Les grands patrons ont la mine renfrognée
  • jeu, 05/12/2019 - 03:29

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1474|JEUDI 5 DECEMBRE 2019.

Recul remarquable des recettes à la quatrième semaine, aggravation du pessimisme des chefs d’entreprise sont les deux éléments à souligner au 22 novembre 2019.
Après une réalisation de 5,8% en 2018, le taux de croissance devrait légèrement fléchir en 2019, suivant les estimations faites sur base des réalisations de la production à fin septembre, pour s’afficher à 4,6% contre 5,1% précédemment estimé en juin. Bien que moins dynamique par rapport à l’année 2018, la croissance de l’économie nationale demeure vigoureuse, dépassant la moyenne des pays de l’Afrique subsaharienne, estimée à 3,2%, suivant les perspectives économiques régionales d’octobre courant, publiées par le FMI.
Les activités du secteur secondaire viendraient en deuxième position, avec une contribution de 1,56 point de croissance, suite au bon comportement de la branche «Bâtiments et Travaux Publics» dont la contribution serait de 1,0 point.
L’activité économique serait impulsée par le secteur tertiaire qui devrait occuper le premier rang, en termes de contribution à la croissance, suivi du secteur secondaire et du secteur primaire, ce dernier n’affichant pas le dynamisme dont il faisait montre les années antérieures.
Du point de vue de l’offre, le secteur tertiaire dont la contribution se situerait à 1,7 point de pourcentage, serait impulsée par le bon comportement de la branche «Commerce» dont la contribution passerait de 0,3 point à 0,7 d’une année à l’autre, suite notamment au relèvement de la demande.
Quant au secteur primaire, il devrait être marqué par un recul de 3,8 points de sa contribution à la croissance comparativement à l’année précédente, affichant une contribution de 0,9 point en 2019. Cette situation est consécutive à la baisse de la contribution de la branche «Extractive» inhérente à la chute de la production du cobalt en dépit de la hausse de celle du cuivre.
La confiance des chefs d’entreprises, au sujet de l’évolution conjoncturelle de l’économie congolaise, a poursuivi, en octobre 2019, son trend baissier amorcé deux mois plus tôt. Leur solde d’opinion s’est, en effet, détérioré à +3,4% au cours de la période sous analyse, contre +6,8% et 11,5% respectivement en septembre et août derniers.
L’aggravation du pessimisme ainsi notée tient des évolutions contrastées enregistrées dans la quasi-totalité des branches d’activités retenues dans le cadre de l’élaboration du baromètre de conjoncture. Le solde brut d’opinions s’est maintenu autour de +11,8% dans les «Industries extractives», affichant une modeste hausse de +0,3 point de pourcentage par rapport au mois de septembre. Outre la morosité qui caractérise, depuis de nombreux mois, les cours mondiaux de certains principaux produits phares d’exportation de l’économie congolaise, la dégradation du solde brut d’opinions dans les industries extractives est également induite de fortes baisses de production et la perspective d’une cessation d’activité imminente par l’un des principaux opérateurs de la filière.
Le solde brut d’opinions des chefs d’entreprises est resté négatif dans la banche «Electricité et Eau», attestant d’une perte de confiance persistante entamée le mois précèdent. Ce solde s’est chiffré à -6,1% au cours du mois sous analyse, après avoir chuté à -7,6% en septembre. Un tel recul est imputable à la détérioration récurrente de l’approvisionnement en énergie électrique, affectant négativement le rythme de production de l’eau potable.

