Ces arnaqueurs qui ont tout vendu et dupé les plus grands fortunés ou les plus naïfs
  • jeu, 05/03/2020 - 23:36

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1483|VENDREDI 6 MARS 2020.

Les escroqueries du FPI dignes de Robin des bois vont traverser les âges.
Ils ont vendu la Tour Eiffel à Paris ou inventé des arnaques à l’échelle planétaire, quels sont ces plus grands escrocs qui ont marqué leur époque?
Escrocs, faussaires ou arnaqueurs. Des génies de la communication qui sont capables de vendre n’importe quoi à n’importe qui et de duper les plus grands fortunés ou les plus naïfs. Telle cette banque congolaise TMB dont le PNB et le résultat net est trop souvent en fort recul que le coefficient d’exploitation qui atteint 89%, soit deux fois la moyenne généralement admise pour les banques. Mais que ses dirigeants dont le sort ne vaut pas un centime désormais englués dans le scandale du programme des 100 jours du Président de la République, ne friment-ils pas?
Ils présentent bien, sont toujours dignes de confiance, à priori, mais pourtant, ils ont réalisé, par pur machiavélisme ou par opportunité, les plus grandes arnaques de tous les temps. Leurs exploits ont traversé les âges et si ces escrocs fascinent, ils peuvent aussi surprendre. Loin d’être des Robin des Bois, la plupart gardent soigneusement l’argent des autres pour eux et ont monté des arnaques tellement immenses, que ça en devient presque risible. S’ils peuvent faire sourire, ces petites histoires et ces grands portraits soulignent avant tout la cupidité et la sournoiserie dont ces hommes peuvent être capables.
Le culot des escrocs, leur histoire, et parfois leur réussite dans la duperie sont souvent autant d’histoires intéressantes, autant d’anecdotes historiques véridiques et autant de tentatives de faire du profit rapidement sans se soucier des lois ou de leurs victimes. Retour sur ces arnaqueurs qui sont entrés dans la légende.

Louis Einricht et le carburant du futur.
Henry Ford et l’Amérique se font berner.
L’histoire se passe en 1916 aux États-Unis. Alors que la guerre fait rage en Europe et que le prix du pétrole s’envole, Louis Einricht, un ingénieur américain, convoque la presse pour annoncer une nouvelle incroyable : il vient d’inventer une essence qui coûte trente fois moins cher. Un mélange secret de son propre cru à base d’eau, qu’il teste en faisant démarrer une voiture devant les yeux ébahis des journalistes.
L’histoire sort dans la presse et prend alors une proportion incroyable. Louis Einricht reçoit des centaines de lettres, mais c’est avec l’intérêt du célèbre industriel Henry Ford que l’arnaque prend un nouveau tournant. Ford offre à l’ingénieur une voiture neuve et 10.000 US$ - une somme considérable pour l’époque - en guise d’avance pour le futur contrat qui va lui racheter la formule de sa miraculeuse préparation. Un contrat censé rester secret, mais qui fuite dans la presse grâce à Einricht lui-même, qui prévient le New York Times. Tout s’emballe ! Un autre industriel lui offre alors un million de US$ pour acquérir son secret. Ford est furieux, mais ses ingénieurs découvrent vite le pot-aux-roses: un mélange d’eau, d’acétone et d’acétylène permet de faire démarrer un moteur de voiture. Or, cette solution est beaucoup plus chère que l’essence et fait même rouiller le métal! Mais Einricht est déjà loin, et profite de sa Ford toute neuve et de sa fortune au soleil.

Victor Lustig
vend la Tour Eiffel.

