Ce tout puissant ministre José Sele
  • mar, 11/02/2020 - 05:50

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1481|MARDI 11 FEVRIER 2020.

T. MATOTU.
Texte revu, corrigé, complété.
L’Enjeu.

Savons-nous que l’argent a peur du bruit et que les brillants financiers qui écument le monde sont les pires individus qui existent sur terre? Ignore-t-on que qui affecte le culte affiné des philosophies pour façonner une image cache des cadavres dans des placards?
Or, dans un parler à la vitesse de l’éclair digne de hauts espaces de la science qui a atteint toutes les strates de la population au pays comme à l’extérieur par ces temps de 3G, 4G, 5G, YouTube, WhatSapp, etc., synonyme d’instantanéité, ne portant l’œil sur aucune note écrite, les mots et les chiffres déclinés dans une logique de mitraillette, les yeux droits dans ceux du journaliste, l’argentier national congolais qui a, comme tout autre au monde, mission première de confidentialité, de la boucler en toutes circonstances pour préserver la confiance fragile des milieux d’affaires, d’attirer, de rassurer les investisseurs, a été celui qui, une semaine durant, a mis en péril la logique des Finances publiques et de l’économie en affrontant publiquement, épée à la main, tel un matador descendu dans l’arène de la corrida, le Directeur de Cabinet du Président de la République, l’agressant comme au tragique jeu de la tauromachie, le poursuivant dans ses derniers retranchements, décidé de lui porter l’estocade avec sa lame acérée pour sa mise à mort et, du coup, celle des Finances publiques, de l’Economie nationale, de… l’Etat !

UN EXECUTIF
N’A QU’UNE VOIX, UNE SEULE.