PESSIMISME AMPLIFIE.
Les Industries manufacturières ont, pour leur part, affiché une évolution positive de +16,0% du solde d’opinions exprimées par les entrepreneurs en octobre 2019 contre +13,5% pour le mois de septembre. Ceci dénote de l’optimisme des opérateurs de ce secteur confiants, notamment, dans l’amélioration de la demande intérieure, qui porte essentiellement sur les industries du bois, alimentaires, textiles et chimiques.
Le secteur de la Construction bénéficie d’un maintien d’optimisme confirmé par un solde brut d’opinions de +10,3% après avoir atteint son plus bas niveau depuis mars 2019, soit +10,0%, en septembre dernier. Cette situation s’explique par le dynamisme des investissements des particuliers couplé à la poursuite de différents projets de construction de logements sociaux ainsi que celle de bâtiments commerciaux et résidentiels à travers les principaux centres urbains du pays. Il y a lieu de noter que la tendance observée dans ce secteur s’explique également par la poursuite des travaux de construction et de réhabilitation des infrastructures de base dans le cadre du programme national de modernisation du pays.
Pour ce qui est des Services, le pessimisme des opérateurs dans cette branche d’activité s’est de nouveau amplifié, tel qu’attesté par un solde d’opinions de -37,9%, venant de -36,1% en septembre dernier et -19,8 deux mois auparavant.
La méfiance continue affichée par les chefs d’entreprises est consécutive à la tendance peu satisfaisante que présente l’évolution de la demande reflétée, par la baisse des activités de l’hôtellerie, des transports et de la télécommunication.
A la troisième semaine du mois de novembre 2019, la variation hebdomadaire de l’indice général des prix à la consommation renseigne que le taux d’inflation reste sous contrôle, s’établissant à 0,069% contre 0,109% une semaine avant, portant les taux en cumul et en glissement annuel respectivement à 3,847% et 4,481%. A conditions inchangées, le taux d’inflation à fin décembre 2019 se situerait à 4,265%, niveau en deçà de son objectif de moyen terme fixé à 7,0%. L’évolution de l’inflation hebdomadaire durant la période sous revue résulte de la variation à la baisse de l’IPC de toutes les fonctions de consommation. Cependant, il sied néanmoins de signaler que, tant bien même en ralentissement, la progression des prix à la consommation à la troisième semaine de novembre s’explique notamment par l’évolution observée sur le marché de change. Au 22 novembre 2019, la comptabilisation des opérations financières, incluant
l’amortissement de la dette, affiche un déficit de 220,0 milliards de CDF. Les recettes ont atteint 299,2 milliards de CDF contre des dépenses de 519,1 milliards de CDF. Ce résultat pourrait s’améliorer d’ici la clôture du mois, étant donné que le mois de novembre constitue une échéance fiscale.
En cumul annuel, la situation financière de l’Etat, incluant l’amortissement de la dette, affiche un déficit de 812,9 milliards de CDF. Aux vingt-deux premiers jours du mois de novembre 2019, les ressources mobilisées par le Trésor public ont atteint 299,2 milliards de CDF, soit un taux de réalisation de 30,5% rapporté à leur prévision mensuelle.
La composition de ces recettes révèle que la DGI a collecté un montant de 164,8 milliards de CDF représentant 55,1% dans le total des recettes publiques alors que les recettes provenant de la DGDA et la DGRAD ont représenté respectivement 33,4% et 11,5% dans l’ensemble de recettes. Les rubriques «pétroliers producteurs» et «Autres recettes et dons» n’ont encore enregistré aucune recettes pour le Trésor public.
En cumul annuel, à la date sous analyse, les recettes publiques ont atteint 6.164,1 milliards de CDF représentant 81,7% rapporté à leur prévision aux onze premiers mois de l’année en cours.
Pour ce qui est des dépenses publiques, intégrant l’amortissement de la dette, elles se sont chiffrées à 519,1 milliards de CDF, soit un taux d’exécution de 58,6% rapporté à leur prévision mensuelle. La composition de ces dépenses est restée dominée par les dépenses courantes représentant 87,8% du total avec un taux d’exécution de 57,3% alors que celles en capital ont représenté 0,8% dégageant un taux d’exécution de 13,3% rapportées à leur prévision mensuelle. Les rubriques «Autres dépenses» et «Amortissements de la dette» ont représenté respectivement 7,5% et 3,9% du total des dépenses comprenant l’amortissement de la dette.

