Le diocèse de Kikwit en perdition
  • ven, 24/02/2017 - 02:52

Mgr Timothée sonne l’alarme à Masimanimba.

Venu célébrer sa première messe dimanche 19 février dans la grande cité du territoire de Masimanimba dont il est originaire, Mgr Timothée Bodika Mansiyayi a été pathétique devant ses frères et sœurs fidèles chrétiens: le 1er décembre 2016 lors de la remise et reprise avec son prédécesseur Frédéric Mununu, il a trouvé les caisses du diocèse de Kikwit totalement vides. Puis un cri venu cœur: «Mes frères et sœurs, il ne sert à rien de vous cacher la vérité. En prenant possession le 1er décembre du Diocèse, j’ai trouvé les caisses vides. Et des créanciers aux portes qui viennent menacer de se pendre devant moi si je ne les désintéresse pas. Aidez-moi, aidez votre diocèse. Ce n’est pas nécessaire de me remettre l’argent en mains propres sauf si vous me le destinez à moi. J’ai ouvert un compte en banque. Le Diocèse dispose désormais d’un compte en banque. Si vous ne faites rien, ne soyez pas surpris d’apprendre qu’on m’a mis en prison; le diocèse ploie sous le poids des dettes».
Parmi les Chrétiens venus prier à l’église Saint Maurice de Fumumputu, le professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba - l’élu et le réélu de ce territoire, circonscription électorale - et sa délégation arrivés la veille de Kinshasa, à 4 heures de route. Une interpellation directe.
Le Conseil paroissial de Fumumputu - un quartier de la Cité de Masimanimba - voulait que le fils de la contrée - l’élu et le réélu de la circonscription - soit présent à ce culte religieux que l’autre fils de la contrée, Mgr Timothée Bodika Mansiyayi, venait célébrer en route pour Kinshasa à une réunion cruciale de la Conférence épiscopale du Congo.
Dimanche 4 décembre 2016, jamais depuis longtemps, la ville de Kikwit, à 90 minutes de la cité de Manimanimba, n’avait reçu autant de monde et n’avait enregistré autant de véhicules tout-terrain étincelants. Ce fut un évènement majeur - sinon L’événement catholique le plus important: la prise de fonction canonique du diocèse par Mgr Timothée Bodika Mansiyayi, désigné à ce poste par le pape François et qui devenait du coup le quatrième évêque du diocèse depuis sa création en 1959.

L’UNITE ET L’ESPERANCE.
A la vérité, il faudrait remonter bien loin, jusqu’à la dernière visite du Président de la République Joseph Kabila Kabange alors en pleine campagne électorale pour la Présidentielle de 2011 pour voir la grande ville de ce qui deviendra plus tard la province du Kwilu aussi noire de monde.
Ce dimanche, ils étaient tous là, dans la cour de la Cathédrale Saint François-Xavier de Kikwit. Certains se trouvaient déjà dans la ville deux jours auparavant.
D’autres étaient arrivés la veille. D’autres encore - la question de logement étant cruciale dans la deuxième ville du Kwilu - le jour même.
Il n’empêche! Tous étaient là pour la fête. En plus de trois cents - voire plus - d’hommes en soutane.
Le Cardinal Laurent Monsengwo en tête sinon au centre. Le Représentant du Saint siège dans notre pays, le Nonce apostolique, Mgr Louis-Mariano Montemayor aussi.
Des autorités nationales (trois membres du Gouvernement central, le Vice-premier ministre en charge du Travail Willy Makiashi, le ministre des Relations avec le Parlement Tryphon Kin-kiey Mulumba, le ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire Théophile Mbemba Fundu) et provinciales (le gouverneur de province ainsi que des ministres provinciaux), des élus nationaux - dont l’un d’eux, le Député élu de Bulungu Guy Mikulu représentait le président de l’Assemblée nationale empêché Aubin Minaku Ndjalandjoku et provinciaux.
En dépit d’une organisation chaotique - les problèmes du diocèse étaient déjà visibles - Mgr Timothée Bodika Mansiyayi fut investi au mieux qu’il pouvait par le Cardinal. Afin que nul ne conteste rien, la lecture en Français, en Kikongo et en Latin de la nomination de l’Evêque Timothée Bodika par le Saint-Père fut lue au tout début de la manifestation.
Puis vînt l’investiture par le Cardinal Monsengwo et la prise de fonction par l’acte de soumission (allégeance) posé par des dizaines de prêtres du Diocèse qui comprend trois territoires de la province du Kwilu (Bulungu, Gungu et Masimanimba) et deux de la province du Kwango (Feshi et Kahemba).
La veille, une caravane motorisée avait eu lieu à travers la ville sous les applaudissements frénétiques d’une population dont nul n’ignorait si elle saluait un départ - celui de Mgr Frédéric Mununu à l’incroyable longévité et qui laissait des casseroles puantes ou une arrivée - celle d’un nouvel Evêque Timothée Bodika Mansiyayi qui symbolisait par sa jeunesse un réel espoir.
Au cours de la caravane, les deux évêques - sortant et entrant - à bord d’un même véhicule, assis l’un à côté de l’autre, saluaient la masse rangée le long du parcours. Dans son homélie, le nouvel évêque a mis l’accent sur l’unité et l’espérance. «Je vais placer mon ministère épiscopale à Kikwit, sous le signe de l’unité et de l’espérance. Oui, l’espérance, c’est ma devise épiscopale. Je vais être serviteur de l’Evangile de l’Espérance, pour rassembler dans la même maison tous les enfants de Kikwit».