Qui a armé le ministre pour cette lugubre scène? Ce combat singulier entre l’homme et l’animal interdit dans nombre de pays hispaniques européens et sud-américains où il est né, remis en selle dans d’autres, comme «bien d’intérêt culturel», à l’issue duquel le taureau est percé mortellement, ne pourrait-il pas se transformer en course camarguaise, où le bœuf dressé, irait mettre le raseteur sous ses cornes? «Le Kantisme a les mains pures» sauf qu’«il n’a pas de mains. Et nous, nos mains calleuses, nos mains noueuses, nos mains pécheresses, nous avons quelquefois les mains pleines» (Péguy).
En poursuivant le collaborateur institutionnel direct du Président de la République devant tous les micros où il est passé, en lui apportant la contradiction publique, en l’exposant à l’opprobre et au mépris public, à quelle philosophie ce ministre racé obéit-il?
«Aux termes de l’art. 93 de la Constitution de la République, le ministre est le chef de son département. Il applique la politique du Gouvernement sous la conduite du Premier ministre. Non sous celle du Directeur de Cabinet du Président de la République».
Le ministre fait fort de rappeler des évidences. Sauf qu’il n’est que membre du Gouvernement.
En présentant des chiffres voire un tableau économique «effrayants» constatés à sa prise de fonction à la Gombe, au bureau du boulevard du 30 Juin, dans ce petit immeuble d’acier et de béton sans ambition érigé par Mobutu où un mythique 3P (Pierre Pay Pay... Wa Syakassighe) fit ses classes marquant son territoire - mais pourquoi ne rend-t-il pas public le rapport d’experts qui crédibiliserait ses déclarations ? («déficits structurels, précarité des ressources», etc.), a-t-il renforcé ou pilonné l’image des finances publiques et de l’économie du pays? Quel conseiller a poussé ce ministre pour descendre la culotte en public ? En déclarant haut et fort que malgré cette catastrophe financière proche de la banqueroute, que «tout est payé, aucun retard de paiement n’a été enregistré dans les dépenses contraignantes»; que «les dépenses contraignantes d’un point de vue du trésor public, ce sont les rémunérations, les frais de fonctionnement, les rétrocessions aux provinces, aux régies financières, etc., toutes sont payées, bien que, pour certaines, elles s’exécutent avec un léger décalage mais elles sont payées», n’est-ce pas apporter une autre voix dans un Exécutif qui ne pourrait avoir qu’une voix et parler d’une seule?
En clair, lorsque la première légitime ou pas a été donnée au public par un locuteur iconique, aucune autre n’est possible face au public sauf à foncer droit dans une crise majeure au sein du Gouvernement.
Un homme a dit : «La bonne monnaie est partie; elle a été remplacée par la mauvaise». Comment ne pas croire?
Un Exécutif est une équipe. Face à l’opinion, ses membres ne peuvent jouer en solo. Comment comprendre ce jeu d’individus, jeu de coulisses poussé à l’extrême dans un pays si fragile?
Un an après, nul ne saurait comprendre et mettre ces incohérences sur le dos de «simples soubresauts (...) inhérents à toute nouvelle expérience politique», comme l’a déclaré, le 13 décembre 2019, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, dans son discours sur l’état de la Nation, au Palais du Peuple, devant le Congrès.
«Un ministre ça se tait ou ça s’en va». La phrase d’un homme politique français de gauche Jean-Pierre Chevènement qui passe les temps. Plusieurs fois ministre dans les années 1980 et 1990, député, maire de Belfort, sénateur, tirant les conséquences logiques de sa contradiction, il a parlé et s’en est allé, recouvrant sa liberté de parole...
«Un militaire, c’est comme un ministre: ça ferme sa gueule ou ça s’en va», a surenchéri Alain Juppé, homme politique français de droite, ancien Premier ministre de Chirac. Il fut ministre des Affaires étrangères et de la Défense.
«Tous les militaires ont le droit de penser mais il y a des limites à ne pas dépasser. Si on laisse à chaque militaire la possibilité de critiquer le Gouvernement, il n’y a plus de Gouvernement».
Le contraire est vrai...
Comme les hommes servant sous le drapeau, les ministres sont astreints au devoir de réserve. Ils n’ont pas à exprimer leurs opinions philosophiques, religieuses ou politiques sauf autorisation préalable d’une hiérarchie habilitée.
Qui a donné quitus aux rappels à l’ordre doctrinaires et capacitaires d’un ministre adressés au DirCab du Chef de l’Etat, bien que guère une entité constitutionnelle?
«Tout ce qui concerne le fonctionnement de la Présidence est payé, y compris les frais de fonctionnement de tous les services de la Présidence, d’ailleurs, souvent en procédure d’urgence hormis les dépenses de prestige extravagantes»; «les projets du Programme des 100 jours du Président de la République sont exécutés à hauteur physique de 50% voire de 30% quand l’exécution financière est à hauteur de 70%»; «la Présidence de la République réclame des paiements alors qu’ils ont déjà été honorés par le FONER»; «les entreprises engagées dans les projets des 100 jours ont refusé de justifier l’utilisation physique des fonds reçus du Trésor public alors qu’il s’agit des prérogatives du ministre des Finances» (non de son collègue des Ponts et Chaussées, ITPR, Infrastructures, Travaux Publics, Reconstruction).
«Comment comprendre que des entreprises privées (ou étatiques) aient retourné à leurs études des fonctionnaires de l’Etat dûment en mission officielle du ministre des Finances pour contrôler le niveau d’exécution des travaux d’infrastructures et de voir si le niveau d’exécution physique correspond au niveau d’exécution financière?»

FAMILLE EN
OR, JET PRIVE, SELFIES.

