Une épouse forte, «Citoyenne congolaise» étrille l’ancien conseiller anti-Corruption Luzolo Bambi
  • ven, 14/08/2020 - 06:04

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1495|VENDREDI 14 AOUT 2020.

Aller à la pêche n’est pas une sinécure. Que de risques courus. Il y a poisson et poisson. Il semble que la truite soit le poisson le plus difficile à leurrer par le premier hameçon venu. Il faut écouter, prendre le temps de regarder, de soulever des pierres ; compter avec la météo voire aller plus haut, plus loin sur des petits cours d’eau plus discrets, loin de tout bruit... Il arrive aussi que le hameçon prenne du gros que le pêcheur seul ne saurait amener à la surface et qu’il abandonne la partie sauf à courir le risque d’être entraîné dans l’eau profonde où les risques d’une mauvaise rencontre avec plus fort sont plus élevés.

Un groupe d’inspecteurs judiciaires habitués à pêcher du poisson d’étangs depuis des années semblent s’être aventuré en allant en haute mer à la pêche du gros. L’époux de Mog - Dieudonné Aimé Lokadi Moga - a certes mordu à l’hameçon mais un troupeau de lions qui irait dans la jungle s’attaquer à un éléphant ne court-il pas le risque de se laisser happer, balancer en l’air, maltraiter et abîmer par les défenses d’un impressionnant éléphant qui a chargé ?

Voilà qui semble être arrivé lundi 3 août au groupe du ministre honoraire de la Justice Emmanuel-Janvier Luzolo Bambi Lessa, récemment Conseiller anti-corruption du Président de la République qui seraient, à en croire Mme Lokadi Mog, MM. Francis Lusakweno, Garry Mabongo Katembo et Boyau. Dans un courrier de 11 pages, daté du 10 août, une semaine après que son mari soit sorti du cachot nauséabond au pied d’une aile de l’immeuble qui abrite le Palais de la Jusitice, et adressé «à Monsieur le Président de la République Palais de la Nation, à Kinshasa/Gombe», l’épouse forte, SciencePo Paris-Dauphine, Enarque de Paris, cheffe de division à la Direction Générale des Impôts, inspectrice des Impôts, Coordonatrice de la cellule d’études fiscales, enseignante à l’Ecole Nationale des Impôts de Kinshasa, qui signe «Mme Lokadi Mog, Citoyenne congolaise», réclame une «réparation des préjudices causés à sa famille par le Parquet de la Présidence».

Elle demande l’intervention du Président de la République et son «implication personnelle» en sa «double qualité de magistrat suprême et d’institution Président de la République, afin de mettre fin aux agissements d’un groupe d’individus, bien connus, qui soutiennent travailler pour le compte du Président de la République et qui sont dans (les) murs» du Palais de la Nation. Dans un Etat de droit, comment écarter la légitimité d’une telle action?

Certes, dans un nouveau communiqué (n°03/PJP/2020) qui ne cite pas ce courrier de l’épouse forte mais qui fait clairement suite à celui-ci, daté du 12 août 2020, signé par Albert Kibwe Kasau, Directeur administratif et services généraux relevant du service de presse de la police judiciaire des parquets, il est écrit que «la Police Judiciaire des Parquets observe l’abattage médiatique de ces derniers jours au sujet des enquêtes qu’elle a amorcées depuis mi-juillet 2020» et «constate avec ahurissement que la mythomanie et la délation de la part des kleptocrates impénitents ont atteint des proportions inquiétantes». Puis : «Loin de se décourager, elle assure l’opinion tant nationale qu’internationale que les Inspecteurs Judiciaires, conformément aux pouvoirs leur reconnus par les textes légaux et réglementaires, sont résolument décidés à en découdre avec cette pègre qui écume nos Institutions. Elle ne se laissera jamais distraire par les simagrées de ces potentiels prévenus qui cachent mal la peur du lendemain».

LA POLICE EMPRUNTE AU VOCABULAIRE
ISLAMISTE LE MOT «MECREANT».

Dans un précédent communiqué de presse du 7 août 2020, le même Albert Kibwe Kasau écrivait : «La Police Judiciaire des Parquets a documenté plusieurs faits infractionnels et constitué cinq équipes d’Inspecteurs Judiciaires qui sont à pied-d’œuvre depuis trois semaines. Il se trouve que parmi les dossiers phares, il y a des cas où certaines entreprises et sociétés minières, pétrolières et de commerce général ont, d’une part, minoré leurs productions pour amenuiser leurs Impôts sur les bénéfices, et d’autre part, ont déclaré des pertes pour ne pas payer conséquemment les Impôts par rapport aux bénéfices et profits réalisés, alors que les investigations menées par les Inspecteurs Judiciaires, sur le plan international, étant entendu que celles-ci font partie des consortiums, démontrent qu’elles ont réalisé des gros bénéfices.

