Matata décline à Berlin les chiffres records réalisés par le Congo et séduit
  • ven, 12/09/2014 - 03:17

Correspondance.
En visite à Berlin pour la deuxième fois depuis qu’il est Premier ministre, Augustin Matata Ponyo Mapon a vanté jeudi 11 septembre les chiffres records réalisés par le Congo sous le leadership de Joseph Kabila Kabange.
Lors d’un Forum Allemagne-Afrique, il a expliqué que le Congo est désormais sinon une locomotive, du moins un acteur clé de la relance définitive du Continent. A l’instar de certains pays, le Congo contribue désormais effectivement au processus de relance des activités économiques du Continent. En 2002, sous le leadership de Joseph Kabila Kabange, le Congo a renoué avec la croissance. Depuis quatre ans, une croissance maintenue autour d’une moyenne de 7%. Fin 2013, cette croissance était de 8,5% - le taux de croissance le plus élevé du pays depuis 1970. Selon le FMI, le taux de croissance se situera autour de 9% en 2014. Du point de vue du cadre macroéconomique, celui-ci n’a jamais été aussi stable, avec une inflation totalement maîtrisée et faible, une stabilité totale de la monnaie nationale. Si en 1993-1994, le taux d’inflation du Congo se situait à près de 10.000%, il est aujourd’hui à 1,4% et se projette à 1% en 2014. Un record dans l’histoire de l’économie congolaise. Le taux de change moyen est demeuré stable autour de 920 FC/USD durant les quatre dernières années. Des chiffres très parlants et ont séduit les Allemands.
Le Premier ministre a fait cette présentation au Café Moskau à la cérémonie d’ouverture d’une conférence de haut niveau organisée par le ministère allemand de la Coopération et du Développement. Le Forum Allemagne-Afrique veut faciliter des échanges de haut niveau sur des aspects théoriques et pratiques des idées qui sous-tendent la politique africaine de l’Allemagne, permettre aux partenaires de partager leurs opinions sur des attentes du partenariat Allemagne-Afrique, etc.
Le Premier ministre a aussi appelé la première économie européenne à définir des stratégies visant à augmenter son volume d’échanges avec l’Afrique.
Il a énoncé ses vues sur la relation à établir entre le Continent et l’Allemagne. Pour lui, «le développement socio-économique de l’Afrique est aujourd’hui, pour les Africains, un défi majeur à relever, parce qu’il constitue le levier idéal pour hisser les pays africains dans le club des économies émergentes». Il a reconnu que le continent a besoin des partenaires comme l’Allemagne pour l’accompagner sur le chemin d’un développement intégral, soutenant que «les ressources naturelles de l’Afrique et le dynamisme de sa population combinés au savoir-faire allemand est susceptible de produire des miracles sous forme de développement durable. Mais, pour être mutuellement bénéfique, ce partenariat doit se fonder sur la responsabilité et le respect mutuels.
Il a exprimé la reconnaissance des Africains à l’Allemagne pour l’appui aux populations à travers divers programmes, la Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ), l’agence de coopération technique allemande pour le développement, dont les projets sont exécutés dans plusieurs pays africains, notamment dans la préservation de l’environnement, et la KFW qui est active dans le secteur de l’Approvisionnement en Eau Potable et Assainissement (AEP&A)».