Le ministre a raison. En revanche, a-t-il choisi le bon cadre pour se plaindre des possibles abus de pouvoir et des détournements des fonds publics alloués aux entreprises certes accusées dans le pays et à l’étranger d’être de connivence avec certains décideurs politiques, en premier, des membres du cabinet du Président de la République en tête le DirCab qui auraient conclu des contrats de gré à gré et négocié des opérations retour?
En présentant un tableau et des chiffres différents de ceux brandis peu avant au même micro par le DirCab du Président de la République, qui en réalité veut-il atteindre? Une nouvelle affaire des US$ 15 millions où des pétroliers sont mêlés et qui serait devant les tribunaux?
Kamerhe est-il en vie après cette vague de coups à laquelle il a été proprement soumis?
José Sele Yalaghuli a osé sortir le fer et lancé le duel avec Kamerhe Lwa Kanyiginyi Nkingi deux fois Candidat Président de la République, le meilleur élu Député national au Kivu mais aussi dans le pays.
Sele a osé publiquement défier un homme qui, «apparemment, il en connaît un peu plus», cogne dur encore Sele. Cette fois, le coup de grâce?
Ce Kamerhe que certains présentent, à tort ou à raison, comme Président de la République-Bis ou, à tout le moins, comme Vice-Président de la République Démocratique du Congo...
Ce Kamerhe qui non plus ne la boucle pas, prend tous les risques de protocole ; s’affiche avec épouse et enfants aux côtés du couple présidentiel sacral ; se met entre le Président et l’officier d’ordonnance comme pour mutualiser l’officier ; se déplace en jet privé d’où il poste des selfies d’une famille en or ; sait passer des messages... En dur.
«Vous n’êtes tout de même pas sans savoir que j’ai signé l’accord de Nairobi; que je suis le partenaire de Félix Tshisekedi; que je ne suis pas n’importe quel Directeur de Cabinet; que même le Premier ministre Bernardin Mungul Diaka, en acceptant le poste de Gouverneur de la ville de Kinshasa, a réclamé au Maréchal Mobutu le rang de ministre d’Etat», met-il au pilori le journaliste qui l’importune avec mille questions peu avant qu’il ne reçoive au même micro José Sele pour la riposte!
Quel sombre théâtre!
Qu’est-ce qui a pris ce ministre qui se présente lui-même face à d’anciens collègues du BCECO, le Bureau Central de Coordination des fonds de la Banque Mondiale trop fiers de sa fulgurante ascension, lors d’un bling-bling garden party en plein quartier select du centre ville, comme sorti de la plus Haute Ecole de Finances du... monde qui serait la London Business School, que des condisciples mettent en doute ? Quelle effronterie !
Puis, d’administrer une leçon des Finances publiques à Kamerhe qui, lui aussi, est économiste, sorti du campus de Kinshasa - non des moindres quoique peu couru à la suite d’un nivellement par le bas - et à qui pourrait lui contester la haute compétence dans la gestion financière...
«L’argent ne circule pas? Qui vous dit ça?»
Le journaliste qui ne mâche pas ses mots, coince, pousse à dévoiler la vérité pour monter en puissance son audimat, en mettant la pression au maximum, au top, cite en haute et intelligible voix l’auteur de ces propos incendiaires : Kamerhe.
Il a mis le feu aux poudres !
Selé s’était-il fait communiquer les questions au préalable dans un programme com’, donc rétribué ? Sinon, quelle en est la logique… professionnelle de ces allées et venues sur les médias et, à quel jeu médias et politiciens jouent-ils dans un contexte qui aurait dû être citoyen ?
Il semble qu’il existe un Département en charge de la Citoyenneté… Pris au piège, souffrant étrangement d’incontinence verbale, le ministre des Finances, en professionnel de la politique, aurait pu (dû) ne pas répondre à certaines questions et botter en touche. Jamais en l’espèce, personne n’est contraint à rien, surtout à répondre à toutes les questions de journaliste. Un mot, une phrase subliminale aurait suffi... Ce jour-là, il n’en sera pas question. Le ministre en donnant des leçons en vue de séduire le public, a choisi de s’enfoncer.
Il a coulé.
«J’ai toujours structuré l’Economie en trois pôles : la production, la distribution, la consommation. Aller voir si la production est en recul dans le pays; si la distribution est en recul; si la consommation, moins encore, est en recul. L’économie tourne sauf, bien entendu, pour certaines entités et certaines personnes qui dépendaient strictement de l’Etat».
Ça continue de cogner fort.
Objectif déclaré et assumé : administrer un KO debout à l’adversaire…
Massacre ! Arrêtez ce massacre, s’il vous plaît!
Succession de coups assénés par un homme brillant qu’un de ses prédécesseurs dans ce bâtiment froid, celui qu’il considère comme son mentor, à qui il voue un respect filial. Athanase Matenda Kyelu qui l’a recruté à haute vitesse pour en faire son conseiller de premier ordre en le retirant de force du fameux BCECO dirigé par un certain Augustin Matata Ponyo Mapon lui aussi plus tard ministre des Finances avant de diriger le Gouvernement de la République cinq ans durant. Quand Matata sort Matenda des Finances, il maintient Sele au cabinet mais en fait son chef de cabinet. Quand il traverse le 30 juin et niche au premier étage face au majestueux fleuve Congo où Lumumba fit un court séjour avant d’être détruit par des forces obscures, il emporte Sele mais le maintient au même poste de chef de cabinet plutôt que de lui confier un ministère.