Construite pour l’exposition universelle de 1889 , la Tour Eiffel n’a pas toujours été le symbole immuable de Paris tel qu’on le connaît maintenant. Dans les années 1920, il a même été question de la détruire à cause de ses coûts d’entretien exorbitants. Et lorsqu’un escroc décide de se remplir les poches, autant faire gros! C’est en 1925 que Victor Lustig, un imposteur, Tchèque notable revenant des Etats-Unis les poches percées (après avoir notamment arnaqué Al Capone), décide de vendre la Tour Eiffel! Tout simplement! Pour cela, il se fait fabriquer des faux documents officiels de la mairie de Paris et convoque cinq ferrailleurs dans le luxueux hôtel Crillon à Paris. L’un d’entre eux mord à l’hameçon et contre une belle commission, Victor Lustig lui garantit la vente. Topez-là ! L’affaire est dans le sac. Lustig va se réfugier à Vienne alors que l’acheteur va réclamer son dû aux services du ministère. Humilié, il ne révélera jamais le montant de la somme et n’en parlera même pas à la police. Lustig, quant à lui, revient peu après à Paris pour tenter le coup une deuxième fois. Mais cette fois, l’acheteur n’est pas dupe et l’arnaqueur s’enfuit aux Etats-Unis où il sera finalement arrêté plus tard pour trafic de fausse monnaie.

Thérèse Humbert
et le faux héritage.

Thérèse Daurignac est une jeune femme d’un milieu modeste qui a de grandes ambitions. Et si pour les assouvir, il faut user de manipulation, cela ne lui pose pas de problème. Après plusieurs subterfuges, elle parvient à épouser en 1878 Frédéric Humbert, fils d’une bonne famille du Sud-Ouest de France. Son beau-père est, en effet, maire de Toulouse, et il deviendra même Ministre de la justice en 1882. Une grande famille très respectable, donc, qui servira à Thérèse et à son mari pour gagner la confiance de leurs créanciers.
En 1879, elle prétend avoir reçu une partie de l’héritage d’un millionnaire américain. Le couple obtient alors d’importantes sommes d’argent en guise de prêts, grâce à la garantie supposée de cet héritage et à son nom de famille respecté. Ils déménagent à Paris, ils achètent un château et l’arnaque durera près de 20 ans. À bout de nerfs, les créanciers exigent de la justice qu’on ouvre le coffre-fort où reposent les papiers de l’héritage, mais ils ne trouveront finalement qu’une brique et une pièce d’un penny. Les époux Humbert ont déjà fui le pays, mais ils sont arrêtés à Madrid en 1902, jugés puis condamnés à cinq ans de travaux forcés.

La charité bien peu chrétienne de Harry.
Angleterre, 1928. Harry Clapham est un jeune vicaire de la banlieue de Londres. Non seulement sa vocation religieuse n’est pas très lucrative, mais en plus, les caisses de sa paroisse sont vides. C’est en visitant un hôpital dont la construction repose sur des donations, qu’il a une idée de génie : solliciter la charité du grand public pour financer la restauration de son église. Grâce à une équipe de bénévoles, il s’affaire à écrire des lettres déchirantes sur la pauvreté et les difficiles conditions de vie de ses paroissiens auprès des personnes contribuant à des organismes de charité. Plus de 200.000 lettres sont envoyées chaque année pendant près de 14 ans.
Les dons affluent et Clapham est nommé Révérend. Pourtant, la situation n’est guère plus brillante pour sa paroisse, et pour cause : seuls 2% des dons sont utilisés pour des organismes de charité et il garde les 98 autres pour lui. Au final, il cumulera 91 comptes en banque, des sociétés immobilières et achètera 9 maisons, sans compter un luxueux train de vie, avec tailleurs sur mesure, voitures de luxe et croisières en paquebot. Scotland Yard lui mettra finalement la main dessus et il sera condamné à 3 ans de prison.

Mark Landis, le peintre-faussaire.
La peinture et les grandes œuvres d’art ont toujours été la cible des faussaires et escrocs de tout poil. Mais le parcours et surtout la personnalité de Mark Landis sont bien différents de la plupart des arnaqueurs habituels.
Cet Américain a 17 ans lorsqu’en 1972, il est diagnostiqué schizophrène. Cela ne l’empêchera pas de faire des études d’art et de travailler dans le commerce de l’art, des retouches et des restaurations de tableaux. Mais les affaires vont mal. À 30 ans, il est ruiné et obligé de retourner vivre chez sa mère. C’est à cette occasion qu’il décide de faire un don à un musée californien. Une copie d’une œuvre d’un grand peintre américain, réalisée par ses soins, qui passera totalement inaperçue. Il a alors trouvé le filon et pendant plus de vingt ans, il réalisera des copies et en fera don à plus d’une cinquantaine de musées américains. C’est en 2007 que l’affaire commence à intriguer lorsque le conservateur du musée d’Oklahoma City fait des recherches et des vérifications. Et c’est finalement en 2010 que tout est révélé dans la presse. Or, cet arnaqueur un peu particulier et mentalement instable n’est pourtant pas poursuivi par la justice, puisqu’il n’a jamais tiré profit de son travail de contrefaçon. Une exposition a même été organisée en son honneur, regroupant près de soixante imitations réalisées par Landis. Le comble pour un peintre faussaire!

