Pour la première fois, le témoin clé du double assassinat face à la Cour
  • sam, 11/12/2021 - 20:04

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1541|VENDREDI 10 DÉCEMBRE 2021.

Il est le témoin clé du meurtre de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana le 1er juin 2010. Depuis dix ans, le commissaire supérieur adjoint Paul Mwilambwe vivait en exil à l'étranger. Il est de retour au pays. Un tournant dans le dossier Chebeya.
Poursuivi pour association de malfaiteurs et désertion, il comparaissait pour la première fois le 8 décembre comme renseignant devant la Haute cour militaire siégeant en chambre foraine à la prison Militaire de Ndolo.

Au lendemain de ce double assassinat, «toutes les caméras de surveillance ont été démontées», a déclaré celui qui était en charge de la sécurité des visiteurs de l’Inspection générale de la police nationale dirigée à l’époque des faits par le général John Numbi Tambo, alors inspecteur général de la police. Détenu dans un cachot de l’ANR, l'Agence nationale des renseignements sur Mwene Ditu, à la Gombe puis à un autre situé sur Nguma avant d'être ramené sur Mwene Ditu.

«L’ORDRE DE LES TUER VENAIT DE KABILA».
Mwilambwe vit dans la clandestinité pendant neuf mois chez des membres de famille. Puis, se rend le 14 juin à l’Inspection générale de la police où tout le monde l’accuse d’avoir trahi le pouvoir en place. Le même jour, il est transféré à l’Auditorat général où il est auditionné de 10 heures du matin au soir. Pendant l'audition, il reçoit un appel téléphonique de John Numbi. Mwilambwe relate le contenu de cette conversation.

«Le général Numbi me dit : «ne dis pas tout ce que tu as vu à l’Inspection générale de la police. Moi et le président (Kabila), allons te protéger. Nous allons te faire sortir du pays, mais il ne faut pas dire tout ce que tu as vu à l’Inspection générale de la police»».

Puis, un appel de Joseph Kabila. «Le président Kabila me dit comme John Numbi de ne pas dire la vérité à l’auditeur général. Il me dit que je serais évacué vers Lubumbashi». Après l'audition, il est ramené au cachot de l’ANR où il reste détenu. C’est ici qu’il apprend sa condamnation.

Exfiltré à Lubumbashi, il quitte le pays pour la Zambie, se rend ensuite en Tanzanie.
Mais suite aux relations entre le pouvoir de l’époque et la Tanzanie, il y vit sous un nom d’emprunt. Dès qu’il réunit les moyens, il quitte la Tanzanie pour le Sénégal aidé par des organisations des droits de l’homme.

Dans le lot des révélations, Mwilambwe déclare à la cour que l’ordre de tuer Chebeya et Bazana «venait de l’ancien président de la République Joseph Kabila par le biais du général Numbi».

Il dit que toutes ces informations lui ont été confiées par le général Christian Ngoy. «L’ordre est venu que toute personne qui accompagnerait Chebeya, même si c’était sa femme, doit subir le même sort. C’est la raison pour laquelle il m’a montré le corps sans vie de Chebeya en disant que l’ordre est venu de la hiérarchie.

Je lui ai posé la question : «quelle hiérarchie?» Il m’a cité le nom du général Numbi. Je lui dis : «qu’est-ce qui prouve?» Il dit le général avait reçu l’ordre du président de la République Joseph Kabila. C’est ce que Christian Ngoy m’avait dit», déclare-t-il sous les ovations d'une partie du public.

Le jour de la visite de Chebeya et Bazana à l’Inspection générale de la police, sur invitation du général John Numbi, le commissaire supérieur était de service. C’est lui qui avait reçu à la réception les deux activistes des droits de l’homme. «Je savais que Chebeya devait être reçu par le général John Numbi, et non, être tués», dit-il répondant à une question du ministère public.

Cet officier de police a toujours accusé le général Numbi, devenu inspecteur des FARDC qui a quitté le pays par le Katanga pour l'exil après avoir proféré des menaces et bombé le torse dans sa ferme Beijing à Lubumbashi, en présence de ses partisans.

Chef du protocole et de la sécurité des installations à l’Inspection générale de la police à l'époque, Paul Mwilambwe a cité, devant les juges, les noms de tous ceux qui étaient présents au moment de l’exécution de Chebeya et Bazana.
avec AGENCES.


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