Le ministre des Finances se désole de ce qui se répand
  • lun, 24/08/2020 - 17:13

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1496|LUNDI 24 AOUT 2020.

Deux dossiers au cœur d’un emballement dans les tribunaux médiatiques des réseaux sociaux touchent les Finances publiques congolaises, cette fois, le ministère des Finances. D’abord le contrat de partenariat entre l’État congolais et le cabinet américain d’affaires Baker McKenzie. Contrat de conseil conclu pour environ 1,3 millions de $US.

L’idée pour Kinshasa de travailler avec ce cabinet d’avocats d’affaires international créé en 1949 et basé à Chicago, dans l’Illinois, aux Etats-Unis, disposant de 78 bureaux répartis dans 47 pays à travers le monde, considéré comme faisant partie des plus grands et prestigieux cabinets d’avocats internationaux, serait de l’Etat congolais lui-même, non d’un membre du Gouvernement Ilunga Ilunkamba, le pays en attend du résultat en termes d’annotations à l’international.
Le dossier semble avoir pris corps en septembre 2019, lors d’une rencontre à New-York entre le Chef de l’État et des responsables de McKenzie.

A L’INTERNATIONAL.
But visé : une approche innovante d’appréhension des goulots d’étranglement qui minent le redressement économique - en termes techniques «la formulation des réformes économiques et de la recherche des financements innovants pour l’économie nationale» dans le cadre du PMUIAC, le Programme d’urgence multisectoriel d’atténuation des impacts de Covid-19 nécessitant la mobilisation des fonds auprès des partenaires de la R-dCongo, environ 2 milliards de $US - de même que l’harmonisation des relations du pays avec des partenaires bi et multilatéraux. Selon des sources officielles, environ 80% de fonds de ce PMUIAC seront à mobiliser à l’international, aux termes du contrat, avec l’accompagnement du cabinet McKenzie outre des réformes économiques à définir grâce à l’appui de ce cabinet international dont des reformes dans le domaine de la lutte contre la corruption et du blanchiment des capitaux.

Fin juillet, un Comité de suivi bipartite chargé du suivi de l’exécution du contrat McKenzie a été créé par le directeur du Cabinet a.i., Eberande Kolongele. Y vont siéger des représentants de la Présidence de la République, de la Primature, du ministère du Plan et de celui des Finances, chaque responsable y a délégué des membres. Le second dossier qui pourrit les réseaux sociaux se rapporte à l’interconnexion des régies financières et au choix de la firme chinoise Huawei certes désormais blackilstée aux Etats-Unis et en Europe Occidentale. Il s’agit, selon des informations des proches du dossier, d’un projet trouvé dans les placards du ministère aux murs de béton et d’acier en forme de triangle, datant de 2014, en clair, lors des années du ministre délégué aux Finances Patrice Kitebi Kibol M’Vul, conclu trois ans plus tard en 2017 défendu en commission ECOFIN et en Conseil des ministres.

Au Congo, se lamente-t-on généralement, il est courant que «des informations, savamment concoctées dans des laboratoires occultes, filtrent dans des médias stipendiés pour non seulement ameuter l’opinion publique mais surtout pour régler des comptes à un adversaire politique qui gêne car de taille», écrit le site econews.net faisant allusion avec le dossier lié au projet de construction et de modernisation des maisons des Finances pour le compte de trois traditionnelles régies financières du pays, la DGI, la DGRAD et la DGDA. Mais la piste est connue : quand un soumissionnaire est déclassé, il voit les médias, «dénonce» des arrangements - souvent, le gré à gré.

Ce projet est né en effet en 2014 - l’actuel ministre a pris ses fonctions en septembre 2019. Dans les régies financières, on connaît ce projet d’interconnexion des régies financières. C’est Exim Bank of China qui s’est proposé pour lever les fonds, 150 millions de $US. Une lettre d’entente directe d’un des prédécesseurs de Sele datée du 16 septembre 2014 adressée à la DGCMP, la Direction générale du contrôle des marchés publics existe. Elle sollicitait « une autorisation spéciale de recourir à l’entente directe pour le marché relatif à la construction des infrastructures à travers l’étendue du territoire national de la République démocratique du Congo ». Dans une lettre datant du 19 septembre 2014 adressée au ministre délégué aux Finances, la DGCMP a « approuvé le mandat accordé à la société Huawei Technologies par le Gouvernement pour la mise en place d’un consortium d’entreprises chinoises dans le cadre du projet de construction et modernisation des infrastructures à travers l’étendue du territoire national de la République démocratique du Congo ».

A l’issue des négociations, Exim Bank a inclus le projet dans le quota des projets à financer - l’administration chinoise ayant par la même occasion approuvée ledit projet. Quand on sollicite un commentaire, le ministre Sele déplore «l’ignorance, la malveillance». Puis, ajoute : «Heureusement que chaque chose a un début et une fin». Il se désole de ces «dérives» mais poursuit sur la même lancée : «Je suis de marbre, en conscience et en esprit. Qui me connaît, connaît mon principe. Je n’ai que deux juges : Dieu et ma conscience». Avant de rebondir : ««Il faut une presse à sensation pour se pencher sur de telles billevesées». Ce sont les réseaux sociaux ou leur équivalent...
T. MATOTU.


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