UNE MONTAGNE DE PROBLEMES.
Kinois - il est né dans la Capitale Kinshasa où vivent encore ses parents et n’avait quasiment jamais foulé le sol de ce pays Kwilu dont il parlait à peine la langue Kikongo - cet évêque a appelé les prêtres «à exceller dans la kinoisité, non dans la kinoiserie».
Venant en appui, le cardinal Monsengwo affirmait que la tâche qui attendait le nouvel évêque était immense mais qu’il ne devrait en aucune manière avoir peur de cela. Le Cardinal Monsengwo ne pensait pas si bien dire Dimanche 19 février dans une église Saint Maurice prise d’assaut pour cette première messe de l’évêque de la contrée concélébrée par une dizaine de prêtres et abbés dont certains venaient de Kikwit et de Gungu et au cours de laquelle a été créée une doyenné confiée à un jeune abbé Faustin Mukwanga de la paroisse de Fumumputu, Mgr Timothée Bodika Mansiyayi n’a voulu rien cacher.
«Mes frères et sœurs, il ne sert à rien de vous cacher la vérité. En prenant possession le 1er décembre du Diocèse, j’ai trouvé les caisses vides. Et des créanciers aux portes qui viennent menacer de se pendre devant moi si je ne les désintéresse pas. Aidez-moi, aidez votre diocèse. Ce n’est pas nécessaire de me remettre l’argent en mains propres sauf si vous me le destinez à moi. J’ai ouvert un compte en banque. Le Diocèse dispose désormais d’un compte en banque. Si vous ne faites rien, ne soyez pas surpris d’apprendre qu’on m’a mis en prison; le diocèse ploie sous le poids des dettes».
Arrivé la veille de Kinshasa prier à Saint Maurice de Fumumputu avec ses frères et sœurs, le professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba - l’élu et le réélu de ce territoire, circonscription électorale - reçoit cela comme une interpellation personnelle. Mgr Timothée Bodika Mansiyayi n’en a pas en effet raté l’occasion: il s’est adressé directement à l’élite du territoire pour faire état de cette montagne de problèmes qu’il a trouvés en arrivant à Kikwit.
Dans une conjoncture économique morose, le professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba pense à lancer une action en direction des élus de la province et des pouvoirs publics nationaux et provinciaux afin de venir en aide au nouvel évêque qui doit également faire à l’image négative de ses prêtres et abbés dans des paroisses. Nombre d’entre eux ont une morale douteuse et détruisent des couples.
D. DADEI.


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