La pneumonie est plus létale que le paludisme ou la rougeole
  • jeu, 28/11/2019 - 03:35

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1473|JEUDI 28 NOVEMBRE 2019.

Le 12 novembre 2019 a eu lieu, comme chaque année depuis 2009, la Journée Mondiale de lutte contre la pneumonie, infection des voies aériennes mortelle qui touche particulièrement les jeunes enfants et les personnes âgées. Le tabagisme, les systèmes de chauffage polluants et la malnutrition sont des facteurs aggravants de cette maladie.
Cette journée sert à sensibiliser le public à la «principale cause de mortalité infectieuse chez les enfants de moins de 5 ans, soit 15 %» à travers le monde, a fait savoir l’OMS, Organisation mondiale de la santé.
On a tendance à l’oublier : la pneumonie reste plus létale que le paludisme ou la rougeole. Près d’un million d’enfants de moins de 5 ans (922.136) ont succombé en 2015 des suites de cette maladie aiguë qui touche particulièrement les âges extrêmes de la vie, avant 2 ans et après 65 ans. «Le tabagisme, et particulièrement le tabagisme passif chez les enfants, est un grand facteur de risque», précise Jean-Philippe Santoni, pneumologue français à la Fondation du souffle, en pointant du doigt les systèmes de chauffage et de cuisine au bois ou à la bouse. C’est en Asie du Sud-Est et en Afrique subsaharienne que la situation est la plus préoccupante. «La malnutrition est une explication, en particulier si les enfants ne sont pas allaités suffisamment longtemps, ajoute-t-il. Ce qui ne leur laisse pas le temps d’acquérir les anticorps dont ils ont besoin». Cependant, les conséquences ne sont pas partout les mêmes.
«Dans ces régions du globe, les enfants gravement malades deviennent, faute de soins, incapables de s’alimenter, peuvent perdre conscience, convulser ou faire des hypothermies. Nombre de décès sont en réalité imputables à des complications consécutives à la pneumonie», ajoute Jean-Philippe Santoni.
La journée du 12 novembre cherche à «susciter des actions, y compris des investissements continus de donateurs, car, bien que les vaccins et d’autres efforts de prévention réduisent le fardeau de la maladie, il reste encore beaucoup à faire.
Chaque enfant, quel que soit son lieu de naissance, mérite d’avoir accès à des vaccins et des médicaments», déclare l’OMS. Un dernier conseil, en cas de contamination : pensez à vous laver les mains régulièrement. A Kinshasa, cette journée a été l’occasion d’une conférence-débat organisée le 17 novembre à la Gombe, salle de la Kethulle, par le ministère de la Santé en partenariat avec l’USAID, l’UNICEF et l’ONG Save the Children. Entre autres orateurs, le Dr Jean-Fidèle Ilunga Mubiayi, médecin directeur du PNIRA, Programme National des Infections Respiratoires Aiguës qui a accepté de répondre aux questions du Soft International.
«La pneumonie est une maladie inflammatoire qui touche le poumon. Plusieurs facteurs la favorisent notamment l’environnement pollué contenant des microbes, des fumées, des poussières, l’exposition au froid, la malnutrition, la promiscuité, le VIH-Sida, la drépanocytose. Les poumons sont constitués d’alvéoles qui se remplissent d’air quand une personne en bonne santé respire. En cas de pneumonie, les alvéoles sont remplies de pus et de liquide, ce qui rend la respiration douloureuse et limite l’absorption d’oxygène», explique le médecin.

Quelles en sont les causes et les symptômes?
Cette anomalie respiratoire est causée par un certain nombre d’agents infectieux, notamment, les bactéries, virus ou champignons, l’environnement, la fumée, la poussière, le froid, la malnutrition, la drépanocytose. Celle-ci constitue une menace pour la vie humaine et provoque chez les enfants des difficultés respiratoires en raison du pus et du fluide qui envahissent leurs poumons. Concernant les symptômes, la pneumonie provoque une respiration rapide/difficile avec ou sans fièvre, la toux, et la douleur au niveau du thorax, une respiration sibilante est plus typique d’une infection virale. Les nourrissons très gravement malades peuvent être incapables de s’alimenter ou de boire, et peuvent également souffrir de pertes de conscience, d’hypothermie et de convulsions. Le traitement de cette pathologie est préventif et aussi curatif. Plus vite la maladie est détectée, plus vite la personne a des chances d’en être guéri.

Comment cette maladie se transmet-elle
Généralement, la pneumonie se transmet lors d’un contact direct avec une personne infectée. Elle peut se transmettre aussi de différentes manières. Les virus et les bactéries couramment présents dans les voies nasales ou le pharynx des enfants peuvent infecter les poumons en cas d’inhalation. Ils se transmettent également par voie aérienne, par le biais des gouttelettes émises lors de la toux ou des éternuements. De plus, la pneumonie est aussi transmissible par voie sanguine, pendant ou peu après la naissance.

Quels chiffres d’enfants morts de cette maladie dans notre pays?
Notre pays en Afrique est le deuxième après le Nigeria où le taux de décès dû à la pneumonie est élevé. La province du Nord Kivu est la plus touchée par cette maladie. Il faut savoir que l’année dernière, cette pathologie a touché un million sept cent mille enfants de moins de 5 ans dans le monde.

Comment s’en prévenir?
La vaccination est un moyen efficace de prévention comme pour la rougeole et la coqueluche. Un enfant qui a reçu ses vaccins tel que prévu dans le calendrier vaccinal et, s’agissant de la pneumonie, avant l’âge de 11 mois, ne court aucun risque. Tous les vaccins luttent indirectement contre la pneumonie. Parlant encore de la prévention, il existe d’autres moyens tels l’allaitement maternel exclusif jusqu’à six mois, l’assainissement de l’environnement en évitant d’exposer les personnes vulnérables tels les enfants de moins de 5 ans à la fumée et au froid.

Et le traitement?
Nombre de cas de pneumonie se règlent par des antibiotiques par voie orale. Le plus courant est l’amoxicilline. L’hospitalisation n’est nécessaire que dans des cas les plus graves. Chez l’enfant infecté par le VIH, on administre quotidiennement le cotrimoxazole en vue de réduire le risque de contracter une pneumonie.
DEBORAH MANGILI UBA.


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