Curieusement, les enquêtes ont permis de découvrir que parmi les administrateurs et auditeurs internes de ces entreprises et sociétés, il y a des personnalités politiques congolaises qui occupent actuellement des très hautes fonctions dans les Institutions du pays et qui ont même touché des dividendes pour les exercices déclarés sans profits. En outre, la Police Judiciaire des Parquets a cerné certains procédés mis en place par les importateurs, exportateurs, commissionnaires en douane et contribuables avec la complicité des agents et cadres des régies financières, aux fins de priver l’Etat de ses ressources. La Police Judiciaire des Parquets travaille sereinement pour débusquer tous ces mécréants». Ce mot mécréant désigne une personne qui n’adhère pas à la religion qui serait la seule vraie, originellement la religion chrétienne. D’après Wikipédia, le terme issu du mot mescreant, lui-même formé à partir du verbe croire et du préfixe péjoratif més-, trouve un équivalent dans la religion islamique avec le terme kâfir.

Reste le problème : nombre d’officiels ne comprennent pas les descentes musclées d’un «service qui a cessé d’exister» en reconnaissant en matière fiscale la compétence de la seule Inspection Générale des Finances et de la Cour des comptes. Quelle communication du Gouvernement dans un contexte de crise dans la coalition au pouvoir FCC-CACH? Et si toutes les épouses congolaises réagissaient comme l’épouse forte, on pourrait se demander qui se risquerait d’aller à la pêche au gros. Le courrier de cette épouse débusque une « justice où on arrête d’abord, on publie dans les médias et ensuite on commence les enquêtes avant de constituer le dossier d’instruction «. L’intégralité de cette «lettre ouverte» d’une rare véhémence juste extraite de ses innombrables «Monsieur le Président de la République», signe d’une aigreur face à ce que son auteure qualifie de «Rebelles» «œuvrant au gré des vagues des potins mondains, flirtant avec la sacre Justice qui refuse l’influence politique pour garder son indépendance mais accepte d’être violée par des intrigants qui la tiennent par la bourse (...), n’osant intervenir, administrativement, de peur des représailles» et dont un membre du groupe «se promène avec des carnets de convocations dans sa poche». Ci-après.

«DES GROUPES OBSCURES OPERENT EN TOUTE IMPUNITE DANS UN ETAT DE DROIT (...)».
«A la suite de l’arrestation de mon époux, le Directeur Général des Impôts, M. Lokadi Moga Dieudonné-Aimé, je voudrais dénoncer, avec tout le respect que je dois à Votre Excellence, Votre Cabinet politique ainsi que les membres de votre structure de lutte contre la corruption, impliqués dans une vaste mafia de corruption sur fond de banditisme et d’escroquerie. Ma famille en a payé les frais ce lundi 3 août 2020. Mon époux a été arrêté par ce groupe qui opère entre Votre Cabinet et le Palais de Justice. Ces gens se terrent dans un local derrière le Palais de Justice, sous les marches de son esplanade. Ils sont identifiés au Parquet de la Gambe, comme étant « la bande de Luzolo Bambi » ou encore « les supers Inspecteurs».

Ils utiliseraient des éléments de la police jadis commis à la sécurité du Conseiller Luzolo Bambi pour procéder à des arrestations musclées, arbitraires et illégales. Tout le monde le sait et personne n’agit. Mon époux a été arrêté pendant deux jours sur la base d’une simple convocation émise par un de ces individus qui n’appartiennent à aucune structure du Parquet, encore moins de la Justice congolaise. Je voudrais comprendre comment une personne considérée comme « déserteur» par la nouvelle Inspection de police judiciaire peut interpeller un haut cadre de l’Administration en violation des procédures et, comment peut-elle tenir le Parquet Général de la Gombe tout entier en état : du Procureur Général à ses Substituts, en passant par les Avocats généraux ! Je voudrais comprendre pourquoi les matières administratives ne sont pas traitées par les Cours et tribunaux administratifs mais par des pseudo experts de l’inspection judiciaire qui les transforment, toujours, en infractions alors qu’il s’agit des remises en cause des actes administratifs?

