Kinshasa ferraille à New York pour faire valoir son indépendance et sa souveraineté
  • ven, 25/03/2016 - 04:00

Kinshasa veut réduire de moitié les effectifs de la Monusco en 2016, les faisant diminuer de 10.000 hommes mais la tâche paraît ardue. Les pays - les plus gros contributeurs des troupes, Uruguay, Egypte, Sénégal, Inde, Pakistan, etc. - paraissant avoir fait alliance pour contrecarrer tout projet de retrait.
Notre pays souhaite que les effectifs des Casques bleus de la Monusco soient réduits de moitié d’ici la fin de l’année, a déclaré mercredi le ministre des affaires étrangères Raymond Tshibanda Ntunga Mulongo, après avoir rallié sa délégation alors conduite par le conseiller principal présidentiel en charge de la diplomatie, l’ambassadeur Barnabé Kikaya Karubi. Le mandat de la Monusco, forte de quelque 20.000 hommes, arrive à expiration fin mars. Pour l’instant, l’ONU n’envisage qu’une réduction de 1.700 hommes et ne serait désormais même plus prête à honorer cet engagement pris de longue date. Elle insiste pour que la poursuite du retrait des Casques bleus tienne compte de la sécurité sur le terrain, qui reste, à ses yeux, fragile. Kinshasa ne partage pas le même avis.
Face au Conseil de sécurité, Raymond Tshibanda lui a demandé de tenir compte des négociations menées entre l’ONU et Kinshasa pour une «sortie ordonnée et définitive de la Monusco de la RDC». Il fait valoir que l’armée gouvernementale allait renforcer «d’ici quelques mois» les trois bataillons de sa Force de réaction rapide, engagés contre les rebelles dans l’est du pays, par «d’autres unités, permettant ainsi une prise en charge totale des besoins de sécurisation de I’Est du pays».

UNE AFFAIRE DE GROS SOUS.
«Aussi (le gouvernement) se fixe-t-il un objectif ambitieux, a-t-il ajouté, celui de contribuer à créer les conditions objectives qui permettent, que d’ici la fin de cette année, la moitié de la Force de la Monusco aujourd’hui déployée sur notre territoire puisse être retirée, sans mise en cause des acquis sur les plans sécuritaire et de la stabilisation du pays».Notre pays réclame depuis longtemps une «stratégie de sortie» pour le retrait total des Casques bleus.
En mars 2015, l’ONU avait déjà réduit de 2.000 soldats l’effectif de la Monusco.
Mais le plafond des effectifs reste fixé à 21.000 soldats et policiers, ce qui laisse à l’ONU la possibilité de les réaugmenter en cas de besoin. «Nous n’avons jamais demandé un départ précipité ou désordonné (des Casques bleus) mais ne sommes pas prêts à transiger sur la souveraineté de notre pays», a affirmé ensuite à la presse le ministre congolais. Des proches du dossier expliquent qu’il s’agit en réalité d’une affaire de gros sous. «Lorsque notre pays était engagé en Centrafrique avec environ 1.300 hommes de troupe, il recevait un chèque mensuel de 14 millions de dollars des Nations Unies, passés directement au Trésor. Imaginez ce que reçoit chacun de ces pays... depuis autant d’années avec de tels contingents. On peut imaginer des complicités à New York», explique un diplomate congolais. En ce qui concerne le calendrier électoral, autre sujet débattu à New York, Raymond Tshibanda a affirmé que le gouvernement ne se laisserait pas dicter non plus des échéances. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est déclaré lundi «très préoccupé par l’impasse» politique en RDC, ajoutant redouter un regain de violences si des «élections crédibles» ne se tiennent pas «en temps voulu, conformément à la Constitution».
«J’affirme qu’il n’y a pas, dans le contexte spécifique de la RDC, d’évidence empirique que la non tenue des élections (..) à une date donnée ait été en soi la cause de violences à grande échelle», lui a répondu Raymond Tshibanda. «Mon pays tient à l’organisation des élections libres et respectueuses des standards internationaux en matière d’exclusivité, de transparence et de crédibilité. II tient tout autant cependant à ce que ces élections ne soient entachées de violences ni avant, ni pendant, ni après leur organisation», a-t-il indiqué. Il a évoqué des violences meurtrières que la RDC a connues en 2006 et 2011 à la suite «de l’intolérance politique et de la non acceptation des résultats électoraux par les perdants».D’où le dialogue politique convoqué par le président Joseph Kabila «pour éviter la réédition de cette situation».
Le 31 mars, le Conseil de sécurité qui s’est mis en congé sortira une résolution que le Congo espère réaliste.
A. MBUWA.


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