La BCDC bientôt sous pavillon kenyan Equity publie des résultats historiques
  • jeu, 28/11/2019 - 04:02

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1473|JEUDI 28 NOVEMBRE 2019.

L‘auditorium du Fleuve Congo Hotel by Blazon Hotels - nouvelle appellation du joyau que fut il y a peu le Kempinski Fleuve Congo Hotel - dans l’extrême Gombe, a accueilli du beau monde mercredi 13 novembre en fin de journée. Actionnaires privés et mandataires de l’Etat actionnaire, partenaires et clients particuliers, PME, Grandes entreprises et Organismes gouvernementaux, etc., triés sur le volet parmi les plus iconiques, se pressaient dans le hall de la plus haute tour du Congo. Costumes et robes stricts, têtes sorties des casques sèche cheveux, chaussures à talon aiguille pour nombre de belles, les convives étaient à la Kin High Society...

A l’entrée, décor aux couleurs de la banque d’éléphant, l’animal totem de la Banque Commerciale du Congo planté, annonçant l’événement de la banque centenaire qui s’inscrit, selon ses communicants, «dans la logique d’une communication transparente». Evénement annuel de la tradition bancaire auquel, à Kin, depuis quelques années, la BCDC sous pavillon George Arthur Forrest, apporte une touche particulière.

JAMAIS
DEPUIS VINGT ANS...

Inutile avant l’arrivée du maître des céans, le Belge Yves Cuypers, de tenter de se rendre à la salle aux strapontins de tissu couleur Bordeaux... Comme les années précédentes, le service soigne les petits détails. Le protocole millimétré rend l’accueil aussi agréable que possible. Aux hôtesses vêtues d’uniforme et au charmant sourire de prendre en charge les invités en les dirigeant par un escalier de bois noir au balcon du premier étage où un verre de bienvenue porté sur des petits plateaux est servi. Pour les amateurs, des flûtes de Champagne circulent...
Mais le protocole annonce l’arrivée du patron belge, président du comité de direction et directeur général de la BCDC, président tournant de l’Association congolaise de banque, ACB, le cercle très fermé de la banque commerciale congolaise quand les énormes portes de l’auditorium se trouvent grandes ouvertes font place aux invités...
Puis, silence de mort interrompu par le seul boss.
Le Belge Cuypers ne cache pas sa fierté. Il a atteint des réalisations «les plus élevées des vingt dernières années de l’histoire de la BCDC», déclare-t-il. Au total US$ 96 millions...
Une BCDC dont l’actionnaire principal était encore, il y a peu, le Belgo-néo-zélandais connu aussi sous le nom de «Roi du Katanga», George Arthur Forrest. Son groupe, George Forrest International, est arrivé à la deuxième place, selon le classement 2019 du magazine américain Forbes Afrique, après les frères indo-pakistanais Rawji de la banque Rawbank, des plus grosses fortunes du Congo avec US$ 800 millions d’avoirs propres.
Côté total bilantaire, Cuypers n’a pas à rougir: US$ 861 millions. Résultat net après impôts: US$11,7 millions pour des fonds propres réglementaires de US$ 82 millions. «Ce qui est surtout important à retenir, ce qu’au terme de l’exercice, notre solvabilité s’élève à 9,20%. Ce qui est largement au-dessus de la norme réglementaire qui est actuellement de 7,50%», s’émerveille un homme connu pour un cassant parler de première cordée sans trahir la moindre émotion...
A ceux de ses invités qu’il qualifie de... «non-experts», le président-directeur général de la BCDC a une phrase: «la solvabilité traduit (signifie) la solidité de la banque».
En clair, à ce jour, jamais la BCDC n’a été aussi forte.
Si, dans la suite de sa traditionnelle présentation publique - sorte de grand oral annuel qu’il improvise mais la meilleure improvisation n’est-elle pas celle qui est préparée? - Cuypers traite de quatre points: présentation des comptes 2018, faits marquants de l’année 2019, résultats intermédiaires de l’exercice en cours. Face aux informations faisant état de la reprise ou du rachat de la BCDC par le groupe bancaire kenyan Equity Group Holding, au vacuum de communication, le Belge était attendu sur le sort à venir de sa banque. Préparé à cette question, l’homme ne botte pas en touche. Nul ne le lui reproche...
«Les discussions qui se sont engagées entre Equity Group Holding et la BCDC vont dans le sens de renforcer la banque (ndlr : la BCDC)». «C’est dans l’optique de maximiser les intérêts que la Banque Commerciale du Congo s’associe à la deuxième banque du Kenya. C’est un partenariat complémentaire que la BCDC vient d’effectuer».

BCDC
CHANGE DE MAINS.