Par ma lettre ouverte, je voudrais rompre cette Omertà des autorités judiciaires et de la sécurité intérieure qui acceptent qu’un groupe de gens opère autour du Palais de Justice au nom de la Président de la République sans les renvoyer au Palais de la Nation, Vos bureaux situés à deux minutes à pied du Palais de Justice. Je voudrais que l’opinion publique soit informée du danger qu’ils représentent. En effet, M. Garry se promène avec des carnets de convocations dans sa poche, il passe le clair de son temps dans Vos locaux. Il travaillerait sous les ordres directs de monsieur Francis Lusakweno, de la Présidence toujours. Pendant deux jours, le sort de Monsieur M. Lokadi était entre les mains d’une certaine bande composée de MM. Francis Lusakweno, Mabongo Katembo Garry et Boyau. Aucune autorité judiciaire n’a osé intervenir, administrativement, de peur des représailles nous a-t-on expliqué, officiellement, à moi et à mes Avocats.

Le mode opératoire habituel de ce groupe serait le suivant : ils montent des faux dossiers - arrêtent les personnalités ciblées - publient des fausses informations dans les médias en mettant en exergue des montants exorbitants supposés détournés pour manipuler l’opinion publique - ensuite, ils neutralisent les autorités judiciaires en prétendant que c’est un dossier du Président de la République lui-même. A la fin, ils réclament à leur victime le paiement d’une somme d’argent pour être relâchée. La marche vers un Etat de droit ne peut tolérer que des groupes obscures, opèrent en toute impunité, étalent les dossiers des contribuables dans la presse au mépris des conséquences sur le climat des affaires, diffusent des communiqués de presse dans les médias, fassent éruption dans les services de l’Etat, sans être inquiétés. Ces gens ont acquis un statut officiel de « Rebelles », œuvrant au gré des vagues des potins mondains, flirtant avec la sacre Justice qui refuse l’influence politique pour garder son indépendance mais accepte d’être violée par des intrigants qui la tiennent par la bourse.

En 2014, à la suite de la réforme de la Justice, l’Inspection Judiciaire des Parquets avait été supprimée et son personnel versé à la Police Judiciaire des Parquets dont l’organisation et fonctionnement sont fixés par Arrêté ministériel n° 016/CAB/ME/MIN/J&GS/ 2019 du 11 janvier 2019. La Police nationale, ayant été elle-même reformée, ce groupe d’inspecteurs qui travaillaient avec l’ancien Ministre de la Justice M. Luzolo BambiI, avait refusé d’intégrer la nouvelle structure. Le problème de la Justice est abyssal ! Une poignée d’individus, pas plus de cinq personnes, résiste encore au changement. Leur défection est constatée mais pas sanctionnée. Ces électrons libres se considèrent comme personnel de la Présidence de la République, rodent autour du Palais de Justice et entretiennent une confusion sur leur statut réel. C’est ce groupe qui actif dans les médias, son lieu naturel de travail, méprise sa hiérarchie naturelle. Son unique terrain de chasse : les Régies financières et les grandes entreprises.

Le rapport de l’Office de lutte Contre la Corruption dans les Établissements Publics, OCEP en sigle, attribue la palme d’or en matière de corruption à la Justice congolaise. La DGI occupe l’avant dernière place après la DGDA.
Comment expliquer alors que ces gens n’ont jamais diligenté une enquête tendant à améliorer l’image de la Justice ?
Comment n’ont-ils jamais mis fin aux jugements et arrêts qui bloquent les actions en recouvrement des Receveurs des Impôts, alors que le Ministre des Finances avait transmis à son collègue de la Justice Luzolo, en son temps, une liste des dossiers et jugements condamnant injustement le Trésor public ? Comment l’Etat congolais perd-il tous les procès avec les particuliers ?

Tous les contribuables savent que pour ne pas payer ses impôts, il faut chercher un magistrat. Pourquoi ces supers inspecteurs n’ont-ils jamais évalué le manque à gagner pour le Trésor public dont le montant est estimé à plus que ce qu’ils étalent sur la place publique et qu’ils attribuent, à tort, aux grands bonnets, la seule catégorie des agents de l’Etat qui les intéressent ? Pourquoi ces Inspecteurs judiciaires n’enquêtent-ils jamais sur des milliers de morts enregistrés à l’hôpital Maman Yemo parce que la famille n’a pas donné deux mille cinq cents (2 500) Francs congolais à l’infirmier pour enregistrer le malade ? Pourquoi n’enquêtent-ils pas également sur les relations entre les petits taxis jaunes et les agents de la police de circulation routière ? Pourquoi enfin n’enquêtent-ils pas sur les jeunes bandits communément appelés « kuluna » souvent libérés sans condamnation ? Ou encore enquêter sur les sommes collectées par les agents de l’Etat auprès des vendeuses qui étalent leurs produits sur les abords des routes. Dès le soir du lundi 03/08/2020, l’indignité de ce groupe obscur est allée jusqu’à vouloir m’extorquer des fonds dans un scénario digne d’un mauvais polar policier.