LE MEILLEUR POUR LUI EST A VENIR.
Matata tout puissant - il a reçu tous les pouvoirs du Président de la République Joseph Kabila - a choisi de faire d’un collaborateur de son chef de cabinet, ministre délégué auprès du Premier ministre en charge des Finances. En clair, sans signature, le secteur des Finances étant rattachées à la Primature. Il s’agit de Patrice Kibol M’Vul, un professeur, aujourd’hui grand patron d’une banque de Développement, le Fonds de Promotion de l’Industrie.
Sele qui, de février 2007 à mai 2012 comme DirCab du ministre des Finances, monte tous les produits com’ de Matata, l’a mis sur le toit de l’Etat, apprécie peu.
Il se souvient de l’image belge des Mongo interdits d’accès, pendant la colonisation, à la fonction de caisse ou de ses accointances familiales avec un homme qui ne s’efface pas de la mémoire des Congolais, l’ex-chef rebelle, Jean-Pierre Bemba Gombo.
Or, Sele est Mongo ou Ngbaka, qu’importe! Il est du Sud-Ubangi, chef-lieu Gemena, le fief propre de Bemba Gombo où il est né un 24 août 1968.
Bien que détenu à la Cour Pénale Internationale de La Haye, Bemba est dans tous les esprits des Equatoriens.
Cet homme qui s’osa à Kinshasa, en pleine ville, arme à la main, avec l’armée des GR du fils du Mzee qui répliqua avec puissance en faisant bombarder la villa de Bemba qui, poltron d’ordinaire, prit la résolution de s’évader le lendemain sous bonne garde, après s’être blotti dans sa cave, une nuit durant, avec femme et enfants, avec des diplomates venus le voir et le dissuader de se mettre Kabila sur le dos, au lendemain d’une victoire électorale contestée de Joseph Kabila. Un Kabila trop puissant.
En décidant de partir en exil en Europe par le Portugal vers son fastueux palais avant de prendre le chemin de la banlieue bruxelloise de Rhodes-Saint-Genèse, Bemba a pris la pire décision.
Il s’est rendu à ceux qui l’observaient depuis longtemps et attendaient de le prendre, dossier des rébellions armées du nord du pays, en mains.
Depuis leurs bureaux, les chancelleries firent simplement encercler sa maison avant de lui passer les menottes devant femme et enfants.
Ce jour-là, son père Jeannot Bemba Saolona, l’attendait dans un huppé restaurant de la proche commune de Waterloo pour consoler et conseiller ce fils obstiné au lendemain de sa défaite électorale. Quand les policiers belges lui mettent les menottes et le jettent dans leur fourgon, le panier à salades, ils lui expliquent qu’eux, n’avaient rien à voir dans cette arrestation musclée; qu’ils travaillaient pour compte de tiers, la CPI ; que sa prochaine destination serait la Cour Pénale de La Haye…
Sele paie-t-il comptant et au prix fort, son appartenance tribale ou, son lien avec Bemba?
Maintes fois, agacé de son sort, il envisage de retourner d’où il est venu:
Cambrige, dans le Massachusetts, aux Etats-Unis où il a séjourné près de dix ans notamment pour des études à la John F. Kennedy School of Government et où il veut reprendre ses études.
Reste que pour Sele qui, près de 15 ans, a bâti dans l’ombre la réputation technique et scientifique de Matata au BCECO, aux Finances et à la tête d’un Exécutif qualifié de «surdoués», le meilleur est à venir.
En novembre 2016, au moment de prendre congé des affaires de l’Etat, quand la tête du Gouvernement à venir doit être confiée à un membre de l’opposition après un énième dialogue congolais, celui de la cité de l’UA, Matata fait montre d’une exceptionnelle bonté envers ce collaborateur Mongo, parent de l’ancien chef de guerre Bemba. Mais pourquoi le Premier ministre sortant a-t-il changé soudainement d’avis? Veut-il profiter de l’exceptionnel génie - mais lequel? - de son éternel DirCab qu’il a laissé à la poisse sauf pour des produits com’?

