Le fac similé américain
  • ven, 17/08/2012 - 17:06

Onze Congressmen disent toute leur réprobation de ce qui se passe au Kivu. Rien que du beau monde. Des signatures qui comptent. Des Démocrates mais aussi des Républicains... Et ils disent ce que personne à ce jour n’avait pu dire au président Kagame de la manière aussi claire. Tirant parti du lourd dossier onusien sur la fausse guerre du M.23 dans les Kivu, onze Congressmen tapent du point sur la table. Ils parlent de «profonde inquiétude», «de gains que le Rwanda a tirés en stabilité ces dix-huit dernières années et qui risquent de miner le voisin r-dcongolais en faisant reculer toute la région d’Afrique centrale». Nié par Kigali, écrivent-ils dans cette lettre en fac similé en page 2, le soutien du Rwanda aux rebelles du M.23 «est une évidence bien documentée», établie par plusieurs faits, soutenus par plusieurs sources onusiennes et par des témoins impartiaux.

LE SOFT INTERNATIONAL DATE LUNDI 13 AOUT 2012
L’appui rwandais aux rebelles du M.23 «doit cesser, ce soutien doit s’arrêter immédiatement». Et les Congressmen de brandir la menace de s’en référer à la Communauté internationale, aux Nations Unies et à la Banque Mondiale.
La bronca dont Le Soft International parlait il y a pu à propos des événements des Kivu ne cesse de poursuivre le Rwanda. Après les revers diplomatiques subis aux Nations Unies, auprès de Washington ou de Bruxelles, c’est une série noire sans précédent qui accable désormais le Rwanda avec la suspension des aides de la plupart de ses partenaires bilatéraux: Etats-Unis, Grande Bretagne, Allemagne, Pays-Bas, pays scandinaves membres du Conseil d’Administration de la Banque Africaine de développement, puis voilà la Suède à l’interne.
Tous ont clairement dit à Kigali qu’il y avait une limite à tout, y compris à la victimisation permanente utilisée comme fonds de commerce et prétexte à toutes les déstabilisations du fait du génocide anti-Tutsi de 1994.
La semaine dernière déjà, la cheffe de la diplomatie américaine en personne, Hillary Clinton, en tournée sur le Continent, a rappelé publiquement que Kigali devait stopper toute forme d’appui aux rebelles du M.23.
C’était sans précédent. Plus grave, à sa suite, comme pour marteler le message de Washington, Stephen Rapp, l’ambassadeur américain itinérant en charge des crimes de guerre a réaffirmé haut et fort, devant la presse r-dcongolaise, à Kinshasa, ce qu’il faut désormais considérer comme la position officielle des Etats-Unis d’Amérique, à savoir la cessation de tout soutien de Kigali à la rébellion du M.23.Plusieurs analystes admettent désormais que le régime de Paul Kagame n’a plus d’autre issue que d’opérer une courbe rentrante, quitte à espérer inclure dans le mandat de la force internationale neutre son arlésienne habituelle de la lutte contre toutes les forces négatives, particulièrement les FDLR.
Ce qui a déjà été fait par le récent sommet de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs. Il reste que le Rwanda n’avait plus de choix, au moins pour deux raisons essentielles. La première: l’administration américaine ne tolérera sans doute pas qu’au moment où Barack Obama va entrer en campagne, un foyer de tension supplémentaire s’allume, en plus sur le Continent africain dont l’un de ses parents est issu alors que le vote black est essentiel pour sa réélection. La deuxième, liée à la première, veut que, s’il est réélu, le Président américain, pour son dernier mandat, réembouche la trompette de la démocratie et de la bonne gouvernance en Afrique, celles-ci passant non pas par des hommes forts mais par des institutions fortes et légitimes.

CHAMP DE MANŒUVRE LIMITE.
Ce qui n’est assurément pas le cas du régime de Kigali. Ce dernier a senti d’autant plus le sol se dérober sous ses pieds avec la récente initiative de onze Congressmen américains qui lui ont adressé, en date du 5 août, une lettre qui ne laisse planer aucun doute quant à la volonté de l’establishment américain d’en finir, une fois pour toutes, avec l’instabilité récurrente dans l’Est de la R-dC. Rien que de grosses pointures. Signe, indiscutablement, qu’on n’en restera pas là et que l’avertissement vaut bien son pesant d’or.
Howard Berman est représentant de Los Angeles.
Il est surtout connu comme le démocrate le plus ancien siégeant à ce jour au Congrès américain.
John Walter Olver représente le Massachussets depuis 1991. Il est démocrate.
Jim McDermott est aussi membre du parti démocrate. Il siège au Congrès depuis 1989.
David Price, démocrate, siège au Congrès depuis 1997 pour le compte de la Caroline du Nord après une interruption de deux ans. Avant cela, il avait siégé de 1987 à 1995.
Earl Blumenauer représente l’Oregon depuis 1996. Démocrate.
David Adam Smith représente le 9ème arrondissement de Washington depuis 1997.
Brad Miller représente la Caroline du Nord au Congrès depuis 2003.
Karen Bass, démocrate, représente la Californie.
James Patrick McGovern représente le Massachussets depuis 1997. Démocrate.
John Carter représente le Texas depuis 2003. Membre du parti républicain.
Jared Polis Schutz représente le Colorado depuis 2009. Il est démocrate. Rien que du beau monde, en somme. Et des signatures qui comptent. Dans leur lettre au président Kagame, les Congressmen disent toute leur réprobation du soutien que le Rwanda apporte au M.23, qu’ils qualifient de mouvement terroriste.
Pour la toute première fois depuis nos crises récurrentes d’Afrique centrale, les Américains tapent du point sur la table. Ils parlent de «profonde inquiétude», de «gains que le Rwanda a tirés en stabilité ces dix-huit dernières années et qui risquent de déstabiliser la R-dC en faisant reculer toute la région d’Afrique centrale». Le soutien du Rwanda aux rebelles du M.23 «a été bien documenté». Il s’agit «d’une évidence» que nie Kigali, qui est établie par plusieurs faits soutenus par plusieurs sources onusiennes et des témoins impartiaux. Ces sources attestent que le Rwanda est en train de contribuer aux troubles qui ont lieu aux Kivu.
L’appui rwandais aux rebelles du M.23 doit cesser, ce soutien doit s’arrêter immédiatement. Et les Congressmen de brandir la menace de s’en référer à la Communauté internationale, aux Nations Unies et à la Banque Mondiale.
Puis de décliner ce qui apparaît comme un plan américain en quatre points:
1. La souveraineté de la R-dC doit être respectée et soutenue;
2. La sécurité légitime des groupes ethniques de l’Est doit être affirmée sans recourir aux armes;
3. Les liens économiques légitimes des Rwandais et d’autres pays à l’est de la R-dC doivent être protégés;
4. Les activités illégales et frauduleuses qui violent la loi de la R-dC et les accords internationaux doivent prendre fin.
5. Il est fortement urgent que le président Kagame engage un dialogue avec le Président Kabila.
Les onze Congressmen émettent des réserves sur l’opérationnalisation effective de la force internationale neutre.

BAPA BANGA

Une crise ouverte en Afrique tomberait mal pour Obama engagé en campagne pour sa réélection. DR.

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