En effet, ce groupe m’a appelée au téléphone pour me demander d’aller dans la commune de Lemba, dans une boutique, pour y déposer toute somme d’argent que je pouvais avoir, sur un compte « Mpesa » qui me sera communiqué sur place et tout de suite mon époux sera libéré par le Procureur Général (PG) ! N’ayant pas réussi leur coup, le mardi 04/08/2020 M. Garry est sorti du bois pour réclamer « 10 Unités » c’est-à-dire 10 000 dollars en précisant la clé de répartition entre la Présidence et le Parquet. L’Etat me verse cent quatre-vingt-deux milles (192.000) Francs congolais de salaire par mois pour mobiliser six mille milliards de budget, qui servent entre autres à payer ce groupe pou m’arnaquer. C’est honteux et inadmissible ! Le mercredi 05/08/2020, le fameux Garry ayant épuisé toutes ses cartouches va sortir de sa gibecière les dossiers clos de M. Luzolo : une pile des documents sans suite logiquequ’il ne comprenait pas lui-même. C’est au cours de cette deuxième audition que le fameux Garry est revenu à la charge pour exiger ceci à mon époux « vous devez parler car la Présidence est convaincue que vous protégez le Ministre Yav et le Gouverneur de la Banque Centrale Mutombo ». D’autant plus vrai que le lendemain, dans les journaux on pouvait lire : M. Lokadi a parlé !
C’est totalement inadmissible !

Une expertise ne se décrète pas. Elle se forge au prix de formations et de pratiques qui construisent petit à petit l’expérience dont on peut se prévaloir. D’où ces inspecteurs tirent-t-ils l’expertise technique en matière de contrôle financier dévolue aux Inspecteurs des Finances et à la Cour des Comptes? Que savent-ils des contrôles fiscaux réservés aux seuls vérificateurs des impôts ? Certaines langues au Parquet parlent des dossiers montés de toutes pièces dans une officine privée avec la complicité de certains agents des Régies véreux. La crise économique et sociale est vraiment là et tous les moyens sont bons pour se payer sur la bête ! Nous attendons soutenir le fait que tout ceci découle des besoins désespérés, des déserteurs d’un service de l’Etat réformé, de prouver leur efficacité et de trouver au plus vite un coupable qui satisfait leur conception de justice. Cette démarche a entraîné une myopie au niveau du travail de Vos Services: défauts de perspectives, erreurs de méthode et procédures, mauvaises compréhensions des documents, interprétations biaisées des lois et règlements fiscaux. Alors que les vraies raisons sont ailleurs.

Je me borne à indiquer les faits que j’entends prouver. J’entends particulièrement prouver qu’une mauvaise orientation des enquêtes du Conseiller Luzolo Bambi a conditionné la qualité et la crédibilité de son travail. En effet, ses enquêteurs débauchés parmi les Inspecteurs judiciaires qui ont eu à travailler avec son Cabinet Ministériel ont transformé, par une sorte d’enchaînement, peut être inconscient, des soupçons en conjectures et des conjectures en preuves présumées. Mon objectif consiste à dévoiler ce mécanisme, à faire le chemin à rebours en pointant les passages hasardeux de l’équipe Luzolo, les déductions erronées, la flagrante injustice et les manipulations des enquêtes de ses collaborateurs.

Mon époux n’a rien à prouver à la Présidence de la République, c’est à la supposée bande de Luzolo plus précisément M. Lusakweno de prouver, qu’au-delà de tout doute raisonnable, la responsabilité personnelle d’un Directeur Général des Impôts, qui n’est plus en fonction, du fait des actes posés dans l’exercice de ses fonctions, il y a 4 ans, liés à ses attributions en rapport avec l’accomplissement de missions régaliennes de l’Etat, dévolues une administration fiscale sont sortis de leur cadre. Après coup, on ne doit pas se cacher derrière une Justice qui n’a pas initié l’interpellation de mon époux à moins qu’il n’existe une procédure de régularisation des abus des agents de la Présidence par le Parquet. Je plaide alors pour l’ouverture des guichets dans tous les Cours et tribunaux pour enregistrer les plaintes des usagerslésés par une justice partiale ou victime des actes d’extorsion de la part des agents de justice. C’est le début de la lutte contre la corruption. Par magie, nous sommes partis du dossier de 100.000.000 de dollars, difficile à soutenir, aux dossiers de dégrèvements extirpés des archives de M. Luzolo.

