Des déguerpissements comme s’il en pleuvait
  • mar, 01/09/2020 - 13:50

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1497|LUNDI 31 AOUT 2020.

Voici venue la saison de déguerpissements dans la Capitale Kinshasa, dans le pays... Vraie cascade... Tout semble commencer par l’exemple, par la Justice qui paraît soudain s’être libérée au Congo d’une emprise du pouvoir exécutif en retrouvant une indépendance longtemps réclamée... Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo en est pour beaucoup. Qui s’en plaindrait?

QUI L’EUT CRU?
Tout commence avec la sortie musclée d’un élu, l’ancien gouverneur richissime PPRD-FCC, un vrai intouchable, Alphonse Ngoyi Kasanji. Effets jetés dans la rue d’une villa, avenue Roi Baudouin en pleine commune chic de la Gombe le 17 août. Qui l’eût cru? Alphonse Ngoyi Kasanji disait avoir acquis cette somptueuse villa, dans le quartier des ambassadeurs, en bonne et due forme.

L’ex-homme fort de Mbuji-Mayi, en province du Kasaï Oriental, crie à une action «politique» - un règlement des comptes - faisant suite à ses «opinions politiques».
Candidat Président de la République en 2018, donné parfois proche du PPRD-FCC avant de changer de cap en annonçant une «victoire par KO de Fatshi», le prospère et truculent homme d’affaires Gabriel Mokia dit «Ya Gaby» ayant évolué dans le café (import/export) jadis porteur) qui s’aventure en politique sans y être, a fait la prison pour des agressions physiques (contradicteur sur un plateau de télévision, une passante provoquée), dit avoir récupéré sa maison et recouvré ses droits, salue chaleureusement l’Etat de droit instauré par le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Un autre à avoir été délogé : le propre frère cadet du président honoraire Joseph Kabila Kabange. Qui l’eût cru? La famille de l’ancien ministre de Mobutu et de Kabila père, Dominique Sakombi Inongo dit DSI, se félicite de l’arrêt de la Cour suprême de justice rendu le 7 février qui casse celui de 2010 qui avait ordonné à Dominique Sakombi inconsolable de quitter son domicile, hissé sur un petit toit imprenable du quartier Ma Campagne, commune de Ngaliema. Victoire sur les Kabila, crient les Sakombi. La bataille politico-judiciaire aura duré plus de dix ans, explique l’actuel ministre des Affaires foncières Aimé-Guylain Molendo Sakombi - un des fils de Sakombi - expert immobilier d’expérience qui a fait un détour dans des maisons de presse, au Soft International, recommandé par son père entre autres...

«En 2006, mon père reçoit un appel du chef du protocole de la présidence de la République, l’invitant à se présenter à la résidence de M. Zoé Kabila Mwanza Mbala, dans le quartier Gulf. Il s’y rend et le frère du chef de l’État lui explique que le vrai propriétaire de sa maison était désormais un certain Élie Lungumbu Milonge, en réalité, M. Zoé Kabila lui-même», déclare le ministre UNC Aimé-Guylain Molendo Sakombi cité par le magazine franco-tunisien Jeune Afrique. S’ensuit un dossier politico-judiciaire complexe dont les premiers éléments de compréhension remontent à 1970. Ce qui aboutit à un premier arrêt en 2010 de la Cour d’appel de la Gombe qui donne raison à Élie Lungumbu Milonge, présenté par les Sakombi comme le nom d’emprunt de Zoé Kabila». Les Kabila sont alors au pouvoir, dominent tout.

Autre conflit parcellaire? Celui qui a conduit l’épouse Kimbuta à passer vendredi 28 août 2020 sa première nuit en détention au Parquet général près la Cour d’appel de la Gombe. Yvette Sequeira Kimbuta a été «mapée» et conduite à la prison de Makala. Elle est poursuivie « pour extorsion de signature, faux en écriture et usage de faux». Le magistrat congolais aurait constaté une incohérence dans le certificat d’enregistrement obtenu en 2012 après transaction avec la propriétaire, Lucienne Tshimanga Musampa, pourtant décédée en 2010.

QUI S’EN PLAINT?
Pour le liquidateur de la famille, «la résidence familiale a été vendue de manière irrégulière par le conservateur des titres immobiliers». Dans un courrier daté du 29 août, l’ex-Première Dame de la Ville de Kinshasa qui évoque un arrangement à l’amiable contre une somme de 100.000 $US, regrette qu’elle ait été «acheminée en toute célérité inquiétante à la prison centrale de Makala dès 6.00 du matin de ce samedi 29 août 2020», sollicite une liberté provisoire moyennant paiement du cautionnement qui me sera exigé», écrit-elle au procureur général près la Cour d’Appel de la Gombe.

Qui l’eût cru? Cette procédure possible aux Etats-Unis d’Amérique où la caution est courante - le pays est basé sur l’argent - l’est-elle au Congo où la prison est une démarche dissuasive certes mais d’abord pédagogique? Si cela s’obtenait facilement au prix de l’argent, Makala serait-il en train de se remplir, jour après jour, de personnes en col blanc, les intouchables de... jadis? Peu à peu, le Congo s’est peut-être mis à changer. Il n’y aurait plus de Citoyens d’en-haut d’en haut... et d’autres d’en bas d’en bas ! Qui s’en plaindrait?
ALUNGA MBUWA.


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