VOUS AVEZ
DIT «EXEMPLARITE»?

Sele reçoit mission expresse : assurer les arrières de son bienfaiteur, l’ancien Premier ministre qui vient de monter une entreprise de consulting et s’est offert un niveau dans le plus beau gratte-ciel de la Capitale, digne de Manhattan, au cœur du centre des affaires de la Capitale, boulevard du 30 Juin.
A cette condition et à cette condition seulement, il lui confie un poste de rêve, lui qui s’apprête à se lancer dans la politique active : la Direction Générale des Impôts où, des années durant, Sele va trôner, pesant en US$ millions plus que plusieurs ministres du Gouvernement.
Là, si ce financier de haut vol, a les mains propres, c’est qu’il n’a pas de mains... Là, précisément, à cette DGI, où, selon un texte anonyme sur Internet, Sele «a bâti un partenariat franc et dynamique avec les contribuables dans l’optique du rôle de l’Administration fiscale qui consiste à partager avec les contribuables, une lecture commune des textes qui fondent les différents impôts».
Il faut reconnaître que dans une vie passée au cabinet des Finances, Sele a été tout: membre du comité de mobilisations des recettes et des reformes dans le secteur des finances publiques; membre du comité d’administration de la Banque Africaine de Développement; membre du Comité d’administration de la Gécamines; président du Conseil d’administration du Bureau central de coordination (BCECO); point focal pour la RDC de l’Initiative PPTE/Pays pauvres très endettés lors de l’atteinte du Point d’Achèvement; etc.
Une plongée dans ses livres le laisserait indemne, exempt de toute poursuite? Pourquoi avoir pris un tel risque dans un monde où nul n’a les mains propres quand le Congo est, hélas! tout sauf un monde idéal?
Quand le ministre prêche publiquement l’exemplarité, est-il conscient de ce que cache dans ses placards, ce qui pourrait lui être reproché?
Qui ne sait cette parabole de la paille et de la poutre prononcée, selon l’Évangile, par Jésus-Christ à son sermon sur la montagne quand il met en garde ses disciples des dangers qu’ils couraient en jugeant les autres, leur disant qu’ils seraient eux aussi jugés selon la même norme? «Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil? Ou comment peux-tu dire à ton frère : Laisse-moi ôter une paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’œil de ton frère».

DOSSIER
DE US$ 10 MILLIONS.