Charles Ponzi, l’inventeur de la pyramide financière.
Thalès et Pythagore ont leurs théorèmes et Ponzi sa chaîne. Attribuer un nom propre à une grande théorie serait-il un modèle de réussite? Tout dépend de la finalité ! Si les deux premiers ont fait avancer les mathématiques, Ponzi, lui, a façonné un modèle d’escroquerie en 1919 qui est resté dans l’histoire. Né en Italie en 1882, il débarque en Amérique en 1903 et fait déjà parler de lui. À Boston, il se fait congédier pour vol. Il part pour Montréal et se fait arrêter pour avoir volé un chéquier puis est de nouveau incarcéré aux États-Unis pour avoir fait entrer illégalement des ouvriers italiens sur le territoire. C’est à sa sortie de prison qu’il met alors en place le système financier qui va le rendre tristement célèbre. Le principe est simple : il promet des taux d’intérêts phénoménaux, de l’ordre de 50% en 45 jours, à toute personne qui lui confie ses économies. Ce système pyramidal fonctionne tant que de nouveaux épargnants lui confient leurs économies, puisque les intérêts sont financés sur l’argent des autres. Lorsque les épargnants veulent retirer leur argent en même temps, il n’y a plus d’argent dans la caisse et le système s’effondre. C’est ce qui s’est passé un an plus tard, quand la supercherie est révélée. Au final 40.000 personnes lui avaient confié 15 millions de US$, dont seulement un tiers a pu être restitué. Il est emprisonné et finira sa vie, complètement ruiné au Brésil, non sans avoir encore multiplié les arnaques tout au long de sa vie. À noter que la pyramide de Ponzi lui a largement survécu, puisque c’est le même système qui a été mis en place par l’escroc américain Bernard Madoff qui a été arrêté en 2008, et qui portait sur 65 milliards de US$.

Czeslaw Bojarski,
le faux monnayeur de génie.

Quand on parvient à imprimer des faux billets qui sont quasiment impossibles à différencier des vrais, on est assuré d’entrer au Panthéon des arnaqueurs de génie! Et encore plus quand le délit est fait par un homme seul dans sa cave, avec le souci du détail d’un petit artisan passionné.
Surnommé le Cézanne de la fausse monnaie, Bojarski est un faussaire français d’origine polonaise qui, dans les années 1950 et 60, a produit et écoulé près de 30.000 faux billets de 1.000 et 5.000 FF. Un petit exploit pour cet inventeur touche-à-tout qui faisait croire à sa femme que cet argent provenait de son travail de représentant de commerce. C’est finalement son association avec un complice en charge de la distribution et de l’écoulement des faux billets qui le mènera à sa perte. Le comble dans cette histoire, c’est que la qualité de son travail de faux-monnayeur a fait que ses billets ont acquis un rang d’œuvre d’art qui valent plus que les vraies coupures!

Michel de Rosier,
le baron patriote.

