Sur la piste de N’Djili, la grande dame Air France ne veut faire qu’une bouchée de SN Brussels
  • lun, 16/12/2019 - 00:27

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1476|LUNDI 16 DECEMBRE 2019.

Nul doute, la guerre est lancée. Elle sera ni longue, ni fratricide... Elle pourrait se solder très vite. Par un KO technique? Question sans réponse...
Entre Air France et SN Brussels, rien ne sera plus jamais comme avant. Suite certainement au réchauffement des relations entre Kinshasa et Paris à ce jour inconnu avec un échange de visites au niveau des Chefs d’Etat, la compagnie nationale aérienne française dessert, depuis le 25 novembre, et chaque jour que fait Dieu, l’aéroport de Kinshasa, N’Djili. Ex aequo avec SN Brussels. Sauf que les deux compagnies ne jouent pas dans la même catégorie...

DES AVIONS PLUS RECENTS ET MIEUX COTES.
Si, Air France dont la plate-forme de correspondance principale est l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle avec un deuxième hub à l’aéroport de Paris-Orly, fait partie du groupe privatisé Air France-KLM, rien de tel pour SN Brussels, propriété à 100 pc de la Lufthansa.
En 2009, la compagnie allemande avait annoncé avoir acquis 45 % de Brussels Airlines avant d’avaler entièrement en septembre 2016 la petite compagnie aérienne privée belge après son rachat total.
En clair, la Belgique qui a laissé mourir sa compagnie nationale Sabena, après l’aventure helvétique de Suissair, afin de n’être pas en porte à faux avec des sacro-saints principes de l’Union Européenne, n’a plus les moyens financiers nécessaires pour maintenir à flot une compagnie aérienne nationale.
Si, en 2018, Brussels Airlines basée à l’aéroport de Bruxelles Zaventem et annonce desservir plus de 120 destinations en Europe, Amérique du Nord, Afrique et Asie, de même qu’elle a transporté 10 millions de passagers, la compagnie est un petit nain à l’échelle européenne. Elle dispose de 48 avions dont 22 Airbus A319, 16 Airbus A320, 4 Airbus A330-200 et 6 Airbus A330-300 contre une armée française forte en juillet 2019 de 295 appareils.
Des Airbus du plus petit A318 au plus gros de tous, le A380 en passant par des A330, A340 et A350 mais aussi des Boeing 777 (70 au total), des Boeing 787, le fameux Dreamliner (9) outre des avions cargo.
Mais surtout, sur Kinshasa, si SN Brussels met des avions de vieille génération, rien de tel pour Air France qui fait voler des avions plus récents et mieux cotés.
En clair, désormais au Congo, entre ces deux transporteurs européens, il n’y a pas match au moment où le belge s’apprête à vendre son modeste immeuble sur le boulevard du 30 juin pour aller louer des bureaux dans un hôtel en construction dans le quartier de Socimat, dans l’extrême Gombe. Quel mal, pourrait-on objecter dès lors que Air France ne dispose pas non plus d’immeuble dans la capitale, que la principale agence de la compagnie aérienne française est logée au Pullman Grand Hôtel Kinshasa après avoir longtemps occupé deux pièces à l’hôtel Memling. Ceci dit, SN Brussels n’a pas seulement à faire face au groupe privatisé franco-hollandais Air France-KLM.
D’autres géants de transport aérien sont présents et lorgnent peu à peu un marché que SN Brussels, après Sabena, a longtemps été seul à exploiter. Turkish par exemple aligne plus de 300 avions (principalement des Airbus A340-300, des Boeing de 737 au Boeing 787-9 en passant par le Boeing 777-300).

CE MAL DE L’ACCOUTUMANCE CONGOLAISE.
Il y a aussi Ethiopian, Kenya Airway, Air Maroc, SAA, dont certaines comme Ethiopian, avec une flotte de 106 avions, dont des Airbus A350-900, des Boeing B737-700, des B767-300, des B777-30 jusqu’à près d’une trentaine de Dreamliner (B767-8 et B787-9, font pâlir d’envie des compagnies aériennes européennes.
En l’absence d’une compagnie aérienne congolaise (Congo Airways doit encore attendre des avions Airbus neufs annoncés le 13 décembre par le Président Tshisekedi dans son discours sur l’état de la Nation), certaines de ces compagnies ont, certains jours, deux liaisons quotidiennes sur Kinshasa. Le cas d’Ethiopian, de Kenya Airways voire de SouthAfrican. Dans ce cas, comment expliquer l’arrogance de SN Brussels qui pratique des tarifs hors prix (certes, en l’espèce, elle est légèrement en-deçà d’Air France) sur le trajet Kinshasa-Paris-Kinshasa? Une entente cordiale avec des dirigeants congolais... mafieux? Difficile quand on sait les ennuis belges au Congo-Zaïre depuis les années Mobutu.
A chaque crise, elle est la première à en payer le prix fort par la réduction de ses vols à deux voire à trois par semaine comme récemment?
La nonchalance de la clientèle zaïro-congolaise incapable de protester ou, finalement, l’accoutumance? L’accoutumance est peut-être le problème. Il est ainsi possible de voler par ASky (filiale d’Ethiopian?) en transitant par Dakar, Libreville, Lagos Abidjan et, de là, s’envoler vers les Etats-Unis ou vers l’Europe. Il est vrai qu’il y a plus de Congolais à se rendre à Bruxelles que dans toutes les autres capitales d’Europe.
Du coup, plutôt que de passer par Addis, Nairobi, Istanbul, Johannesbourg voire Paris tout proche pour avoir à prendre un TGV, perdre des heures pour rejoindre sa destination finale, on préfère filer droit à Zaventem... dans ce cas, à qui la victoire dans ce match SN-Lufthanse VS Air France-KLM?
D. DADEI.


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