Au fond, qu’en est-il de la gestion des comptes du Ministère des Finances et de ses différents services? Est-elle indemne? Que de bruits sur des exonérations distribuées pour faire entrer dans le pays, par divers postes frontières, des produits de commerce général (ciment gris, barres de fer, tôles galvanisées, camions bennes, niveleuses, chargeurs, buldozers, véhicules utilitaires essence, mazout, etc.) déversés plus tard sur le marché!
Au total, 1.000 vélos, 250 motos, 52 véhicules tout terrain, 6 buldozers, 10 camions bennes autant pour les niveleuses, 10.000 tonnes de barres de fer, 20.000 m3 de gasoil, 20.000 m3 d’essence, 20.000 tonnes de ciment gris, etc. Document signé par le ministre lui-même...
Pourquoi le ministre n’a-t-il pas cherché la réalité de ces importations proposées à l’exonération?
Pourquoi accepte-t-il le passage de ces importations par une province, l’Ituri, par un poste frontière Mahagi de notoriété publique trop poreux, là où quand il faut payer US$ 20.000 au Trésor, on s’en sort avec moins de US$ 2.000 et quand on sait que le but n’est pas d’acheminer ces produits vers une province, sa province, le Sud-Ubangi, à Gemena, qui n’en a aucune capacité d’absorption, vers le gouverneur de province et qui, finalement, seront écoulés entièrement en cours de route, en Ituri, au Haut-Uele, au Nord-Kivu, à la Tshopo, au Bas-Uele.?
Quelles poches ont pris les fonds provenant de cette vente? Peut-on en retracer le chemin? A supposer que ces importations soient parties à Gemena, au gouvernement de province, la province du Sud-Ubangi, une ETD, pourquoi aucune autre province n’a accès à ce privilège interdit par le même ministre?
Exemplarité? Pourquoi l’on serait face à une politique de deux poids, deux mesures? Qui finalement tire profit de ce génie du mal? Un dossier parmi mille qui a rapporté US$ 10 millions.
La DGDA (Douanes et Accises) sous tutelle du ministère des Finances, est citée. Le Directeur Général Déo Ruguiza saisi par un courrier du ministre, pousse son directeur en charge du service de la Réglementation et Facilitations, David Kalande Muyiya. Ce Ruguiza à la rigueur légendaire, que cadres et agents apprécient pour son professionnalisme, a-t-il enjoint son directeur en charge de la Réglementation et des Facilitations? Il se trouve que le directeur a précipitamment donné ordre.
De sa propre initiative? Nul ne peut, ne doit obéir à un ordre manifestement illégal. Le mot est de la Constitution de la République.
En apparence clair comme l’eau de roche et très professionnel, ce montage n’est-il pas digne des montages des génies intellectuels, les génies du mal de celui d’un Roberto Calvi à la base de la faillite de la banque Ambrosiano, de Mgr Marcinkus, le propre secrétaire particulier du pape Jean Paul II à la base de la faillite de la banque du Vatican, de la quatrième banque américaine Lemhan Brothers à New York, grosse victime de la crise des subprimes ou, last but not least, de Jérôme Kerviel, le trader français qui faillit faire disparaître de la surface terre la mythique Société Générale après que l’agent de change eût dissimulé des positions sur près de 50 milliards d’euros grâce à un montage élaboré de transactions fictives?
Tous ces agents financiers parlaient si vite qu’ils impressionnaient et complexaient ceux qui s’étaient placés face à eux.

IL S’ATTRIBUE
TOUS LES SUCCES D’EQUIPE.

Pourtant, ce ne furent que de vrais escrocs dont certains finiront leurs jours en prison...
Dans le déploiement de sa rhétorique, Sele n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. Il se vante d’être l’homme au cœur de multiples actions menées par le Gouvernement au risque de révéler des secrets d’Etat.
«C’est moi qui ai discuté personnellement avec le Premier ministre de...»; «c’est moi qui ai préparé la mission du Président de la République à Washington dont le résultat a été l’octroi par le FMI d’une aide de US$ 368 millions»; «c’est moi qui négocie avec la Banque Mondiale et en voie d’obtenir US$ un milliard orientés au secteur de l’Education ; c’est moi qui parle avec la Banque Mondiale, sur un autre US$ un milliard mais, cette fois, comme appui budgétaire pur; c’est moi qui vais obtenir un appui de US$ 500 millions de la Banque Africaine de Développement...» !
Attends, où sommes-nous?
Certes, ulcéré par l’incroyable capacité de travail de ses derniers Premiers ministres, Kabila a donné ordre à son DirCab Néhémie Wilanya Wilonja de présider des réunions de ministres sous les lustres du Palais de la Nation, siège de la Présidence de la République, et de lui faire rapport.
Réunions connues des seuls initiés. En l’espèce, nul n’a accusé personne d’avoir enfreint la loi.
Le Président va annoncer la révocation d’un Premier ministre dans un discours public sur l’état de la Nation, devant le Congrès et un public rempli, sans avoir ni requis, ni reçu la démission du candidat à la révocation. Sauf démission volontaire, charge qui relève de la seule Chambre basse du Parlement.
Fatshi a-t-il jamais désavoué VK ? Le Président de la République a, au contraire, lors de ses multiples prises de position publique, répété toute sa confiance à son DirCab. Comme à cette émission française France 24-Rfi quand le 29 juin 2019, à la veille du jour de commémoration de l’Indépendance, répondant à une question de Christophe Boisbouvier de Rfi (Monsieur le Président, faites-vous confiance à votre Directeur de Cabinet, M. Vital Kamerhe?), il a ces mots, sortis de la bouche et sans la moindre hésitation: «Tout à fait».
Tout comme récemment, le 19 janvier 2020, devant la diaspora à Londres. Si des coups de griffe en-deçà de la ceinture existent, seule la parole publique compte en politique.