Un casino à Monte-Carlo, 1950. Un riche baron, du nom de Michel de Rosier, ne sachant plus que faire de son argent, se fait approcher par un prétendu agent de la DST, l’inspecteur Bertino. Nous sommes en pleine guerre froide et l’époque est tendue entre l’Occident et l’URSS. De Rosier est préoccupé par la situation et craint que les Soviétiques étendent leur influence sur la France.
Bertino lui confie que l’URSS devrait prochainement acheter une bonbonne d’uranium pour en faire une bombe. La situation est grave, mais la France n’a pas les moyens de l’empêcher. De Rosier se porte volontaire pour acheter l’uranium sous le nez des Soviétiques pour 10 millions de FF. Bertino empoche le chèque et le baron se fait livrer une bonbonne qu’il stocke prudemment dans sa cave. Avec deux complices, Bertino revient à la charge peu après. Cette fois, c’est 240 kilos d’uranium que les Russes veulent acheter. Le stratagème fonctionne de nouveau et De Rosier fait un nouveau chèque de 50 millions de FF.
Puis, plus aucune nouvelle. Le baron commence à s’impatienter et décide de mener l’enquête pour découvrir qu’il a finalement été victime d’une énorme arnaque. Leurs auteurs se feront finalement arrêtés après avoir tenté un nouveau coup à la barbe du baron. Le coup de trop !

JT LeRoy, l’écrivain trash inventé de toute pièce.
En littérature, comme dans la plupart des médias, plus les sujets sont croustillants, torturés et graveleux, plus le grand public en est friand.
Alors, quand un écrivain du nom de JT LeRoy, toxicomane, transexuel, prostitué, sans domicile fixe et à l’enfance malheureuse, sort son autobiographie intitulé «Sarah» en 2001, le succès est immédiat. Et comme toute histoire à succès, son auteur est réclamé par les médias.
Le problème? Cet écrivain n’a jamais existé! Il sort de l’imagination de Laura Albert, réelle écrivaine des aventures de LeRoy. Mais puisque tout le monde veut le rencontre=r, soit. Laura Albert va leur présenter. Pour cela, elle convainc sa belle-sœuvre, Savannah Knoop, de jouer le jeu. Son visage androgyne est parfait et la mystification durera près de 6 ans. Six années pendant lesquelles Laura Albert écrira 4 livres et pendant lesquelles Savannah Knoop rentrera dans la peau de ce sulfureux personnage qui connaîtra une gloire incroyable. Les stars du show-business l’adorent et un de ces livres est même adapté au cinéma.
Mais l’arnaque ne durera pas. Le New York Times enquête et révèle l’affaire. Le scandale est énorme et ruina la réputation de Laura Albert qui prétendra alors que cette mystification était avant tout une thérapie lui permettant d’écrire des choses qu’elle n’aurait jamais pu écrire autrement. Un incroyable retournement de situation qui pourrait servir de base pour un nouveau livre!

Richard Whitney,
le financier sans scrupule.

La bourse et les spéculations économiques ont toujours attiré bon nombre d’opportunistes prêts à tout pour faire fortune. Certains font même pire et vont jusqu’à voler leur famille, leurs amis et leurs clients…
C’est l’histoire de Richard Whitney, diplômé de Harvard, qui fonde une compagnie d’investissement dans le New York des années 1920. Investisseur compulsif, il prend des risques immenses en plaçant des sommes conséquentes dans des entreprises en empruntant jusqu’à 575.000 de US$ à son propre frère et 105.000 US$ sur le patrimoine de son beau-père qui vient de décéder! Sa compagnie se retrouve déficitaire de 2 millions de US$ au moment où arrive le jeudi noir de 1929. La bourse s’effondre, la crise menace et il délaisse ses affaires pour tenter de sauver les meubles avec les autres financiers de Wall Street. C’est alors que son génie fonctionne et il est élu président de la bourse de New York en 1930. On lui fait confiance.
Il mène la grande vie, mais continue de s’endetter et d’engloutir des fortunes pour son entreprise qui ne connaît pas la réussite escomptée. C’est la surenchère. Il est obligé de multiplier les emprunts pour s’en sortir. Il vend les bijoux de sa femme, emprunte toujours plus d’argent à son frère, se sert des titres détenus par le Yacht-Club de New York dont il est le président pour tenter de se refaire.
En 1938, c’est fini pour lui. Il est déclaré insolvable et condamné à cinq ans de prison. Parmi tous les présidents de la bourse de New York, c’est le seul dont le portrait est… étrangement absent!
LA NEWSLY ROOM.


Related Posts