«BESOIN DE PAIX».
Matata a cité les multiples interventions de la fondation Konrad Adenauer en Afrique.
Il a insisté sur les besoins réels du Continent. «L’Afrique a besoin de la paix pour se développer comme l’Europe en a eu besoin pendant les trente glorieuses vers les années 1945 et 1975. Grâce à une période d’accalmie et d’entente mutuelle, elle a construit sa richesse d’aujourd’hui. Je suis donc content de constater que l’Allemagne s’inscrit dans cette lignée car la réalisation des OMD, une bonne gouvernance, un développement économique qui soit écologiquement et socialement durable ainsi que des structures de coopération économiques et politiques équitables constituent des objectifs centraux de la politique allemande en Afrique». «En ce qui concerne la question de la prévention des conflits, mon point de vue est qu’à côté de l’idée importante d’éviter qu’après la crise soit avant la crise, il me semble que nous devrions beaucoup réfléchir à comment mettre en place des mécanismes pour prévenir la survenance de ces conflits plutôt que de les gérer. La RDC mon pays, a une amère expérience des guerres qui, suite à près de 20 ans d’insécurité, a consacré en moyenne 2% de son PIB annuel pour lutter contre les agressions et les rebellions. Ces dépenses militaires ont été un effet d’éviction considérable sur les investissements productifs et dans les secteurs sociaux. La question est, pour moi, comment persuader les dirigeants des pays belliqueux à ne pas générer la guerre mais plutôt à générer la prospérité? En ce qui concerne la proposition de la formation des jeunes africains, comme j’ai déjà eu l’occasion de le souligner, c’est le meilleur moyen d’accompagner l’Afrique vers son émergence. Mais c’est une condition nécessaire mais pas suffisante, à notre avis, parce que des jeunes mieux formés dans une économie peu industrialisée risquent de constituer une bombe à retardement pour des «printemps arabes généralisés» dans l’ensemble du continent. Il nous faut donc créer de la valeur ajoutée, en construisant des industries dans les domaines clé comme l’agriculture, secteur à forte intensité de main d’œuvre pour espérer absorber une masse importante de la population active. Transformons nos minerais sur place, en Afrique, avec la collaboration d’un pays à forte technologie comme l’Allemagne et nous allons anticiper les conflits armés en Afrique et nous éviterons le pire!
Cette stratégie a le triple avantage de permettre une accélération du processus de démocratisation notamment grâce à une population plus alphabète, d’augmenter la qualité de la santé de la population avec des moyens financiers plus importants et d’assurer une meilleure alimentation par une production agricole non plus de subsistance mais désormais de précision, plus abondante et de qualité tel le concept de parc agro-industriel que le Congo est en train d’expérimenter actuellement.
Il est indéniable que l’Afrique devra multiplier les efforts pour la transformation structurelle de son système économique en vue d’une prospérité partagée. L’acquisition des nouvelles technologies ainsi que l’expansion de leur application pour la création des nouveaux produits à haute valeur ajoutée constituent le chemin par excellence pour garantir une croissance économique soutenue et partagée en vue de la réduction de la pauvreté dont souffre la majorité des ménages africains.
Pour construire un ensemble plus grand que la somme des parties, je partage l’idée d’explorer la proposition allemande de construire l’union africaine de demain à partir des pôles sous-régionaux de croissance devant servir de locomotive afin de booster le développement de l’Afrique. Ce modèle a porté des fruits sous d’autres continents. L’Afrique du Nord, de l’Ouest, Centrale, de l’Est et Australe peuvent-elles se choisir des locomotives naturelles pour assurer cette convergence des économies africaines. Il me semble que cette question vaut son pesant d’or.

RENFORCER LES LIENS.
L’Allemagne devra renforcer ses liens de coopération avec l’Afrique dans les domaines des sciences et des technologies, de l’éducation sous toutes ses composantes, des petites et moyennes entreprises, de la gestion durable de l’environnement, de la démocratie, de l’agriculture, de la bonne gouvernance, de la paix et de la sécurité. L’Allemagne peut assister les pays africains dans le processus d’acquisition des nouvelles technologies qui passe nécessairement par un investissement massif dans la création et la diffusion des connaissances dans tous les domaines. Compte tenu des externalités qui accompagnent ce processus, l’Allemagne peut soutenir les institutions engagées dans le processus de découverte des nouvelles technologies et innovations afin de soutenir le développement d’un entreprenariat véritablement africain. Usant de son leadership européen et mondial, l’Allemagne est en mesure d’accompagner le continent africain dans son effort d’émergence. Une coopération axée sur le progrès technologique, le développement humain, la bonne gouvernance et la paix, permettra à l’Afrique d’accroitre sensiblement sa productivité et offrir sur le marché international des produits et services à valeur ajoutée élevée. Une telle transformation structurelle des économies africaines aura pour effet immédiat l’augmentation du revenu des ménages qui constituera à son tour un marché porteur pour l’économie allemande. L’aide de l’Allemagne créera les conditions d’une croissance soutenue pour l’économie allemande de demain.


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