DE QUELLE
ECORCE VK SE COUVRE?

Comment ne pas aimer celle d’un homme qui compte dans le sérail présidentiel : «J’entends tout. Je reçois tout. Je vois tout. Il m’arrive d’en faire part au Président de la République. Mais c’est lui, et nul autre, ne dispose de la décision. Je dis bien: Lui et nul autre…».
Un Grand Sage cet homme...
Voit-on Néhémie Wilanya Wilonja qui convoquait à son bureau officiel - et même privé ! - des ministres voire des Premiers ministres, Badibanga éphémère certes ou Tshibala Nzenzhe, qui fit miraculeusement des mois, se faire retoquer par un membre du Gouvernement qu’il faisait attendre des heures dans son antichambre du Palais de la Nation ou, mieux, dans le hall du Palais de la Nation, et se faire renvoyer à ses études aussi publiquement, mieux, sur des médias, un international et un local, et devant ses anciens camarades, les yeux hagards, sans que celui-ci ne voit la foudre tomber sur sa tête?
Si les journalistes de Rfi se sont amusés d’une telle hardiesse, l’image d’un ministre faisant remonter les bretelles au Directeur de Cabinet du Président de la République, un journaliste réagissant sur le coup, s‘étonne d’une telle assurance en posant la question attendue de ses auditeurs à celui qui se dit déterminé de conduire une mission de servir l’Etat congolais avec abnégation, consistant à consolider la restauration de l’orthodoxie dans la gestion des Finances publiques et de garantir le succès du Programme de référence avec le FMI conformément à la vision du Chef de l’Etat :
- «Pensez-vous qu’on va vous laisser mener jusqu’au bout votre mission? Pensez-vous, dans cette animosité ambiante affichée, arriver jusqu’au bout?»
Amusé - c’est la première fois qu’il se prend un coup humain - Sele rapplique :
- «Qui va me laisser mener jusqu’au bout... (Quoi ?) Quelle animosité?»
Avant de retrouver son élan, faisant montre de la même inouïe arrogance, enfonçant encore le clou sur ses détracteurs, en tête, celui connu de tous qu’il vise :
- «C’est une animosité autour des dépenses...».
Grave !
Et, pour une énième fois, Sele rappelle - afin que nul n’en ignore rien - l’article 93 bombe atomique de la Constitution de la République.
«Le ministre est le chef de son département; il applique la politique du Gouvernement, du Premier ministre, définie avec le Président de la République, non seule du Directeur de cabinet».
Kamerhe toujours en vie ? A moins qu’il se couvre d’une écorce d’éléphant que certaines dents même d’acier ne peuvent percer ! Sauf à passer par le bas qui neutraliserait même un…
Puis, l’ébouriffante annonce d’un aparté qu’il a eu avec le Président de la République à l’issue «du dernier Conseil des ministres».
C’est pour dire qu’il est en parfaite cohérence avec ses deux chefs hiérarchiques: le Premier ministre, le Président de la République. Et que cela suffisait pour le rassurer dans ses fonctions.

«SUIS BCECO
NE JAMAIS L’OUBLIER».

