Le bon moment
  • mar, 20/09/2022 - 04:45

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1560|LUNDI 19 SEPTEMBRE 2022.

Deux citations qui traversent l’Histoire, sonnent et sonneront aussi juste plusieurs siècles encore. C’est celle du président français, Charles de Gaulle: «Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts». C’est celle d’un autre Français d’origine martiniquaise connu pour son tiers-mondisme, Frantz Fanon: «L’Afrique a la forme d’un revolver dont la gâchette se trouve au Congo».

Deux phrases qui doivent s’inscrire au fronton du Congo aujourd’hui plus que jamais comme des épigraphes. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.

PLACER HAUT SON RÔLE ET SA PLACE.
Quand la nature a tout donné au pays, le Congo dont l’uranium de Shinkolobwe a servi à l’Occident pour développer la bombe atomique et gagner la deuxième guerre mondiale, doit placer haut son rôle et sa place dans le monde.

Diamant, or, argent, cuivre, coltan, cobalt, lithium, nickel, etc., rien ne manque à son sous-sol et il n’existe nul pays au monde qui en soit autant doté. Avec 10% du total recensé sur la planète, notre pays détient la deuxième réserve mondiale du cuivre. Il regorge les plus importantes réserves du cobalt de la planète : pas moins de 50% à lui seul.

Quand le monde privilégie désormais la transition énergétique, que chaque jour, gasoil et essence s'éloignent de la circulation automobile, que la guerre en Ukraine donne le nouveau tempo planétaire, cela remet le Congo dans la stratégie du monde.
Face aux médias, Amos J. Hochstein, l’envoyé spécial de l'administration Biden et coordinateur des affaires énergétiques internationales, a eu le mot juste dans la Capitale après une série de rencontres avec plusieurs officiels et son audience le 13 septembre, à la Cité de l'Union Africaine auprès du président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.

« Dans la mesure où nous accélérons la transition énergétique, au lieu d’utiliser l’essence ou le gasoil, nous allons utiliser les batteries électriques. Ainsi, on a besoin du cobalt, du nickel et du lithium. Le territoire congolais regorge de ces minerais. La RDC peut faire partie de la solution pour le monde ».

Mais à Kinshasa, cet Américain né en Israël, nommé, le 10 août 2021, conseiller principal pour la sécurité énergétique par le secrétaire d’État Antony Blinken, a ouvert des portes. Il a rappelé les sanctions imposées à l’homme d’affaires israélien, Dan Getler.

«Nous avons imposé des sanctions à Dan Gertler à la suite de ses activités de corruption en RDC. C’est un message que nous envoyons ici. Il faut une lutte efficace contre la corruption. C’est cela qui permettra aux investisseurs de revenir, ceux qui travaillent dans la transparence, ceux qui paient leurs employés et les traitent avec respect. Cela ne peut être possible que s’il y a une collaboration entre le gouvernement et la communauté internationale, entre le gouvernement et la population».

Puis : «Nous avons été très encouragés par le président Félix Tshisekedi au sujet de l’intérêt qu’il manifeste par rapport à la lutte contre la corruption. Nous voulons le voir en action. Nous souhaitons que ces paroles se traduisent en actions. Dans le secteur des mines, nous voulons voir une réduction significative de la corruption. Si ces progrès se réalisent, vous verrez les genres d’investissements que nous souhaitons voir en RDC ».

LES PORTES QUI DIRIGENT LA PLANETE.
Bis repetita : « Les États-Unis veulent voir une vraie lutte contre la corruption. Il faut s’assurer que les contrats sont respectés. Il faut voir si le gouvernement met en œuvre les contrats de manière à punir des cas de corruption, se débarrasser des entités et des personnes qui sont impliquées dans la corruption. Cela va encourager le retour des investissements internationaux ».

Au moment où s’ouvre à New York, le 20 septembre, le débat général de la 77ème Assemblée Générale des Nations Unies, avec l’arrivée des dirigeants du monde, chefs d’État et de gouvernement, où le président congolais prendra la parole à plusieurs occasions, d'immenses opportunités s’offrent à notre pays. Le Congo doit faire entendre sa voix. Il lui suffit de travailler à franchir des portes. À commencer par celles qui dirigent le monde.

Le Congo doit désigner un dream team de diplomates et d'experts dans les domaines concernés avec mission d’écouter, de comprendre, d’éplucher, de tracer une ligne.

Régler les problèmes des groupes armés qui ont mission de détruire des êtres et d’humilier le pays et qui migrent à l'Ouest avec le conflit éclaté dans le Kwamouth, dans le Grand Bandundu, voilà une occasion pour le Congo d'agir en frappant aux portes qui comptent, en faisant entendre sa voix. Il faut arrêter « la malédiction des ressources minières».

Dans un monde devenu un grand village, une prise en compte de vos problèmes à l'extérieur ne peut qu'avoir un impact positif à l'intérieur. L'Ukraine passée à la contre-offensive face au redoutable armement russe, se serait-elle permise ces actions d’ampleur en changeant la donne si elle n'avait fait des choix et développé sa diplomatie, si l'administration américaine n'avait déversé des dizaines de milliards de $US sur sa table?

Au tout début de cette guerre, dans la nuit du 25 au 26 février, Washington avait proposé au président ukrainien d’aider à le sortir de sa capitale Kiev en le mettant en sécurité à l'étranger. Volodymyr Zelensky a rejeté l'offre, expliquant qu'il avait besoin de munitions, « pas d'un covoiturage ». L’Histoire ne paraît-elle pas lui donner raison ?
D. DADEI.


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