Le temps ne pardonne pas ! Nous sommes en 2020, la plupart de dossiers de M. Luzolo sont périmés, certains d’ailleurs datent de l’époque où mon mari n’était pas DG des Impôts, avant octobre 2010. D’autres dossiers ont fait l’objet des contrôles fiscaux, dans les délais fixés par loi et sont frappés de prescription. L’opinion publique se souviendra du rappel à l’ordre du Procureur Général de la République Kabange Numbi adressé à Luzolo Bambi, éminent professeur des procédures judiciaires à l’Université de Kinshasa, sur la nécessité de veiller au respect des procédures judiciaires et attributions des services de l’Etat, par sa structure et par lui-même. La fiscalité est une affaire des techniciens bien que son essence soit politique. Loi fiscale accorde des garanties et la sécurité aux contribuables. Cette loi, initiée par l’administration fiscale est bafouée avec la résurrection des dossiers sur lesquels le Procureur Général de la République s’est prononcé qui, par un coup de force, ont été instruits quand même par le Parquet Général puis classé faute d’éléments probants. Des dossiers pour la plupart frappés aujourd’hui (2020) de prescription fiscale et administrativement déclassifiés.

Ces actions médiatisées ne relèvent que de la tracasserie, pas d’un souci de mobiliser les recettes fiscales.
Pour rappel des faits : le DG Lokadi s’est présenté naturellement devant la juridiction compétente, accompagné d’un Inspecteur des impôts, comme il s’agissait d’un problème de service. Le Parquet lui a expliqué que le dossier n’est ni enregistré ni instruit chez eux mais que la personne qui a émis la convocation est bien connue des services. Au bureau de I’AGR, le prétendu inspecteur judiciaire Garry, invité, a soutenu que c’est un dossier qu’il a reçu directement de la Présidence de la République. Ces mots magiques ont désarmé I’AGR qui demandera à M. Lokadi de se mettre à la disposition du fameux inspecteur et de lui fournir les informations attendues par la Présidence de la République. Après avoir informé mon époux que son interpellation faisait suite aux nombreuses enquêtes menées par Votre Conseiller Bilomba, qui l’avait cité sur les antennes de Top Congo, lors d’un débat, M. Garry a demandé à mon mari de justifier l’utilisation des 100.000.000 de dollars prêtés à l’Etat congolais, que l’entreprise Mutanda Mining a versé en 2015 à la Banque Centrale.

C’était un emprunt contracté par le Gouvernement auprès/ d’une entreprise pour ses dépenses, en 2015. Un protocole d’accord avait été signé à l’occasion et qui explique, en français simple, que ces sommes seront traitées comme des avances au Trésor à valoir sur les impôts à venir au lieu d’un remboursement. En quoi la DGI est-elle concernée? En quoi M. Lokadi de surcroît est- il concerné ? Après l’audition de mon époux, M. Garry et son Chef, M. Boyau e sont rendus à la Présidence pour faire rapport à M. Lusakweno de la Cellule de lutte contre la corruption de qui ils dépendent depuis l’époque de Luzolo Bambi. M. Garry est revenu seul au Parquet pour expliquer ce qui suit: « La Présidence exige que M. Lokadi produise les quittances délivrées par la DGI à l’entreprise Mutanda Mining en 2015. Sans ces documents, il ne doit pas quitter les lieux». Pendant que la DGI informée s’attelait à préparer ces pièces, archivées par le Receveur des Impôts, mon époux sera conduit par M. Garry au poste de police du Parquet, au cachot des enfants, Amigo. Il est 16h00.

Ensuite ce monsieur s’est rendu dans plusieurs médias pour diffuser l’information selon laquelle M. Lokadi devrait répondre à la Justice au motif d’un détournement de 100.000.000 de dollars. Certains médias ont même cité cette source pour étayer leur version des faits. Qui va réparer les torts causés à ma famille ? Qui va expliquer à une opinion publique qui ne connaît pas les procédures fiscales et financières que c’est un mensonge cousu de fil blanc destiné à extorquer de l’argent à un ancien DG? Peut-on se permettre ainsi sans vergogne, pour citer l’ancien Président français, F. Mitterrand, au cours de son discours prononcé dans la Nièvre, suite aux obsèques l’ancien Premier Ministre Pierre Bérégovoy : « jeter l’honneur d’un homme aux chiens? ». L’arrestation par vos services (agissant au nom de la Présidence la République) de mon époux a été savamment organisée, pendant une période marquée par les nouvelles mises en place, sur fond de haine et de vengeance car le DG Lokadi a déjà eu à faire à ce groupe qui opère à la Présidence et rode toujours autour des régies financières. Il suffit de supprimer la prime des aviseurs pour constater l’arrêt des tracasseries dans les Régies.