Il explique la politique qu’il mène depuis qu’il a pris les clés du ministère de la petite bâtisse en verre et en béton: viabilité, soutenabilité, externalités positives.
Un homme s’empresse à ouvrir son Littré, ne trouve rien. «Il nous a juste impressionnés. Ah! cet homme».
Objectif brillance néanmoins atteint…
L’homme aurait dû recourir, sans faire de pub, à un iPhone 11 Pro, puis à Google.
«Les ressources doivent être bien affectées. Et pour bien les affecter, il n’y a pas place à la magie. Il faut financer les investissements. Nous devons développer les externalités positives qui vont amener des investisseurs. Le peu de ressources que nous glanons sont à affecter aux projets de développement de la RDC. Pour y parvenir, il faut mobiliser plus de ressources internes, maintenir la discipline budgétaire pour mettre fin au cycle des déficits et contrôler l’endettement public dont le désordre légendaire constitue le point faible des Finances publiques congolaises (...)».
A qui au finish est destiné ce message subliminal? Le Gouvernement qui peine à trouver son marqueur?
A ses anciens collègues du Bureau central de coordination des fonds de la Banque mondiale, il adresse ces mots: «Vous pouvez compter sur mon accompagnement, mon engagement et surtout mon exemplarité en tant qu’ancien du BCECO pour que l’institution (BCECO, simple service de l’Etat, ndlr.) ne soit pas souillée par mes actions au niveau de l’Exécutif national».
Quel beau français! Mais, en même temps, quel mélange des genres? Sele a littéralement recalé le DirCab comme lui un as de l’art de la parole, un politique de haut vol.
Mais le ministre se prend un râteau en mêlant le Président dans un débat de caniveau, indigne d’un homme d’Etat. Sans peur d’aucun risque même collatéral.
Car c’est le même Président de la République qu’évoque le DirCab quand il se vante d’être «le gardien des prérogatives» du Président de la République, dit œuvrer chaque jour à veiller à ses engagements «Le Peuple d’abord»».
Déjà, de «petits» dossiers se mettent à tomber. Des dossiers sortis de placards sablonneux depuis peu revitalisés par les tribunaux… Dossiers sales de mœurs au moment où des cercles restreints évoquent un «état de troubles bipolaires», «des difficultés de concentration, d’orientation, de décision» dont certaines auraient une «origine lointaine».
«Cette manie de faire du tic au tac avec le Directeur de Cabinet du Président, amuse la commune de Kingasani et celle de Ngaba. Elle emballe la santé financière et la politique», explique un haut responsable à la Banque Centrale.
«Elle crée la surchauffe sur la monnaie, une effervescence à la base de la destruction des plate-formes installées pour les travaux de voirie publique prévus dans le Programme des 100 jours du Président», commente un homme à Washington à l’écoute des marchés.
C’est ce désordre qui est à la base de la désacralisation par les Kinois des viaducs - les fameux sauts-de-mouton - désormais moqués dans le monde sur les réseaux sociaux, par la 3G, la 4G, etc., et que, c’est évident, nul ne voit le Président de la République aller les inaugurer lors des cérémonies officielles.
Ces infrastructures iconiques introuvables en Afrique Centrale sauf à Luanda et que les Kinois, le pays, le monde attendaient de saluer le jour où le premier véhicule passerait par-dessus nos têtes et nos immeubles...
Dans ce gâchis où ça va, ça vient, comment espérer envoyer un message crédible à l’extérieur? Comment ne pas s’attendre à des campagnes qui freinent l’enthousiasme des puissants très pragmatiques?
Le 29 mars 2013, Xi Jinping a atterri à Brazzaville, la ville d’en face avant de décoller vers Kigali en survolant Kinshasa. Fin août 2018, deux Premières ministres des pays européens clé - l’une britannique Theresa May, l’autre allemande Angela Merkel avaient en même temps parcouru l’Afrique sans qu’aucune de s’arrête dans la «grande» Capitale congolaise. Voici que Mike Pompeo, le secrétaire d’Etat de Donald Trump dont le pays avait été le premier, hors Continent, auquel notre Président avait réservé sa première visite, qui, à son tour, atterrit à Luanda et redécolle pour Addis. En survolant Kinshasa... Redevenu petit rien, le Congo a encore un long chemin à parcourir avant de redevenir un pays respecté.
T. MATOTU.


Related Posts

About author

Portrait de T. MATOTU