Vacances écourtées pour nos élus
  • mer, 17/06/2015 - 06:19

Vacances écourtées pour les élus qui regagnent leurs strapontins en vue des engagements électoraux.

Ce fut leur tour mardi 16 juin à la mi-journée. Les près de 500 Députés (hormis ceux affiliés à l’opposition extrême, UNC & Alliés, UDPS, MLC) ont rencontré le Président de la République à la Cité de l’Union Africaine, sur les hauteurs de la Capitale. Dès le lendemain de la fin constitutionnelle de la session de mars, belle occasion pour les élus d’être face au Chef de l’Etat pour lui faire des commentaires des travaux démocratiques et de la marche d’une Institution au cœur du fonctionnement de l’Etat. Bref, ce qui a marché et ce qui n’a pas marché. Ce qui a marché très bien et ce qui a marché moins bien… Le retour de l’info, en quelque sorte! D’après des informations glanées dans la ville haute, le mercredi 17 juin pourrait être le tour de la Chambre haute. Si les membres de la Chambre basse ont été conduits auprès du Chef de l’Etat par leur président, l’Hon. Aubin Minaku Ndjalandjoku, il faut s’attendre qu’il en soit de même pour ceux de la Chambre haute. Le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo pourrait prendre la tête de l’expédition.

PAS DE GRANDES ANNONCES.
On ne devrait cependant pas s’attendre à ce que ces audiences publiques organisées par le Cabinet du Président de la République donnent lieu à de grandes annonces politiques de la part du Chef de l’état d’ordinaire peu porté à se confier dans ces cadres. Le Chef de l’Etat poursuit ses concertations entamées au Palais de la Nation - en contrebas de la Cité de l’UA - et qui visent à rencontrer et à écouter les représentants des forces vives du pays en vue d’envisager si «un dialogue est possible». Mais ceux qui l’avaient réclamé - et n’avaient pas pris part aux Concertations nationales de septembre-octobre 2013 - sont les grands absents de ces Concertations. Que veulent-ils? Le Président de la République ira-t-il malgré tout jusqu’à convoquer ce Dialogue que souhaite une majorité écrasante de Congolais? Sa décision ne serait pas encore prise...
Les Députés savent néanmoins que partis en vacances lundi 15 juin à la nuit tombée, celles-ci pourraient être écourtées. Raison majeure: le réexamen du projet de loi portant répartition des sièges par circonscription électorale aux Municipales et Locales déclaré non recevable samedi 13 juin par l’Assemblée Nationale et renvoyé au Gouvernement pour être réécrit. Les Députés ont reproché à ce texte plusieurs incohérences dans les chiffres. Des incohérences qui faussent, selon eux, la répartition des sièges dans les circonscriptions. Ce texte a été renvoyé samedi dernier, juste après sa défense par le Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, Evariste Boshab Mabudj. La plupart des députés ont crié à la fraude dans la répartition des sièges. Selon eux, plusieurs groupements et secteurs prévus dans le projet du gouvernement sont inexistants ou entachés des contentieux majeurs. Faisant allusion au recensement électoral de 2004 et l’actualisation qui en a été faite en 2011, ils ont déploré le manque de cohérence entre les chiffres contenus dans la loi et la réalité sur le terrain. Pour illustrer ce déséquilibre, ils citent le cas du territoire d’Oshwe dans le Bandundu, qui compte plus de 500.000 habitants mais qui n’a eu que 57.000 enrôlés suite à l’éloignement des centres d’enrôlement. Certaines chefferies de petite taille ont des chiffres gonflés par rapport à d’autres. «Comment vous pouvez comprendre que vous ayez des secteurs où vous n’avez pas des groupements et des groupements où vous n’avez pas de villages. Et par dessus tout, il y avait dans cette loi des groupements où il y avait zéro électeur à qui on avait attribué un sièges», a expliqué le Dép. (opp.) Delly Sessanga. Or, l’adoption par les deux Chambres de ce texte et sa promulgation au journal officiel par le Président de la République font partie des 23 contraintes édictées par la Centrale électorale nationale indépendante si le pays veut espérer tenir dans le délai constitutionnel son processus électoral. Déjà - il faut le dire - nul ne payait cher le calendrier électoral global publié le 12 février 2015 par le Vice-président de la CENI, André Mpungwe Songo. La situation risque de décrocher dangereusement si le pays doit laisser les Députés prendre trois mois de vacances pour ne revenir qu’en septembre prochain... Mardi 16 juin à la Cité de l’UA, le message est passé... A la cité de l’UA, ce fut en effet une belle occasion pour les Députés qui ont su poser des «problèmes de la Nation» au Président de la République. Après avoir placé le cadre de la rencontre, une heure chrono, le Président de la République a distribué la parole à qui voulait la prendre. Tel s’est soucié du sort des militants dits pro-démocratie, sollicitant leur élargissement et donc la clémence présidentielle. Un autre explique que chacun des Députés souhaite être chargé de «mener le dialogue avec sa base» - à l’instar des gouverneurs de province. Un ancien opposant extrême se lâche en expliquant qu’il appartenait toujours à l’opposition mais à «l’opposition citoyenne et qualitative et non quantitative». Une façon vraie de dire que le pays appartient plus aux personnalités politiques capables de mobiliser - des meneurs d’hommes - qu’à des regroupements dont la foule est incapable de s’identifier idéologiquement. On a compté bien d’autres opposants «extrêmes»: un Tshisekedi - lequel donc? Steve Mbikayi Mabuluki, Clément Kanku Bukasa wa Tshibwabwa, exclus de leurs groupes parlementaires depuis qu’ils ont cru devoir rencontrer le Chef de l’Etat au Palais de la Nation. Incroyable!
D. DADEI.


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