En effet, ce gens se sont constitués en Aviseurs professionnels pour bénéficier des primes que la DGI octroie aux Aviseurs externes. En son temps, ce groupe avait arrêté illégalement le responsable du groupe MinoCongo au motif qu’il refusait d’honorer un avis de redressement émis par l’Inspection Générale des Finances. Il voulait ainsi le forcer à payer le montant redressé pour toucher une la prime, comme facilitateur. Alors que l’entreprise était en contentieux et la procédure d’arbitrage était engagée. Comme il s’agissait des questions de fiscalité, le Parquet a exigé à ce groupe la présentation d’un document de l’administration compétente, en l’occurrence la DGI. M. Luzolo Bambi n a saisi alors le DG des Impôts M. Lokadi pour obtenir plutôt une plainte contre le groupe MinoCongo, afin de justifier l’arrestation de cet opérateur économique. Le DG Lokadi a refusé de produire ce genre de document en violation des procédures fiscales. Il s’en est suivi des convocations, invitations et des menaces de la part de ces inspecteurs judiciaires de la présidence jusqu’à la publication dans les médias des prétendus détournements des deniers publics, corruptions et dégrèvements illégaux que le DG Lokadi aurait accordés.

C’est le fameux dossier de Luzolo, présenté comme pouvant rapporter beaucoup d’argent à l’État et qui aurait occasionné un coulage des recettes et qui remonte à la surface dans cet embrouillamini. Un dégrèvement n’est pas une infraction encore moins un acte criminel mais une garantie accordée légalement au contribuable qui conteste une imposition mise à sa charge. En outre, un dégrèvement n’est pas une recette comptabilisée dans le compte général du Trésor mais un acte pour rétablir un contribuable dans ses droits. Un DG des impôts n’accorde pas de dégrèvements, il ne gère pas. On publie des fausses informations avec des gros montants pour attiser la haine de la population déjà très pauvre. Il n’y a là aucune intention de maximiser les recettes de l’État. Il serait souhaitable de solliciter des Régies, des vraies stratégies de mobilisation des recettes à partir d’un schéma technique, pour chaque catégorie d’impôt, si le niveau des recettes intéresse réellement les services de Votre autorité. S’accrocher aux dossiers qui sortent des mallettes des accusateurs -chasseurs -des primes est une perte de temps inutile au regard du rapport de la Fédération des Entreprises du Congo, FEC, sur la situation des entreprises et le ralentissement de la consommation des ménages. Les effets de Covid-19 sur les recettes sont très graves pour se distraire avec des communiqués de presse des Inspecteurs judiciaires et des publications sur des prétendus détournements.

Voilà ce qui arrive à Lokadi Moga, un honnête citoyen, après plus de 30 ans de service dans l’administration publique congolaise, dont 6 ans et 10 mois comme Directeur Général des Impôts. Je vous informe que c’est le seul DG des Impôts qui a fait l’objet de 58 audits, Inspections, contrôles pendant son mandat. Toutes ces missions n’ont jamais trouvées une faille dans sa gestion d’une transparence incroyable comme l’a relevé un Député national, lors des travaux de préparation du Budget. Je suis fière d’être l’épouse de ce Monsieur là ! Les tracasseries dans les Régies financières se sont amplifiées après la publication sur le site de la présidence des informations faisant état de l’annulation de la décision du Premier Ministre Muzito d’interdire toute mission de contrôle dans les Régies, des services autres que ceux prévus par la Loi : l’Inspection des finances et la Cour de comptes. Toute information sur des prétendus détournements, corruptions devraient suivre la procédure judiciaire normale. Toute information sur le dossier d’un contribuable devrait être sollicitée à travers une réquisition du Parquet. Avec l’ouverture de cette boîte de pandore, la confidentialité du dossier du contribuable n’existe plus en RDC, il va s’en suivre des débats stériles entre fiscalistes et non fiscalistes.

Avec mes Avocats, je me suis battue contre un monstre à plusieurs têtes. En effet, pendant tout le temps que mon époux a passé au poste de police, aucune autorité judiciaire n’est intervenue. Toutes neutralisées ! Ces autorités, impuissantes, nous ont dit clairement et sans équivoque craindre pour leur carrière « on ne sait pas qui est derrière ces gens et à qui ils rendent compte à la Présidence mais, ils ont une forte capacité de nuisance ». C’est la justice qui me répond ainsi ! Tout en sachant que c’est cette même justice qui dans un Etat de droit est censée protéger mon époux et garantir la présomption d’innocence. Vous comprendrez aisément que l’arrestation de mon époux n’est qu’un acte de vengeance!
Dans les couloirs du Parquet, on parle de règlements des comptes en faisant croire au Président, que les Inspecteurs judiciaires sont efficaces et peuvent récupérer beaucoup d’argent. Mais combien de « Makuta » ont-ils déjà récupérés par le passé ?

