etc., à sa population frappée par une précarité sévère, sans électricité ni infrastructure et moyen de communications, une classe politique de connivence avec une mafia internationale et une justice de service, se complaît à piller le pays et à enraciner le système de pillage en millions de US$, en centaines de millions de US$ voire en milliards de US$ sans être aucunement inquiétée par aucune structure judiciaire ou politique. Des entreprises se créent par dizaines, se meurent par dizaines à longueur de journée pour dissimulation (il suffit, pour ce faire, d’antidater des documents en complicité avec des fonctionnaires et des milieux judiciaires véreux); profitant d’absence de traçabilité, des artifices ingénieux et mafieux se font journellement dans un seul but: capter le dernier $US destiné à aller dans le circuit du compte du Trésor public et l’orienter vers des poches des individus. Comment pense-t-on, un jour, face à des tels montages, pouvoir atteindre un budget raisonnable de l’Etat et porter le Congo vers de nouveaux horizons? Tant que des millions de US$ iront enrichir des individus qui les rétrocèdent à des fonctionnaires complices plutôt que d’aller droit dans les comptes publics, il faudra certainement rêver d’un déplacement mystérieux de plaque tectonique pour espérer un jour d’un relèvement du Congo démocratique. Comment peut-on comprendre qu’une entreprise prête 200 millions $US alors qu’elle n’a que 200 US$ de capital voire 1000 US$? D’où lui viendrait soudain cette capacité financière inouïe si elle n’a physiquement aucune existence, ni immeuble, ni meuble, ni adresse, n’a jamais réalisé la moindre production? Comment une entreprise peut se payer en $US quand elle est sous sanctions qui impliquent qu’elle s’interdise toute transactions en US$? Et même si elle passait la rue et réclamait d’être payée dans une autre devise, d’où lui viendraient ces millions dans cette devise sinon des comptes en US$? Comment une entreprise publique de grande renommée, ayant pignon sur rue, des capacités financières avérées, peut-elle se permettre d’aller s’endetter auprès d’une entreprise qui n’a d’existence qu’un numéro de registre commercial quand les banques lui sont grandement ouvertes? Ne pas y voir des arrangements entre copains et donc entre mafieux, des montages pour se «sauver ensemble», des opérations de blanchiment des capitaux serait étonnant. Si les lois congolaises sont autant poreuses, manipulables à merci, n’existe-t-il pas des procédures de force majeure? Comment expliquer que les mêmes noms frappés de sanctions financières en Occident continuent tranquillement d’opérer au Congo protégés par une justice notoirement corrompue et aux ordres et des fonctionnaires de l’Etat au service des puissants invoquant souveraineté et État de droit? GLENCORE ET DAN GETLER. La dernière affaire mêlant Gécamines, Glencore, l’homme d’affaires israélien milliardaire Dan Getler est troublante au plus haut point. Les différents communiqués et prises de position émanant de ces entreprises les exposent plus qu’ils ne les dédouanent et montrent le caractère illicite des prétendues opérations. Cette affaire a conduit pour l’instant à empêcher tout déplacement de la haute direction de la Gécamines, à savoir, son Directeur général Jacques Kamenga, son Secrétaire général Ngele Masudi et son président du Conseil d’administration Albert Yuma Mulimbi. Si des juges à Lubumbashi ont cru devoir œuvrer pour Glencore, Dan Getler et la Gecamines en leur apportant des soi-disants soubassements judiciaires, qui ne sait hélas! que l’indépendance du pouvoir judiciaire au Congo est invoquée pour couvrir des opérations illicites? Certes, le procureur de la cour de cassation s’est saisi du dossier, mais est-ce suffisant? Qui sait exactement où se trouvent ces personnes et pourquoi, face à des telles suspicions d’escroquerie et de blanchiment d’argent, les personnalités étrangères citées dans ce dossier ne sont-elles pas inquiétées, continuent, au nom de la démocratie et de l’Etat de droit, d’aller et de venir au Congo et dans le monde en toute tranquillité sans qu’aucun mandat d’arrêt ne soit lancé? Il y va sans aucun doute de la crédibilité du pays. Le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ne cesse, depuis sa prise de fonctions, voici bientôt un an, d’appeler à la criminalisation de la corruption, du détournement, de la prédation, du courage des recettes, etc., l’heure a peut-être sonné plus que jamais de passer à l’acte 2 et, pourquoi pas, de doter le pays d’outils au-dessus de tout soupçon. Il en va de la corruption comme de tout autre mal qui sévit dans le pays et à extirper. Une question de la plus haute urgence nationale, une question à considérer comme une menace vitale pour la sécurité nationale, pour la sécurité économique, pour la démocratie et pour le développement du pays. Un pays peut seul s’en occuper s’il en a la capacité comme il peut requérir l’aide de partenaires extérieurs en appelant à une coopération ou à une assistance. Il n’en tirera que respect. Quand des Citoyens sur qui pèsent de graves soupçons de crimes humanitaires peuvent être livrés à des juridictions internationales sous prétexte que des juridictions nationales n’ont pas les moyens de les juger, pourquoi ne pas emprunter le même chemin quand il s’agit des crimes économiques empêchant le développement du pays? Une coopération peut être requise aux Nations-Unies, à l’Union Européenne, aux Etats-Unis, à des organismes spécialisés. D. DADEI.


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