LE RECUL REMARQUABLE.
En ce qui concerne l’analyse par poste de dépenses courantes, il sied de relever la prépondérance des charges relatives à la rémunération des agents et fonctionnaires de l’Etat dont la part a été de 74,5% dans les dépenses courantes avec un taux d’exécution de 101,9% de leur programmation mensuelle.
Quant aux dépenses allouées aux frais des ministères et des institutions politiques, elles ont représenté 15,1% de dépenses courantes avec un taux d’exécution de 35,1% rapporté à leur prévision mensuelle.
Aux quatre premières semaines du mois en cours, les recettes ont progressé durant trois semaines successives pour baisser à la quatrième semaine alors que les dépenses publiques ont augmenté d’une semaine à l’autre pendant les quatre semaines.
En effet, le recul remarquable des recettes à la quatrième semaine, soit de 44,4% comparativement à la troisième semaine, résulte singulièrement de la baisse des recettes provenant de la DGI et de la DGDA lesquelles ont régressé de 78,9% et de 40,9% d’une semaine à l’autre. Les recettes de la quatrième semaine ont été dominées par celles collectées par la DGI, lesquelles ont représenté 55,1% des recettes du Trésor à la quatrième semaine.
S’agissant des dépenses, elles se sont accrues de 70,6% de la troisième à la quatrième semaine. Cet accroissement s’est localisé principalement au niveau des salaires des agents et des fonctionnaires de l’Etat.
En outre, l’analyse hebdomadaire du solde des Opérations Financières de l’Etat, renseigne la prédominance des déficits. En effet, à l’exception de la deuxième semaine où le Trésor public a enregistré un léger excédent, les autres semaines ont enregistré des déficits avec leur creux à la quatrième, ramenant le solde en cumul mensuel à un profond déficit de 220,0 milliards de CDF.
A fin octobre 2019, l’exécution du Plan de Trésorerie de la Banque Centrale du Congo s’est clôturée avec un léger excédent de 4,0 millions de CDF, résultant des encaissements de 38,363 milliards de CDF et des décaissements de 38,359 milliards. Rapporté à leurs niveaux prévus, les encaissements et les décaissements ont connu un dépassement de 29,9%. En cumul annuel fin octobre de l’année en cours, l’exécution du plan de trésorerie de la BCC s’est clôturée par un léger excédent de 61,0 millions de CDF, consécutif aux encaissements de 374,675 milliards et aux décaissements de 374,614 milliards.
Rapportés à leurs niveaux de l’année passée, les encaissements et les décaissements ont connu des accroissements de 5,2%. Au 21 novembre 2019, le franc congolais a connu des dépréciations hebdomadaires de 0,13% et 0,50% respectivement à l’indicatif et au parallèle. Pour 1 USD, le taux de change s’est fixé à 1.659,66 CDF à l’indicatif et 1.709,83 CDF au parallèle. Le budget en devises, tel qu’exécuté au 19 novembre 2019, s’est soldé par un déficit mensuel de 4,50 millions de USD. En cumul annuel, il s’observe un déficit de 29,26 millions de USD, fixant les réserves internationales à 849,81 millions de USD et correspondant à 3 semaines et 2 jour d’importations des biens et services sur ressources propres. Au 21 novembre 2019, la situation monétaire a renseigné une hausse hebdomadaire de la masse monétaire de 563,1 milliards, la situant à 12.270,2 milliards de CDF. Cet accroissement de la masse monétaire est expliqué principalement par l’augmentation des avoirs intérieurs nets de 546,7 milliards.
Au niveau des composantes, cette croissance est localisée en grande partie au niveau des dépôts en devises à hauteur de 412,4 milliards de CDF, suivi des dépôts à vue de 111,6 milliards et enfin de la circulation fiduciaire de 40,9 milliards. La base monétaire a également enregistré une hausse de 63,4 milliards, se chiffrant à 3.216,6 milliards de CDF. Cette progression se situe au niveau des avoirs intérieurs nets à hauteur de 153,7 milliards, impulsés par le crédit net à l’Etat et le compte RME, contrebalancé par la baisse des autres postes nets. Au niveau des composantes, l’élargissement de la base monétaire est repéré principalement au niveau des dépôts des banques qui se sont établis à 54,0 milliards de CDF. Au 22 novembre 2019, le marché de refinancement demeure inactif. Quant au guichet interbancaire, il a enregistré des opérations mensuelles et annuelles respectivement de 34,0 milliards et 1.623,0 milliards de CDF.
Au 20 novembre 2019, l’encours global du Bon BCC est demeuré à 52,5 milliards de CDF. Comparativement à fin décembre 2018, il se dégage une ponction annuelle de 10,0 milliards. Cet encours est constitué de 8,0 milliards pour le Bon à 7 jours, 18,0 milliards pour celui de 28 jours et 26,5 milliards pour le Bon à 84 jours.


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