La mobilisation des recettes fait-elle parti de leurs missions ? Ne sommes-nous pas en présence d’une extrapolation de la compréhension des textes fiscaux ? Les questions de fiscalité sont très techniques et la fraude fiscale très subtile. Quant à la corruption d’un agent du fisc, elle peut relativement se concevoir, dans une certaine mesure, dans la gestion des défaillances et non dans la gestion des recettes comptabilisées. Depuis la réforme de 2003, l’impôt est payé directement au Compte du Trésor logé à la Banque centrale. La vérification fiscale est très technique notamment celle de la comptabilité. D’ailleurs, elle n’est pas pratiquée par tous les agents des impôts. Elle est l’apanage d’une seule catégorie d’agents appelée : vérificateurs des Impôts, formés à cette fin.

Si on doit parler de coulage des recettes, c’est au robinet qu’il faille chercher, les dépenses, et non dans le tuyau qui remonte les recettes. La France a lancé une réforme des finances publiques basée sur des économies budgétaires à travers sa RGPP. La ROC, en cette période, peut booster ses recettes en faisant des économies. Les agents des Régies financières étaient mobilisés pour proposer des stratégies de maximisation des recettes pendant cette période de Covid-19 notamment mon époux. Le sursaut patriotique a laissé la place à une psychose. Tout le monde se sent en insécurité du fait que les services non compétents interprètent à leur manière la règlementation fiscale, les décisions et activités normales de gestion et d’administration des impôts. De quelle manière faut-il accomplir son travail de fonctionnaire si des personnes qui ne prennent pas la peine de se former aux finances publiques s’invitent aux débats sur la fiscalité parce qu’ils sont à la Présidence, dépendent de la Présidence ou des Parquets?

Je suis révoltée et profondément déçue. J’ai passé deux journées et deux nuits debout au Parquet à surveiller mon époux, guettant le moindre signe de malaise, appelant les médecins de partout pour obtenir des conseils sur les premiers gestes à poser en cas de/ problème. Peut-on imaginer l’angoisse d’une femme dont le mari sort d’une opération délicate et qui souffre des tassements des vertèbres, à force de rester assis au bureau, à chercher les recettes pour l’Etat. Est-ce là sa récompense pour avoir servi fidèlement l’Etat? Tard la nuit, quand les policiers me demandaient de sortir de l’enclos du Palais de Justice, dans sa voiture je retrouvais toujours sa farde contenant les stratégies innovantes de mobilisation des recettes TVA pendant cette période marquée par les conséquences de la pandémie à Covid-19 qu’il devait présenter à la nouvelle équipe de la DGI, qui a fait appel à son expertise.

Quelle est cette recette qu’un Inspecteur Judiciaire peut mobiliser ou récupérer en arrêtant M. Lokadi pour des dossiers mal compris qui datent de plus de 10 ans à l’époque où il n’était même pas encore DG ? Comment les quittances des sommes versées au Trésor pour l’exécution du budget 2015 peuvent-elles ramener 100 millions de dollars dans le budget 2020 ? Comment un dégrèvement issu d’un contentieux peut-il remplir les caisses du montant contesté ? Comment des dividendes distribuées peuvent-elles remplir la caisse de l’Etat? Il n’y a que l’Inspection Générale des Finances et la Cour de compte qui peuvent évoquer une faute dans la gestion et l’administration des impôts. Mon époux est un haut fonctionnaire de l’État, diplômé de l’Université de Kinshasa en économie, diplômé de l’Université Paris Dauphine en administration fiscale (DESS). Il a conduit plusieurs réformes fiscales qui ont rapporté beaucoup d’argent à l’État. Mon époux a fait carrière aux impôts, recruté sur cours en 1989. Il a notamment travaillé pour les administrations fiscales du monde réunies au sein du Centre de Recherche et d’Études des Administrations Fiscales (CREDAF). Mon époux n’a pas été nommé Directeur Général des Impôts parce qu’il est l’ami de l’ancien Premier Ministre Matata Ponyo, comme avancé par ces gens. Il était déjà directeur des Impôts quand son ami avait fait appel à ses compétences pour mettre en œuvre son pacte de doublement des recettes qui a été un vrai succès pendant une période similaire à celle que nous traversons.