Puis, comme un couperet, Cuypers tombe: «Faux, on n’a pas vendu la BCDC. La BCDC est solide et elle gardera son enseigne sans la changer».
Cinq jours plus tard, Equity Group Holdings PLC publie dans les médias kinois un communiqué qui recadre - dément? - ce propos quand à l’ère de l’information en temps réel, des images montrent ce qui ressemble à une séance de signature d’un protocole d’accord. On y distingue la partie kenyane Equity Group Holding d’un côté et de l’autre, la partie BCDC avec George Arthur Forrest et son président du comité de direction et directeur général de la BCDC Yves Cuypers.
Le communiqué officiel d’Equity Group Holding PLC publié - afin que nul n’en ignore rien - est sans équivoque.
Depuis son titre: «Equity Group Holdings vient de conclure un accord d’achat d’actions pour l’acquisition d’une participation majoritaire dans la Banque Commerciale Du Congo et propose d’augmenter sa participation dans Equity Bank Congo dans un accord des rachats des parts de KfW-Kreditanstalt Für Wiederaufau».
Daté de Nairobi, Kenya, siège social de EGH, le 18 novembre 2019, le texte écrit: «Equity Group Holdings (EGH) a conclu un accord d’achat d’actions avec George Arthur Forrest en vue d’acquérir 66,53% des actions détenues par M. Forrest dans la Banque Commerciale du Congo (BCDC), une société anonyme (S.A) supervisée par la Banque Centrale du Congo en République démocratique du Congo (RDC). Après la réalisation de l’opération, les activités de la BCDC seront éventuellement fusionnées avec celles de la filiale bancaire existante d’EGH en RDC, Equity Bank Congo S.A. (EBC). L’accord est soumis aux approbations réglementaires entre autres de la Banque Centrale du Kenya, de la Banque Centrale du Congo, de la Commission de la concurrence du COMESA et des conseils d’administration de la BCDC et d’EGH. L’accord précise qu’EGH versera une contrepartie en espèces de cent cinq millions de dollars US (105 millions USD) pour les 625.354 actions à acheter, y compris les dividendes déclarés après le 1er janvier 2019, soit un prix de dividende cumulé par action de 167,9 USD par action».
Au terme d’une opération amicale de vente-rachat, aucune partie prenante ne feint sa joie.
George Arthur Forrest se déclare «heureux de conclure cette transaction en sachant que son héritage est entre les mains de la banque qui se développe le plus rapidement en Afrique subsaharienne déjà présente en RDC». James Mwangi d’EGH PLC voit dans cette transaction une opportunité pour son groupe «de concrétiser sa vision de bâtir la première institution financière d’Afrique subsaharienne».
Gardera son enseigne «sans la changer» comme tient à l’affirmer haut et fort son président-directeur général mercredi 13 novembre devant ses invités et devant des journalistes ou, «les activités de la BCDC seront éventuellement fusionnées avec celles de la filiale bancaire existante d’EGH en RDC, Equity Bank Congo S.A. (EBC)» comme le fait entendre diplomatiquement plus tard, lundi 18 novembre, le communiqué officiel de Equity Group Holding PLC?

CE TRES CRAINT «MISTER FORTIS».
Les jours qui viennent diront de quel habit sera couvert l’immeuble en plaques de béton dressé en plein centre des affaires, en plein boulevard du 30-juin...
Qu’importe! Le très vertueux Yves Cuypers égrène la politique qu’il mène à la tête de la BCDC depuis près de dix ans qu’il a rejoint un pays et une ville dont il n’avait connaissance qu’en parcourant des pages d’une bande dessinée célèbre dans le monde Tintin au Congo - «trop coloniale», aux dires de certains - d’une série de son compatriote Hergé.
Cuypers venait alors de quitter le n° 1, Cantersteen, 1000 Bruxelles, cette Belgolaise qui a fermé ses portes le 31 décembre 2006 avant de disparaître une semaine plus tard, le 8 janvier 2007, radiée, des écrans radars du monde.
C’est deux ans plus tard en 2009 après cette faillite retentissante qui porte les patrons de la Cantersteen devant les tribunaux pour blanchiment d’argent et qui ne sauront plus jamais exercer dans le secteur, que George Arthur Forrest rachète, par ses connexions en bourse, les parts des actions BCDC détenues par BNP Paribas devenue Fortis Bank à travers Belgolaise portant son capital de 11,55% à 55,66%. Avant de recruter celui que ses collègues, au n° 1, Cantersteen, 1000 Bruxelles, avaient surnommé, «le très redoutable et très craint Monsieur Fortis Bank». Si l’année en cours marque les 110 ans de l’ex-BCZ, Cuypers explique que l’ex-Banque du Congo Belge, BCB, qui a changé plusieurs fois de nom (Banque Commerciale du Congo, Banque du Congo, Banque Commerciale Zaïroise) fait partie, depuis sa création, le 11 janvier 1909, du paysage bancaire congolais, et est, témoin de l’histoire économique du Congo.
Partenaire «le plus privilégié de nombreuses entreprises qui, au fil du temps, ont cru dans ce pays extraordinaire», le PDG explique que les objectifs prioritaires de sa banque pour l’exercice écoulé, étaient de quatre ordres : couverture des risques, présentation de sa liquidité, renforcement des fonds propres et, donc, de sa solvabilité et, last not least, réalisation d’un résultat net positif.
Il insiste sur «la transparence dans la communication (qui) est un culte annuel au sein de la BCDC, les clients devant avoir l’information la plus complète possible». L’homme au discours cassant insinue-t-il que ce culte n’est pas également partagé au sein du système bancaire congolais?
Transparence, transparence. Il vante une banque qui a obtenu de l’agence de notation financière internationale Moody’s le rating Caa2 sur les dépôts à long terme avec un horizon «stable», notation (de dignité d’une banque) reçue après «un examen approfondi de ses comptes audités ainsi que des perspectives d’avenir».
Puis... «Soucieuse d’assurer la diffusion d’une information la plus exhaustive possible, et conformément à la recommandation de Moody’s, la BCDC avait souhaité attendre, avant toute publication, que ses comptes audités au 30 juin 2019 soient disponibles».
Pour Cuypers, «il aurait été possible, en cas de mauvais résultats, que ces résultats impactent négativement la note attribuée le 3 juillet 2019»...
DEBORAH M. UBA.
JULIEN M. MAMPO.


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