Dans quel manuel de bonne gouvernance est-il interdit à un ami de faire appel à un autre ami, intelligent et techniquement, compétent pour l’appuyer dans son mandat ? Le Président Chirac au pouvoir n’a-t-il pas fait appel à son ami Jean-Louis Debré pour diriger le Conseil Constitutionnel ? Une réputation se construit et se gagne au prix des sacrifices et des privations. La tentation est toujours grande mais nous avons le choix. La décision de glisser ou de ne pas glisser la main nous appartient. Mon mari n’est pas un envieux , un cupide ou un « m’as-tu vu ». Mon mari est fils d’un banquier décédé trop tôt mais qui a eu le temps d’inculquer à son unique garçon des vraies valeurs de vie. Il est marié à la fille d’un Haut Cadre de l’Armée congolaise, Magistrat militaire retraité par Joseph Kabila avec honorariat et éméritat, la plus grande reconnaissance de la République, alors qu’il s’occupait de la discipline dans l’UDPS. Avocat respecté, descendant d’une famille des Chefs coutumiers, mon père n’a jamais été cité dans une affaire de détournement alors qu’il a eu la charge d’installer les tribunaux militaires sur toute l’étendue du territoire national ainsi que les prisons militaires. Instructeur dans l’armée, il a toujours veillé sur la discipline dans les rangs et les valeurs républicaines. Mon époux nage dans cette marre de valeurs.

Un détourneur ne laisse pas dans la caisse de la DGI, à son successeur, près de 7.000.000 de dollars comme fonds de secours, économisés pendant son mandat pour parer à tout imprévu. Un détourneur ne laisse pas les services attitrés de la DGI gérer les marchés publics qui ont abouti à la construction des grands bâtiments dans l’arrière-pays pour loger les services des Impôts et les villas des Directeurs provinciaux. Un détourneur n’exige pas à ses services de retenir l’impôt sur toutes leurs primes et de les reverser au Trésor pour prêcher par l’exemple. Un détourneur ne partage pas sa prime de fonction avec les anciens DG qui l’ont précédé comme argent de poche.

Un détourneur ne crée pas un fonds pour faire soigner ses agents à l’étranger. Un détourneur ne réveille pas son épouse à trois heures du matin pour lui parler d’une nouvelle stratégie qu’il envisage pour booster les recettes.
Je me battrais pour cet homme jusqu’à la dernière énergie pour que son honneur bafoué lui soit rendu. Dans ce sens, mon courrier est le seul moyen, en guise d’alternative dont je dispose, pour commencer cette entreprise de réhabilitation. Je tiens à préciser que le Procès-Verbal d’audition a commencé par : « Sur instruction du Président de la République, Chef de l’Etat, nous... Au lieu de : « Sur instruction du Procureur... ».

Ce qui a justifié ma démarche de trois jours auprès de Votre Conseiller Bilomba, cité par M. Garry comme responsable du dossier. Nous sommes en 2020, c’est votre Cabinet qui est concerné. Voilà pourquoi à cet effet, je l’ai contacté pour connaitre la procédure de saisine du Parquet de la Présidence quand j’ai remarqué que M. Garry avait commencé à constituer, en notre présence, le dossier Lokadi avec les éléments sollicités, après son arrestation ! Quelle est donc cette justice où on arrête d’abord, on publie dans les médias et ensuite on commence les enquêtes avant de constituer le dossier d’instruction ? Le train de vie de mon mari est le même, avant d’être Directeur Général des Impôts et après son mandat, malgré les hautes fonctions assumées grâce à son pays.

Il est resté un homme modeste et humble. Va-t-il détourner pour enterrer l’argent quelque part et mener la même vie? Il s’agit bien de 100 millions avec six 0 à la fin! Je demande seulement que cet harcèlement inutile s’arrête, que nous puissions, mon cher époux et moi-même, retrouver notre quiétude que nous n’aurions jamais due quitter si ces événements malheureux n’étaient pas survenus. S’il a commis une faute qui engage sa responsabilité personnelle qu’il soit traduit devant une juridiction compétente et non devant un parquet obscur qui se prétend de la Présidence.

La cause que je défends est juste et j’attends de vous des décisions, un soutien sans ambiguïté, plein et entier. Que le Dieu très haut et tout puissant ne vous cache jamais sa face. Que par son fils unique Jésus-Christ, qui a tout accompli sur la croix de Golgotha, se souvienne que solennellement et devant le monde entier vous lui avez confié ce que vous avez de plus cher : la Nation congolaise et Votre peuple ! Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, à l’expression de ma très haute considération.

Fait à Kinshasa, le 10 août 2020.
MME LOKADI MOG.
Citoyenne congolaise.


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